Artisanat
Le quotidien à l’honneur des Journées européennes des métiers d’art 2023

Du 27 mars au 2 avril, l’Institut national des métiers d’art (Inma) organise les journées européennes des métiers d’art (Jema). L’occasion de faire découvrir les artisans et les savoir-faire locaux. Parmi eux, le ligérien Régis Gauthier et son métier passion : l’ébénisterie. 

Le quotidien à l’honneur des Journées européennes des métiers d’art 2023
Avec pour thème « Sublimer le quotidien », l’édition 2023 des Journées européennes des métiers d’art (Jema) aura lieu du 27 mars au 2 avril.

Du 27 mars au 2 avril, les Journées européennes des métiers d’art (Jema) reviennent pour l’édition 2023. Après avoir fêté leurs 20 bougies (10 à l’échelle européenne) l’an dernier sur le thème Nos mains à l’unisson, un nouvel énoncé sera mis à l’honneur : Sublimer le quotidien. L’évènement organisé par l’Inma (Institut national des métiers d’art) visera cette fois à illustrer l’importance des métiers d’art dans les foyers et la société française : « Au cœur des maisons, du patrimoine bâti, sur soi, les métiers d’art enchantent notre quotidien, ils sont partout autour de nous, à portée de main », présente la structure organisatrice via son site internet. 

Avant d’ajouter : « Leur accessibilité, leur richesse et leur esthétisme, à portée de mains de tous, doivent être valorisés et permettre au public de découvrir cet inestimable patrimoine. »

Rendez-vous phare du secteur des métiers d’art avec le public, les Jema ont pour objectif de promouvoir et de valoriser l’excellence de ces professions.  Elles se présentent sous forme de rencontres via des portes ouvertes d’ateliers et d’établissements de formation, des manifestations, des rendez-vous d’exceptions, des démonstrations de savoir-faire, des conférences, des visites à deux voix, etc.

Cet évènement annuel s’étend traditionnellement durant une semaine au Printemps, partout en France et dans une quinzaine de pays à travers l’Europe. Il s’adresse à des publics venant de tous horizons, toutes générations et aux profils multiples : amateurs, curieux, collectionneurs, etc. En 2022, pour le compte de sa 16e édition et après deux années suspendues (en raison de la crise sanitaire), près de 6 000 évènements ont été organisés en France, répartis dans 2 059 lieux, avec 5 327 professionnels mobilisés, dont 1 527 portes ouvertes d’ateliers.

Mettant en lumière à chaque édition une région française et un pays partenaire, la Nouvelle-Aquitaine et l’Espagne, « berceaux de savoir-faire ancestraux et foyers d’innovation importants », seront célébrées cette année, après la région Grand-Est et l’Allemagne il y a douze mois.

Dans la Loire

Si l’Hexagone se veut acteur de ces Journées, le département de la Loire ne fait pas exception à la règle. De nombreuses villes et villages se joignent à l’évènement, avec une multitude d’artisans qui font le choix d’ouvrir leurs portes au public : des céramistes (Saint-Héand, Saint-Jean-Saint-Maurice-sur-Loire), des bijoutiers fantaisistes (Estivareilles), des ébénistes (Epercieux-Saint-Paul), des férons (Pouilly-les-Feurs), des maroquiniers, des zingueurs (Saint-André-d’Apchon), etc. Par ailleurs, la Maison des Grenadières et des artisans du textile feront découvrir au public la broderie au fil d’or et le feutrage de la laine.

Président de la CMA (Chambre des métiers et de l’artisanat) Loire, Pascal Calamand présentait les Jema comme « une opportunité pour les jeunes en recherche d’orientation, de découvrir différents métiers et savoir-faire, mais aussi de comprendre le parcours et se former ». Il confiait que le nombre de métiers représentés lors de cette édition était important, signe de la diversité de l’artisanat dans le département comme en France. « Nous avons quatre branches principales dans l’artisanat aujourd’hui (alimentation, bâtiment, production et services) et à travers elles, on travaille entre la tradition et la modernité, mais aussi sur la matière, le geste de l’artisan et le fruit de l’expérience ».

Quant à la thématique de l’année, ”Sublimer le quotidien”, l’objectif est, pour le président de la CMA, « d’amener un peu plus de valorisation aux métiers et de ramener celui qui s’est peut-être trompé de voie un jour, dans une bonne orientation professionnelle »

S’adressant aux jeunes en recherche d’orientation, l’évènement s’adresse aussi et plus largement à tous ceux qui s’intéressent à ce milieu : « Il y a un tel vivier aujourd’hui dans les métiers de l’artisanat et notamment dans les métiers d’art que chacun peut y trouver son compte, entre des reconversions professionnelles, ou de la simple curiosité », terminait Pascal Calamand.

Pour plus d’informations sur cet évènement annuel (renseignements, historique et carte interactive), rendez-vous sur le site officiel de l’évènement.

Clara Serrano et Axel Poulain
"Chaque morceau de bois a son histoire"

"Chaque morceau de bois a son histoire"

Installé depuis 2016 à Épercieux-Saint-Paul, Régis Gauthier s’attèle chaque jour dans son atelier à des créations ou des rénovations. Véritable passionné, le gérant de Arbrissime ne manque pas de savoir-faire, de connaissances et d’expérience : « Aujourd’hui, je suis ébéniste. Mais je m’intéresse plus généralement au bois. Chaque arbre est différent, chacun a son histoire et c’est ce qui en fait la beauté. Ce sont parfois même les défauts que je recherche le plus dans un morceau de bois. » 

Après s’être pris de passion pour le tournage de bois à l’âge de 11 ans, l’homme s’est formé à l’ébénisterie. « Je suis ébéniste mais je m’intéresse plus généralement au bois, y compris celui destiné à être brûlé. » Partant de toutes sortes de bois, généralement venant tout droit de Gumières, où il se fournit déjà depuis de nombreuses années, il réalise des objets créatifs et décoratifs, des pendules de radiesthésie, des cabanes à oiseaux, des œufs, du mobilier, de la vaisselle, etc. 

Un bois local, dont l’homme connaît les particularités de chaque espèce : le cerisier, le poirier, le platane, le cèdre, etc. « Je n’aime pas voir un arbre couché. À chaque fois, je me dis que je ne peux pas le laisser dans cet état. Il est d’ailleurs inconcevable pour moi d’en brûler… J’ai même du mal à me chauffer l’hiver » confie-t-il en rigolant. 

Imaginer et façonner

Quotidiennement, il restaure des meubles… mais pas que. Pour le compte de deux entreprises, dont Tassinari et Chatel, il restaure des battants de métiers à tisser. Des objets « atypiques qui ont une histoire et sont abimés par le temps » explique-t-il. Il a également travaillé pour de grands noms de la couture tels que Hermès. Il précise d’ailleurs que « ce sont généralement des réalisations très techniques, qui prennent du temps car il faut faire beaucoup d’essais et d’ajustements ». Pour magnifier ses créations, Régis utilise parfois des cires d’abeille ou différentes huiles et essences qui donnent au bois de très belles teintes. 

Pour ses créations, Régis Gauthier aime « laisser parler le bois ». Il explique que, souvent, « ce sont les morceaux qui lui inspirent l’objet qu’ils vont devenir, la forme qu’il vont prendre ».  Plutôt que d’adapter sa ressource à son imagination, l’ébéniste crée à partir de ce que racontent les courbes, couleurs, défauts de chaque arbre. Il ajoute : « J’ai toujours le dilemme de me dire “ quoi faire avec ce morceau ? ” » 

Le plaisir du partage

Cette année et pour la première fois, Régis Gauthier participe aux journées européennes des métiers d’art au sein de son atelier. Les années précédentes, l’homme préférait exposer son travail à la Batie d’Urfé, collectivement avec l’association Artimuse, dont il est membre. Pour l’occasion, il accueillera également le photographe Hervé Clavreul et Roselyne Robin, chapelière. Un événement ouvert à tous, de 10 à 18 heures les 1er et 2 avril prochains. 

Il participera également dans les prochaines semaines à la Fête du saule et de la biodiversité, qui se tiendra le 26 mars prochain à l’Écopôle du Forez, à Chambéon. Il y proposera, en marge de son stand, un atelier de montage de nichoirs « boite aux lettres ». L’idée sera pour les visiteurs soit de repartir avec un kit, soit de le monter sur place, avec l’aide du professionnel. Pour chaque événement auquel il participe, Régis Gauthier aime d’ailleurs proposer de nouvelles créations, idées ou activités pour partager son amour du bois. Il confie : « J’aime à chaque fois amener quelque chose auquel les gens ne s’attendent pas. » 

Sur rendez-vous, l’ébéniste propose des ateliers d’initiation au tournage. Une technique simple en apparence qui nécessite pourtant un réel savoir-faire. « Le tournage est une pratique double qui nécessite d’être apaisé mais qui permet aussi de le devenir » ajoute-t-il. Sa boutique, elle, est ouverte tous les mercredis de 14 à 18 heures et tous les jours, sur rendez-vous.