Covid-19
Un retour à la normale pas pour demain

28 novembre, 15 décembre, 20 janvier, telles sont les trois échéances annoncées par le président de la République mardi soir pour lever progressivement les restrictions mises en place en octobre et visant à freiner la propagation du virus Covid-19.

Un retour à la normale pas pour demain
Les Français vont pouvoir passer les fêtes de fin d’année en famille, tout en respectant les gestes barrières et avec un nombre de convives restreint. Par contre, les restaurants n’ouvriront pas avant le 20 janvier.

Dans son allocution de mardi soir visant à faire un point sur l’évolution de l’épidémie de Covid-19, Emmanuel Macron a clairement rappelé les objectifs du gouvernement qui le guident dans la prise de décision : « Sauver des vies au maximum, maîtriser l’épidémie, tout en prenant en compte à chaque fois, au mieux, les autres malades, l’isolement de certains, notre économie, et ce qui fait la vie : l’éducation, la culture, le sport, notre art de vivre. » 

Le 16 novembre, 33 500 patients étaient hospitalisés en raison du Covid, mais la décrue est amorcée. 4 900 personnes étaient en réanimation cette même date ; ils étaient 4 300 mardi. « Il ressort que le pic de la seconde vague de l’épidémie est passé », assurait le président de la République. Néanmoins, «nous avons encore devant nous plusieurs semaines pour atteindre les objectifs que j’avais fixés (ndlr, dans son discours du 28 octobre) qui permettent de contrôler l’épidémie et donc de stabiliser le nombre de contaminations autour de 5 000 personnes par jour et d’avoir entre 2 500 à 3 000 personnes en lits de réanimation. » Il demande ainsi aux Françaises et aux Français de poursuivre leurs efforts. « Il nous faut continuer pendant plusieurs semaines à éviter nombre d’activités dans des lieux clos qui accélèrent la diffusion du virus, et limiter au maximum les rassemblements» de personnes sans masque. C’est cette logique qui prévaut pour les décisions prises par le gouvernement en matière d’assouplissement des mesures et de ré-ouverture de lieux et d’activités.

A partir du 28 novembre

Emmanuel Macron annonçait que « dès samedi prochain matin, plusieurs changements seront réalités » : les déplacements pour motif de promenade ou activité physique en extérieur sont désormais permis dans un rayon de 20 kilomètres et pour trois heures ; les activités extra-scolaires en plein air sont à nouveau autorisées ; pour les cultes, les offices sont à nouveau permis dans la stricte limite de 30 personnes ; tous les commerces peuvent rouvrir et les services à domicile reprendre, mais dans le cadre d’un protocole sanitaire strict. De préciser, rassurant ainsi les nombreuses personnes dont l’activité est suspendue depuis plusieurs semaines : « Les commerces et les services pourront donc ré-ouvrir, selon ces règles, jusqu’à 21 heures au plus tard. Les librairies, les disquaires, les bibliothèques et archives pourront aussi ré-ouvrir dans ces conditions. »

Mais certaines mesures ne changent pas : le confinement adapté et donc le système de l’attestation resteront en vigueur « car c’est ce qui nous a permis d’obtenir ces bons résultats. Il faudra donc continuer à rester chez soi, à télétravailler quand cela est possible, à renoncer aux réunions privées, aux rassemblements familiaux, à tous les déplacements non nécessaires ». 

A partir du 15 décembre

Ensuite, le 15 décembre, « si nous sommes bien arrivés autour des 5 000 contaminations par jour et environ 2 500 à 3 000 personnes en réanimation, nous pourrons alors franchir un nouveau cap. Alors le confinement pourra être levé ». Ceci signifie déplacement sans autorisation, y compris entre régions, et passer Noël en famille. Mais, « il faudra au maximum limiter les déplacements inutiles. J’en appelle à votre sens des responsabilités : il ne s’agira pas, à coup sûr, de vacances de Noël comme les autres ». 

De plus, les activités extrascolaires en salle, pour l’accueil des enfants durant les fêtes, seront à nouveau autorisées avec des règles strictes. Les salles de cinéma, les théâtres, les musées pourront reprendre leur activité, avec des protocoles sanitaires stricts. Les grands rassemblements seront interdits ainsi que tous les événements festifs dans les salles à louer. Tous les lieux susceptibles de rassembler un grand nombre de personnes venant de régions différentes resteront fermés (parcs d’attraction, parcs d’expositions…). Il en est de même pour les bars, les restaurants, les discothèques, au grand désespoir de leurs gérants. Quant aux stations de sports d’hiver, « il me semble impossible d’envisager une ouverture pour les fêtes et bien préférable de privilégier une réouverture courant janvier dans de bonnes conditions ».

Durant cette période (à partir du 15 décembre), un couvre-feu de 21 heures à 7 heures du matin sera instauré. Néanmoins chacun pourra « circuler librement les soirs des 24 et 31 décembre, pour partager ces moments en famille, mais les rassemblements sur voie publique ne seront pas tolérés ». Emmanuel Macron précisait néanmoins aux Françaises et Français qu’ils auront « un rôle central pour notre réussite collective : les réunions privées doivent au maximum limiter le nombre d’adultes ensemble dans une même pièce à un même moment et nous devons tous veiller à respecter les règles sanitaires entre nous pour protéger chacun ».

A partir du 20 janvier

Troisième échéance : le 20 janvier. « A cette date, nous aurons le recul suffisant » sur les conséquences d’une modification éventuelle des comportements pendant les fêtes. « Nous pourrons alors prendre, si cela est possible, de nouvelles décisions d’ouverture. Nous ferons ainsi le point tous les 15 jours sur la situation sanitaire et déciderons alors, si nous pouvons prendre des mesures supplémentaires d’ouverture ou si, au contraire, il nous faut revenir en arrière pour prévenir tout nouvel emballement de la propagation du virus ».

Ainsi, il a été expliqué que si le nombre de contaminations demeure en-dessous de 5 000 cas par jour, les salles de sport et les restaurants pourront ré-ouvrir et le couvre-feu pourra être décalé. Les lycées pourront être ré-ouverts avec la totalité des élèves présents durant les cours. Quinze jours plus tard, les universités pourront reprendre les cours avec une présence physique de tous les élèves.

Outils pour atteindre les objectifs

Pour éviter une troisième vague, et par conséquent éviter un troisième confinement, « nous avons trois outils entre nos mains », précisait le président de la République : 

- « l’esprit de responsabilité de tous » : « Nous avons tous un rôle à jouer. Nous devons redoubler de vigilance ». Par exemple, porter le masque, « y compris à la maison lorsque nous sommes avec des amis ou avec des parents qui n’habitent pas au quotidien avec nous. Veillons à ne pas être trop nombreux à table. Appliquons scrupuleusement tous les gestes barrière » (lavage des mains, distances, aération des pièces toutes les heures). 

- « la stratégie « tester, alerter, protéger, soigner » » : le gouvernement réorganise cette stratégie pour la rendre beaucoup plus efficace. « C’est à mes yeux l’outil le plus important dans les semaines et les mois qui viennent pour contrôler le virus. » 

- le vaccin : la stratégie repose sur disposer de plusieurs vaccins, sécuriser le nombre de doses, garantir la sécurité sanitaire, organiser une campagne de vaccination rapide et massive au plus près des personnes. Certains vaccins « seront disponibles dès la fin décembre – début janvier et une seconde génération arrivera au printemps ». Mais Emmanuel Macron a été clair : « Je ne rendrai pas la vaccination obligatoire ».

Crise économique

Dans son allocution, le président de la République est inévitablement revenu sur la crise économique et sociale « inédite », conséquence des deux confinements. « La crise va vraisemblablement encore s’aggraver, mais nous avons une réponse à apporter. « Quoiqu’il en coûte » n’a pas seulement été une formule mais bien des actes et une réalité. » Effectivement, Emmanuel Macron rappelait que le gouvernement poursuit son action initiée au printemps : nouvelles aides sociales ; renforcement des aides aux entreprises. « Dès les prochains jours, nous allons encore compléter ces aides » : tous les établissements qui resteront fermés administrativement se verront verser, quelle que soit leur taille, 20% de leur chiffre d’affaires de l’année 2019 si cette option est préférable pour eux aux 10 000 euros du fonds de solidarité.

Lucie Grolleau Frécon