Anniversaire
50 ans de remplacements d’agriculteurs et d’avancées sociales

La journée célébrant les 50 ans d’existence des services de remplacement de la Loire avait lieu samedi 18 novembre à Feurs. Elle a mis en évidence les mutations vécues par ces structures visant à suppléer les agriculteurs sur leur ferme pour diverses raisons.

50 ans de remplacements d’agriculteurs et d’avancées sociales
Véronique Murat, actuelle présidente du Service de remplacement Loire, a retracé l’histoire de cette structure. Elle avait à ses côtés d’anciens présidents et animateurs et en mains des courriers d’anciens responsables.

Environ 130 personnes - anciens et actuels administrateurs, adhérents et salariés - étaient réunis samedi 18 novembre à Feurs pour les 50 ans d’existence des services de remplacement de la Loire. Après le temps des retrouvailles et avant le déjeuner, Véronique Murat, présidente départementale, prenait la parole pour retracer l’histoire. « Les services de remplacement ont été créés pour améliorer les conditions de travail des agriculteurs. Cette mission est toujours d’actualité et c’est ce qui motive encore les responsables qui contribuent à leur bon fonctionnement. Nous allons tout faire pour que cela perdure. Un grand nombre de bénévoles se sont succédé au sein de cette structure capitale pour les agriculteurs. J’apprécie aujourd’hui l’investissement réel des administrateurs et des membres du bureau » soulignait l’agricultrice de Sauvain, qui a débuté son engagement dans le réseau en aidant à la trésorerie du service de remplacement de Boën-sur-Lignon.

La mise en place

C’est en 1973 que les premières réflexions sur la création des services de remplacement ont émergé dans les comités de développement. « Dans beaucoup de départements, ils ont été initiés par le syndicalisme jeune. La Loire a la particularité qu’ils aient été pris en main par les comités de développement. » 1974 est synonyme de la naissance des premiers services de remplacement dans la Loire sur plusieurs zones géographiques. D’autres ont suivi en 1975. La première assemblée générale départementale s’est tenue en 1976. L’année 1977 a été marquée par la mise en place du congé maternité pour les agricultrices, d’une durée de 28 jours. Les grilles de salaires ont été harmonisées en 1978 à l’échelle du département et le premier contrat groupe maladie-accident a été mis en place.

André Cadier, ancien salarié de la Chambre d’agriculture de la Loire et animateur des services de remplacement, prenait la parole pour expliquer la nécessité de chercher des partenariats financiers auprès de structures pour minimiser le coût d’utilisation du service de remplacement pour les agriculteurs. C’est dans ce cadre-là qu’est né le contrat groupe maladie-accident avec Groupama, permettant aux agriculteurs de bénéficier d’une aide lorsqu’ils sont en arrêt de travail. « Les responsables ligériens ont été pionniers dans ce domaine, ce qui a été bénéfique pour le département », complétait Véronique Murat.

Les derniers services de remplacement de la Loire ont été créés en 1979. « Même si chaque entité œuvrait de son côté, un gros travail a été conduit, en parallèle, à l’échelle nationale pour obtenir des avancées dans de nombreux domaines. Le congé maternité en fait partie. » Effectivement, en 1986, il est passé de 28 à 52 jours. En 1993, les services de remplacement ont pu accueillir des objecteurs de conscience, c’est-à-dire que les personnes ne voulant pas faire leur service militaire pouvaient y travailler. « Cette main d’œuvre permise par la loi était la bienvenue », assurait Véronique Murat. Celle-ci a lu un courrier adressé par Louis Basset, président à l’époque qui n’a pas pu être présent samedi dernier. Il retient de cette responsabilité « la bonne ambiance » et « le bon partage des responsabilités ». Véronique Murat confirmait que c’est toujours le cas actuellement. Elle laissait la parole à Hervé Burnot, père de Charles Burnot, qui a été président dans les années 1980 : « Mon père m’a rapporté que c’était un bel objectif d’œuvrer pour apporter du temps libre aux agriculteurs. »

L’année 1994 a vu le nombre de jours du contrat maladie-accident passer à 180. « Ce fût une vraie avancée pour les agriculteurs », assurait Véronique Murat. Cette durée est toujours en vigueur aujourd’hui. En 1999, les services de remplacement deviennent groupements d’employeurs à vocation de remplacement. En 2000, les mamans agricultrices ont bénéficié d’une nouvelle avancée avec le passage du congé maternité de 52 à 112 jours.

En route pour la départementalisation

Murielle Richaud-Reulier a été présidente de la structure à cette période. N’ayant pas pu être présente, elle aussi avait adressé un courrier à Véronique Murat. Ses propos relataient, entre autres, les réunions et « les prises de tête » au sujet de l’harmonisation de la facturation entre les services de remplacement du département. « C’était une période où nous souhaitions fidéliser les salariés. Les plannings étaient gérés sans ordinateurs ni téléphones portables », soulignait-elle.

En 2002, « la mise en place des 35 heures a été un bouleversement dans la manière de compter les heures », poursuivait Véronique Murat. La même année a été créé le congé paternité. En 2003, le motif de remplacement « mandat syndical » a été mis en place, favorisant la prise de responsabilités grâce à une aide financière. Trois ans plus tard voyait le jour le crédit d’impôt pour les vacances. Dans la continuité a été créé le forfait de remplacement pour trois ou cinq heures.

2009 a été une année charnière avec la départementalisation des services de remplacement : la Loire est passée d’une dizaine de services à deux, Loire Nord et Loire Sud, avec une gestion départementale (planning et fiches de paie). « Ce fût un sacré travail », assurait Véronique Murat, qui laissait le micro à Daniel Bayard, le président de l’époque. « C’était une étape obligatoire car les responsables des plannings n’arrivaient plus à se faire remplacer. Au début de la réflexion, il a fallu fournir un gros travail d’explications et organiser de nombreuses réunions. Nous avons pris le temps qu’il fallait. Finalement, tout s’est bien passé et tout fonctionne encore bien. » Et de poursuivre : « Nous sommes partis de zéro. Nous avons rencontré de nombreuses structures pour comprendre comment elles fonctionnaient afin de nous en inspirer. Nous avons embauché les premiers salariés administratifs. La période a été marquante mais chouette. L’engagement a été prenant, mais c’était agréable de rendre service aux agriculteurs. »

Le CQP (Certificat de qualification professionnelle) Agent de remplacement a été mis en place en 2013 dans l’objectif de former des salariés. « Le métier d’agent de remplacement est compliqué car il faut être adaptable et savoir maîtriser de nombreuses taches », relevait Véronique Murat. L’année 2014 a vu le lancement du logiciel Demeter, « permettant de sécuriser le système de gestion des fiches de paie ». Cette même année a été signée la convention avec le Sdis (Service départemental d'incendie et de secours) Loire visant à remplacer les pompiers suivant des formations. De nouveaux statuts ont été adoptés en 2016 pour une harmonisation nationale. Chacun des invités a eu une pensée pour Christophe Souchon, président du Service de remplacement Loire et décédé cette année-là. Véronique Murat lui a succédé.

Les salariés, de véritables piliers

L’année 2020 a connu une nouvelle avancée pour le congé maternité, qui est désormais pris en charge à 100 %. 2020 a aussi été synonyme d’apparition et de propagation du Covid. « Nous avons dû mettre en place des protocoles hallucinants pour protéger les agents », se souvient la présidente. En 2021 ont été instaurées une nouvelle convention collective et une nouvelle grille de salaires. La même année, un nouveau contrat groupe a été signé avec Groupama et le congé paternité est passé à 25 jours. En 2022, le crédit d’impôt a concerné le motif accident-maladie et les premières olympiades pour les agents de remplacement ont été lancées. « Et demain, les services de remplacement continueront à évoluer », notamment vers la digitalisation, qui est déjà en marche.

.Lucie Grolleau Frécon