Santé
Coronavirus : respectez les bonnes pratiques !

A l'image du maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, pestant contre « les bravades idiotes », les autorités multiplient les appels au civisme pour enrayer au plus vite la propagation du Covid-19, virus meurtrier notamment pour les personnes âgées ou fragiles.
Coronavirus : respectez les bonnes pratiques !

Depuis mardi 17 mars à 12 heures, le déplacement de toute personne hors de son domicile est interdit. Dans un premier temps, ces restrictions étaient annoncées pour 15 jours. Suite à l'intervention du Premier ministre lundi soir, un décret du 23 mars interdit le déplacement de toute personne hors de son domicile jusqu'au 31 mars 2020. Le Conseil scientifique de l'exécutif sur le Covid-19 a estimé « indispensable de prolonger le confinement » en France, éventuellement jusqu'à « six semaines au moins », dans un avis rendu public le 24 mars.

 

Certains déplacements restent autorisés à titre dérogatoire (en évitant tout regroupement de personnes) : les trajets entre le domicile et le ou les lieux d'exercice de l'activité professionnelle (si le télétravail est strictement impossible), les déplacements pour effectuer les achats de première nécessité à proximité immédiate de son domicile, les rendez-vous chez un professionnel de santé, les déplacements pour la garde de ses enfants et l'aide aux personnes vulnérables. Les déplacements liés à l'activité physique individuelle des personnes (à l'exclusion de toute pratique sportive collective) et aux besoins des animaux de compagnie restent possibles, toujours à proximité du domicile.

 

Les déplacements pour motifs de santé restent autorisés à l'exception des consultations et soins pouvant être assurés à distance et, sauf pour les patients atteints d'une affection de longue durée, de ceux qui peuvent être différés. Le confinement est, pour l'instant, le meilleur moyen pour lutter contre la pandémie. Malheureusement, tous les citoyens ne respectent pas les consignes avec la même rigueur. Les débats font donc rage, notamment sur les réseaux sociaux, où certains dénoncent des comportements peu précautionneux.

Rappel à l'ordre du préfet

Comme un fait exprès, le soleil a particulièrement brillé durant cette première semaine de confinement et la douceur s'est installée sur l'ensemble du département. De ce fait, les Ligériens sont très tentés d'aller prendre l'air et notamment près des points d'eau, bucoliques. Aussi la préfecture de la Loire a pris, ce 20 mars, un nouvel arrêté qui précise l'interdiction de l'accès aux espaces naturels, touristiques et les regroupements. « Le département de la Loire compte un nombre important de communes traversées par un fleuve, une rivière, un canal ou un cours d'eau et de nombreux espaces naturels. Ceux-ci attirent quotidiennement de nombreux visiteurs à des fins notamment de promenade, de sport ou d'activités nautiques. Les prévisions météorologiques favorables prévues dans les jours à venir pourraient générer des regroupements qui auront pour effet de mettre en contact de nombreuses personnes alors que le virus covid-19 connait une propagation très importante au sein de la population. Dans ces circonstances, dans le département de la Loire, tout déplacement le long des fleuves, rivières, cours d'eau, canaux et des plans d'eau, intérieurs et sur les sentiers naturels dans les espaces boisés ou remarquables sont interdits jusqu'au 31 mars 2020, pour quelque motif que ce soit, à l'exception des déplacements liés à une activité professionnelle exigeant la proximité immédiate de l'eau. »

Fermeture nocturne des commerces

Lundi 23 mars, la Préfecture a pris un nouvel arrêté, cette fois pour s'assurer de la fermeture de tous les commerces de la Loire de 21 à 6 heures du matin, jusqu'au 31 mars. Cette disposition concerne également les commerces de ventes à emporter. Seules les pharmacies de garde et les stations de carburant font exception. D'autre part, la municipalité stéphanoise a renforcé la surveillance des mesures barrières mises en place par les commerçants (limitation du nombre de clients, etc.). En revanche, contrairement à d'autres villes françaises (Nice, Perpignan ou encore Mulhouse), aucune mesure de couvre-feu n'a été prise dans la Loire.

Pas de confinement total... pour l'instant

Les professionnels de la santé, en première ligne, sont excédés par les comportements déviants tandis que la pandémie continue sa progression à une allure vertigineuse. Aussi, deux syndicats de soignants ont engagé, dimanche 22 mars, un recours devant le Conseil d'Etat pour demander un confinement total. Il a été rejeté. Il demandait précisément la suppression de sortie pour une activité physique, la réduction des transports en commun, l'arrêt des chantiers de BTP, la fermeture des marchés et la mise en place d'un couvre-feu national. En outre, ce recours réclamait plus de masques, de gel hydroalcoolique et la reprise massive des tests de dépistage. Le Conseil d'Etat n'a pas suivi les syndicats, craignant qu'un confinement total n'entraîne une rupture d'approvisionnement. D'autre part, la nécessité de déplacements d'une partie de la population (personnel soignant, alimentation, etc.) oblige le maintien d'une activité de transports publics.

 

Ces marchés qui restent ouverts

En revanche, le Conseil d'Etat a jugé ambigu la disposition sur les sorties autorisées pour une activité sportive (lire par ailleurs) et demande aux autorités d'y apporter des précisions. Certaines entreprises, qui avaient fermé temporairement leurs activités, ont même repris le travail lundi 23 mars. C'est le cas d'Air Bus par exemple, qui assure avoir mis en place des conditions d'hygiène pour limiter la propagation. Le Gouvernement semble décidé à ne pas mettre à l'arrêt l'activité économique du pays. Le Premier ministre a finalement annoncé lundi soir la fermeture des marchés ouverts, précisant toutefois qu'il sera possible aux préfets, sur avis des maires, de maintenir en place ces marchés s'ils sont le seul moyen d'avoir accès à des produits frais. Le Préfet de la Loire a ainsi accordé́ une dérogation pour la tenue des marchés alimentaires des communes suivantes, en raison de l'absence ou de l'insuffisance de l'offre alimentaire sur ces petites communes : Fontanès et Saint-Romain-les-Atheux (arrondissement de Saint-Etienne) ; Cordelle, Jarnosse et Néronde (arrondissement de Roanne) ; Chalmazel-Jeansagnière, Chenereilles, Grammond, Leigneux, Margerie-Chantagret, Montchal, Saint-Didier-sur-Rochefort et Verrières-en-Forez (arrondissement de Montbrison).

Le jogging ? Oui mais ...

La permission de sortie pour pratiquer une activité sportive, annoncée par le président Macron lors de son allocution du lundi 16 mars, est au centre des polémiques depuis quelques temps. Certains abuseraient de cette possibilité pour se balader ou se rendre chez des proches. Aussi, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a effectué le week-end dernier un rappel à ordre, précisant les conditions de ce jogging, qui bien entendu doit se faire seul, muni de son attestation dérogatoire : « Sur un ou deux kilomètres autour de son domicile, pas question de se lancer dans un 10 km. » En termes de durée, cette sortie ne doit pas excéder « 30 à 40 minutes ».

 

Quelques jours plus tard, le Premier ministre parlait lui d'une pratique sportive... d'une heure par jour et demandait, pour un meilleur contrôle, à ce que l'heure de sortie soit inscrite sur l'autorisation de sortie dérogatoire. La ministre des Sports a aussi rappelé que l'Organisation mondiale de la Santé préconisait une activité sportive quotidienne de 30 minutes par jour pour les adultes et d'une heure pour les enfants. L'ancienne nageuse invite donc la population à consulter le site et les réseaux sociaux de son ministère pour trouver des tutoriels et des liens vers des applications qui permettent à chacun de pratiquer un sport à domicile ou dans son jardin, « adapté à votre âge et à votre condition ».

Faire ses courses, un casse-tête

Personne n'avait imaginé un jour avoir besoin d'un laisser-passer pour aller faire ses courses au supermarché, à l'épicerie ou ailleurs. Sans tomber dans la paranoïa, il convient de prendre des précautions avant de se rendre sur son lieu d'achats. La première, c'est de se laver les mains, avant et après, au savon ou au gel hydroalcoolique. Il est préférable d'aller seul faire les courses, même si les autorités tolèrent néanmoins jusqu'à deux personnes, d'un même foyer évidemment. Mais attention, vous devez obligatoirement vous approvisionner près de chez vous, pas question d'aller faire les courses dans une ville voisine pour quelque bonne raison que ce soit.

 

Devez-vous vous protéger avec masque et gants lorsque vous êtes au supermarché ? Dans l'absolu, ils sont réservés à des gens qui ont des symptômes. Et l'usage des gants n'est pas jugé efficace par les spécialistes qui privilégient les mains nues et des lavages fréquents et soignés. Autre astuce : emporter ses propres sacs, moins en contact avec d'éventuelles contaminations. Il n'est pas sûr que toutes les enseignes aient le personnel suffisant pour désinfecter régulièrement chariots, paniers, etc. Les caissières sont invitées à désinfecter régulièrement les zones touchées fréquemment par les clients. Concernant l'usage des écrans tactiles et claviers (carte bleue, pesage fruits et légumes) là encore, la consigne est de se laver les mains au retour.

 

Les risques de contamination durant les échanges d'argent à la caisse sont infimes selon les spécialistes, mais si vous avez une CB « sans contact », ne vous privez pas ! Comme le virus continue de vivre sur les matières inertes, les médecins recommandent de laisser les sacs de courses quelques heures sans les toucher à votre retour (pas évident avec le surgelé...) et d'ôter les suremballages. Pour les fruits et légumes, lavez-les précautionneusement, ne mangez pas la peau. La cuisson règle les problèmes et il n'y a pas de contamination par voie digestive directe. Enfin, dernier conseil, n'achetez pas inutilement des dizaines de paquets de pâtes ou de papier hygiénique, le surstockage pénalise l'ensemble de la population. Comportez-vous en bon citoyen ! 

David Bessenay