Rapport d'activité
La FDSEA sur tous les fronts

Lors de l’assemblée générale de la FDSEA, un temps était consacré à la présentation du rapport d’activité et moral du syndicat. Pour innover, c’est désormais en deux parties que celui-ci s’est articulé : une vidéo rétrospective des actions de l’année écoulée et une lecture du rapport par Jean-Luc Perrin, son secrétaire général. 

La FDSEA sur tous les fronts
Les adhérents et les invités ont pu découvrir la rétrospective de l’année écoulée sous forme de vidéo, rappelant ainsi les actions menées par la FDSEA et l’ensemble du réseau.

Cette année, la FDSEA proposait une formule inédite dans la présentation des rapports d’activité et moral de son syndicat : une vidéo récapitulative et un discours de son secrétaire général, Jean-Luc Perrin, sur des thématiques d’actualité plus ou moins controversées.

D’une dizaine de minutes, la vidéo dressait une rétrospective de l’année écoulée et rappelait les actions menées par la FDSEA. À commencer par le mois de février, marqué par le début de la guerre en Ukraine. Au lendemain de la crise Covid, ce conflit contribue également à refaire de l’agriculture une priorité et la fédération réaffirme le caractère stratégique de l’alimentation pour la France. Deux mois plus tard, l’agriculture subit une nouvelle fois les effets du changement climatique (sécheresse, neige, grêle) et n’échappe pas aux dossiers calamités.

Le mois de juillet est, lui, assez riche. À quelques heures près, l’irrigation de l’été est en partie sauvée. Aussi bien dans le domaine animal que végétal, la ressource en eau est indispensable pour permettre la production. La mobilisation de la FDSEA sera ininterrompue jusqu’à l’automne pour permettre de maintenir le plus longtemps possible l’irrigation. L’opération maïs est également lancée face à l’urgence de la sécheresse. Concrètement, une cellule se met en place pour anticiper les besoins en fourrages. Les commandes en maïs épi et plante entière s’effectuent, les chantiers sont finalement trouvés et les livraisons débutent. Dernier temps fort du mois de juillet, la participation de la FDSEA au Tour de France, via un jeu-concours pour réaliser un visuel et tenir un stand sur les métiers de l’agriculture. Accédant à la deuxième marche du podium national, la structure ligérienne aura su profiter de la vitrine exceptionnelle pour l’agriculture qu’apporte un tel évènement, mondialement suivi.

En octobre, faisant écho au mois d’avril, les dossiers calamités agricoles sont constitués face aux pertes subies par les aléas climatiques. « 2022 sonnera le glas des dossiers calamités, avec l’arrivée pour 2023 de la réforme de l’assurance ». Ce même mois, la FDSEA commence les préparatifs du 75e Congrès de la SNFM (Section nationale des fermiers et métayers), lequel se déroule à Villerest en février 2023. L’objectif était, à travers un tel évènement, de « donner aux congressistes l’image remarquable que mérite la Loire ». 

La rétrospective s’achève logiquement par le mois de décembre, qui a vu s’organiser la tournée des unions cantonales pour début 2023. L’occasion pour les participants d’échanger avec les membres du bureau sur les nombreux sujets d’actualité et de procéder au renouvellement des mandants.

Dossiers et combats menés

Outre le caractère chronologique de la présentation, la FDSEA a également énuméré, à travers la vidéo, les dossiers thématiques sur lesquels elle a mené divers combats. À commencer par la défense du revenu, « socle de notre activité syndicale ». Si le dossier a pris de l’ampleur fin 2021, il est devenu plus conséquent encore depuis le début de la guerre en Ukraine, notamment avec les hausses des diverses charges (intrants, carburants, énergie, engrais, aliment, etc.). Dans ce contexte, plusieurs acquis syndicaux ont été obtenus en matière de carburant, d’énergie, d’aliment, etc. 

Si ces avancées sont notables, elles sont toutefois des mesures d’urgence qui ne suffisent pas : « Nous voulons structurellement pouvoir nous adapter. La loi EGAlim est l’outil dont nous avions besoin pour pouvoir peser dans les négociations commerciales et ajuster le prix à nos charges. » Le syndicat s’est alors mobilisé auprès des GMS (Grandes et moyennes surfaces) pendant les négociations commerciales pour faire passer des hausses. Toujours sur la question du revenu, la section des anciens exploitants a obtenu le calcul des retraites sur les 25 meilleures années : « Les revenus d’aujourd’hui feront ceux de demain. »

Autre dossier de la FDSEA, la défense des moyens de production, notamment face à la montée grandissante des préoccupations environnementales, car l’agriculture ne doit pas payer pour les autres : « Faisons preuve de bon sens, mais ne cédons pas face à une idéologique qui ignore ce qu’est l’agriculture. »

La fédération suit de près le dossier relatif aux dégâts de gibier et ceci, sur différents points : liste Esod (Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts) qui couvre les problématiques départementales ; maintien du sanglier comme espèce nuisible ; déploiement à venir d’une application pour déclarer les dégâts sur smartphone ; identification des « points noirs » et ceux « en vigilance » pour le sanglier ; travail sur une proposition de boîte à outils départementale pour résoudre ces situations ; suivi de la présence du loup et du lynx ; dégâts des blaireaux et choucas toujours présents, etc.

Par ailleurs, la question foncière est au cœur de l’acte de production en agriculture. Le travail mené par les sections des fermiers et des bailleurs sur la loi Sempastous vise à réguler l’accès au foncier agricole au travers de formes sociétaires. 

Quant au sujet sensible des produits phytosanitaires, leur application vise à soigner les végétaux en vue d’assurer une production sur nos exploitations. Face au défi de la souveraineté alimentaire, la réglementation doit faire preuve de pragmatisme : pas d’interdiction sans solution. « Donnez-nous les moyens de produire et de nous adapter, notamment face au changement climatique. »

Dernier dossier majeur et non des moindres, les politiques publiques. La Politique agricole commune (PAC) traduit la nécessité de défendre un plan stratégique national équilibré. Le maintien du budget ICHN est un point déterminant pour les territoires à handicaps, mais l’équation semble plus difficile sur la question du couplage des aides animales et végétales. Une victoire majeure a cependant été obtenue sur les éco-régimes avec la reconnaissance de nos systèmes écologiquement vertueux basés sur l’herbe. Quant aux aides de la Région, elles illustrent des orientations affirmées en faveur de tous les agriculteurs, et ce par le maintien de l’accompagnement au développement agricole et à l’investissement (PCAE), ainsi que par un montant d’aide significatif pour les jeunes (DJA).

En guise de conclusion, la vidéo diffusée rappelait à l’assistance l’activité importante de service aux adhérents que propose la FDSEA. À savoir : le groupement d’employeurs départemental Agri Emploi ; les achats groupés (économies en jouant sur le volume : carburant, paille, etc.) ; prestations administratives et juridiques ; avantages à l’adhésion (Mail Hebdo, abonnement à Paysans de la Loire à prix réduit, formations Vivéa, réunions locales d’information, représentation dans les instances, carte moisson, etc.)

Axel Poulain
Intervention

Un discours tout en nuances

En seconde partie de cette formule inédite, c’est donc Jean-Luc Perrin qui prenait la parole : « Merci de vous être déplacés aussi nombreux et nombreuses à cette assemblée, c’est impressionnant de voir autant de monde », s’enthousiasmait-il. Avant d’ajouter : « Cette année, nous avons décidé de compléter ce nouveau format par une intervention générale dont je suis l’auteur. Sans retracer ce qui a été évoqué de manière synthétique dans le film, quelques points méritent un développement plus particulier ».

Le secrétaire général commençait par aborder le sujet de la loi EGAlim, pour laquelle « la FDSEA de la Loire s’est mobilisée ces dernières années pour obtenir un cadre réglementaire qui nous permette de résoudre la problématique de construction du prix » et rappelait avoir besoin d’entériner le sujet pour de bon. Avec un meilleur prix de vente des produits (et parallèlement, du revenu des agriculteurs), les défis du renouvellement des générations et de la souveraineté alimentaire pourraient être relevés. Confiant être peu convaincu par la mise en application systématique de la loi EGAlim, il interpellait les services de l’État, les invitant à organiser des contrôles pour assurer du bon respect de la loi.

« Faut-il en arriver à la guerre ? »

Concernant la mise en œuvre de la nouvelle réforme de la PAC et le début des télé-déclarations, « la décroissance ne représente en rien une issue pour l’agriculture. Ceux qui ont réalisé leurs déclarations s’en rendent compte : la dérogation Ukraine est la seule solution possible pour permettre de répondre à la BCAE 8(1) (Bonnes conditions agricoles et environnementales) », détaillait Jean-Luc Perrin, avant de s’insurger : « Faut-il en arriver à la guerre pour pouvoir continuer de produire notre alimentation ? La liberté d’entreprendre et de produire est complètement asphyxiée par les idéologies environnementalistes déconnectées de la réalité. »

Le sujet vital que représente l’eau (et plus globalement le climat) a ensuite été abordé sous diverses formes, le secrétaire général rappelant le contexte de l’été dernier, entre températures et pressions subies autour de la ressource qu’elle constitue. Il questionnait alors le préfet Alexandre Rochatte, présent dans l’assistance, sur l’avancement de la révision de l’accord cadre sécheresse, dont le travail a été enclenché avec les services de l’État avant sa nomination. La mise en place de l’assurance récolte a également été mentionnée et notamment la stratégie de gestion de ce risque : « La meilleure des assurances est l’eau et son stockage est une priorité pour l’avenir de l’agriculture de ce département, toutes productions confondues. »

Jean-Luc Perrin revenait ensuite sur la question des pressions en tous genres. Il reprochait tout ce que doivent endurer les agriculteurs, entre complexité administrative et manque de connexion avec le terrain dans les réglementations. Il interpellait une nouvelle fois le représentant de l’État sur la question des dégâts de sangliers (gestion des populations de nuisibles) et sur les contrôles menés par l’OFB (remontées du terrain sur l’attitude des contrôleurs et le manque de pragmatisme, sans même parler de pédagogie, dans leur approche de la réglementation).

Une touche d’optimisme

Le secrétaire général de la FDSEA terminait son rapport avec une touche d’optimisme. Ravi de relever le travail positif mené par la structure ligérienne (acquis syndicaux, NDLR), il rappelait les montants obtenus pour les aléas climatiques (10 millions d’euros pour la sécheresse, 1,4 million d’euros pour la grêle, 10 millions d’euros pour les prises en charges de cotisations) et sur la TICPE (demandes de remboursement partiel représentent 150 € / 1 000 L). Il revenait ensuite sur le foncier, pour lequel la fédération se bat afin d’obtenir la définition d’actif agricole et la faire reconnaître. Toutefois, Jean-Luc Perrin précisait être dans l’attente « d’une fameuse grande loi foncière ». Enfin, il félicitait la section des anciens exploitants d’avoir obtenu le calcul des retraites en prenant en compte les 25 meilleures années, après avoir gagné en 2021 la revalorisation des retraites agricoles à 85 % du Smic.

Il concluait son intervention par ces mots : « Le leitmotiv qui nous anime est ”Laissez-nous produire”. C’est ce qui poussera nos actions et notre engagement envers les agriculteurs ligériens ».