Gaec de la Sapine
D’une exploitation bovine à un Gaec mixte

C’est à Saint-Germain-Laval que les deux jeunes associés, Nicolas Marcel et Baptiste Deveaux, gèrent le Gaec de la Sapine. Une exploitation agricole traditionnellement bovine qui s’est étendue depuis quelques années aux volailles. Tour d’horizon.

D’une exploitation bovine à un Gaec mixte
Les deux associés, Nicolas Marcel et Baptiste Deveaux, gèrent le Gaec de la Sapine. Beaux-frères, ils ont développé la volaille dans leur exploitation initialement bovine.

Âgés respectivement de 31 et 26 ans, Baptiste Deveaux et Nicolas Marcel sont associés au sein du Gaec de la Sapine, basé au lieu-dit éponyme, à Saint-Germain-Laval. Si d’origine, l’exploitation, individuelle, appartenait au père de Nicolas, ce dernier lui a alors succédé en 2016, fondant ainsi le Gaec de la Sapine. Son beau-frère, Baptiste Deveaux, est devenu quelques années plus tard, en 2020, son associé. « Le Gaec est très récent, il date du 1er mai 2016, mais c’était déjà une exploitation familiale. Avec Baptiste, l’association s’est faite tout naturellement en 2020. »

Jusqu’en 2016, l’exploitation s’étendait sur 90 hectares et comprenait 80 vaches allaitantes, de race Charolaise. Le père de Nicolas, « qui avait eu un poulailler une trentaine d’années auparavant », lui avait donné le goût de la volaille. Nicolas a alors souhaité tenter l’expérience en diversifiant l’exploitation. Le Gaec s’étend désormais sur 140 hectares, avec près de 110 vaches charolaises. « Les volailles ont finalement bien complété la production bovine », expliquait l’associé fondateur.

La gestion des poulets et pintades

En volaille, en plus des quatre bâtiments Label rouge, le Gaec compte depuis peu un cinquième bâtiment, cette fois avec du poulet claustré. « Nous avons racheté une ferme à Bussy-Albieux, dans laquelle nous avons réalisé des travaux pour la remettre en route et la rendre fonctionnelle, en grande partie parce qu’il y avait des facilités d’irrigation. » Dans ce dernier, n’ayant pas à suivre le cahier des charges du label, les associés ont droit à « un peu plus de chargement au mètre carré. »

A l’année, les deux associés gèrent 73 000 volailles, poulets et pintades confondus. « Nous faisons trois bandes par an », détaillait Baptiste. Avant d’ajouter : « Au total, on a environ 5 200 pintades par bâtiment et 4 400 poulets. » Avec une durée d’élevage de 84 jours pour les poulets et de 94 jours pour les pintades, selon le cahier des charges label, les associés doivent respecter un vide sanitaire de minimum 15 jours entre chaque bande pour désinfecter et préparer la mise en place du lot suivant.

Chauffés au gaz, chaque poulailler est d’environ 400 m2. Quant aux parcours extérieurs, ils s’étendent sur 8 800 m2 pour les poulets et sur 1,1 ha pour les pintades, ceci en respectant a minima un espace de 2 mètres carré par volaille. « Nous avons 11 poulets au mètre carré dans le bâtiment et 13 pintades au mètre carré », précisait Nicolas. En matière d’automatisation, les deux associés disposent, pour faciliter leur quotidien, d’un « petit ordinateur qui gère le bâtiment », notamment la température, l’ouverture et la fermeture des volets, le rationnement, les lumières, etc.

Pour préparer l'arrivée des poussins, lesquels viennent de couvoirs « de toute la France, majoritairement du Sud-ouest », les deux associés ont du travail en amont : nettoyage et désinfection, paillage du bâtiment, remplissage des chaines d’alimentation, dépôt de l’aliment sur du papier, préchauffage du bâtiment, etc.

Le jour de la livraison, les poussins sont déposés sur ces papiers, « ce qui leur permet d’avoir nourriture et eau tout de suite à portée de bec ». Les premiers jours - surtout les deux premiers - les associés procèdent à une surveillance régulière, toutes les deux heures, afin de contrôler leur consommation. « Il y a beaucoup de choses qui se jouent dès les premières heures. Le taux de mortalité sur un bâtiment est d’environ 2 % en fin de lot, mais les poulets démarrent relativement bien en général », évoquait Nicolas.  A partir de 28 jours, les poussins changent d’aliment, passant d’un aliment « démarrage » (combler les carences, miettes plus petites), à un « croissance » et ce, jusqu’au 60e jour. Enfin, du 60e au 84e jour, leur alimentation change à nouveau pour passer à un aliment dit « de finition » (alimentation plus grosse et plus riche). « En Label rouge, notre alimentation est composée à 80-85 % de céréales. », ajoutait Baptiste.

Dans leur exploitation, Nicolas et Baptiste sèment leurs cultures en fonction de leur stock de l’année passée, ceci pour être autonomes. « On a environ 140 hectares, à savoir 20 hectares de céréales, 10 hectares de maïs irrigué et 110 hectares de prairies temporaires et permanentes. » Si pour les volailles, la structure Atrial livre l’alimentation à 100 % (puisqu’aucun aliment leur étant destiné n’est produit sur la ferme), les céréales de l’exploitation sont broyées pour les bovins, pour lesquels ils sont parfaitement autonomes. « On ne se rend pas compte de la superficie qu’il faudrait pour cinq bâtiments, sûrement environ 200 hectares pour les poulets », précisait d’ailleurs Baptiste.

Vient la question de la répartition des tâches, où au final, « il n'y a pas de journée-type », mais plutôt des tâches à faire qui évoluent en fonction de la saison », comme le confient les deux associés. Si chacun d'eux s’occupe de deux poulaillers sur le siège de l’exploitation, pour le poulailler de Bussy, « l’un y va le matin, l’autre le soir », s'amusent-ils. Quant à la comptabilité, les deux s'en occupent ensemble

L’apport de Vert Forez et aides financières

Le choix de la production de poulets et de pintades a été en grande partie motivé à la suite d’appels de Nicolas auprès de plusieurs Organismes de défense et de gestion (ODG). Les membres du Gaec ont fait le choix de travailler avec Vert Forez, qui a été conforté par les échos du père de Nicolas, lequel « avait déjà travaillé avec cette coopérative et en avait été pleinement satisfait », selon les dires du fils.

Vert Forez déploie « un technicien, facilement joignable, qui planifie avec l’abattoir toutes les mises en place, qui programme tout le suivi du lot », expliquait Batiste. La coopérative s’occupe de commander les poussins au couvoir. Elle propose aussi une avance de trésorerie et le coût de l’aliment est déduit de la vente du lot de poulets. 

Travaillant depuis 2017 avec l’abattoir Valeyre, situé à Saint-Martin d’Estreaux pour la commercialisation de leurs volailles, les deux associés sont, là encore, ravis de ce partenariat. « Dès que nos poulets sont labellisables, l’abattoir nous appelle et vient chercher poulets ou pintades, souvent en demi-bâtiments », décrit Baptiste. Avant d’ajouter : quant au suivi du cahier des charges, « nous sommes contrôlés par le cabinet Veritas, qui vérifie chaque lot. »

Pour la construction et la gestion des poulaillers, les deux associés ont été aidés financièrement à hauteur de 30 % de la part du Département et de l’Europe (PCAE) via un dossier de subvention, de Vert Forez, de Valeyre ou encore d’Atrial.

Grippe aviaire et autres difficultés

Même si Baptiste et Nicolas estiment qu’ils n’ont « pas tant été embêtés que cela par la grippe aviaire », les deux associés ont dû toutefois élever plusieurs lots sans que les poulets ne puissent accéder au parcours extérieur. En revanche, volailles beaucoup plus sauvages, les pintades supportent plus difficilement le confinement total. Les associés ont alors demandé une dérogation pour avoir tout de même accès à un parcours réduit. Elle a été accordée sur 2 000 m2, au lieu du 1,1 hectare habituel.

Si la grippe aviaire ne les a pas impactés outre mesure, les associés subissent en revanche de plein fouet le surcoût des aliments et la hausse des énergies (gaz, électricité). Mais ils relativisent : « Nous avons de la chance que Vert Forez et Atrial arrivent à négocier avec Valeyre le prix d’achat des poulets », explique Nicolas.

Au final, les deux associés ne regrettent pas d’avoir développé une seconde activité, en complément des bovins. Bien au contraire, ils sont convaincus d’avoir « fait le bon choix et d’avoir diminué les risques, au cas où l’une de leurs deux activités venait à être en difficulté ».

Axel Poulain