Trufficulture
Une filière qui veut se développer

En France, le nombre de trufficulteurs et truffeurs est estimé à 20 000 pour une production annuelle comprise entre 40 et 70 t (1). Suite au constat d’une baisse de production de truffes en France et notamment en région, la Fédération Auvergne-Rhône-Alpes des trufficulteurs (Farat) a obtenu auprès du Conseil régional un plan de soutien de 375 000 euros sur trois ans (2019-2021). L’objectif : développer la production régionale de truffes sur des terrains propices à cette culture et renforcer la dimension agricole de la filière.
Une filière qui veut se développer

En France, sur les 20 000 trufficulteurs et truffeurs estimés, 6 000 adhèrent à la Fédération française des trufficulteurs (pour moitié des agriculteurs actifs). Sur 40 départements, sont dénombrés 49 000 hectares de plantations âgées de plus de 30 ans, 10 000 de 10 à 30 ans et 8 000 de moins de 10 ans. 1 000 à 1 500 ha sont plantés en moyenne par an. L'investissement pour la plantation varie entre 5 000 et 10 000 euros par ha (achat du terrain non compris). 300 000 plants truffiers sont vendus par quinze pépiniéristes agréés. Ces plants sont contrôlés par l'Inrae et le CTIFL pour assurer la commercialisation d'un matériel de qualité.
La production annuelle de truffes se situe entre 40 et 70 t. Elle a été pour l'année écoulée d'une vingtaine de tonnes. Le prix de vente varie selon les saisons, les quantités disponibles et la qualité du produit : entre 500 et 1 000 euros le kg. Le chiffre d'affaires ainsi dégagé est estimé à 67,3 millions d'euros.
La production est commercialisée à 40 % sur les marchés de gros, 20 % sur les marchés de détail (environ 100 marchés recensés). 30 à 40 % sont vendus en direct (consommateurs, restaurateurs, métiers de bouches, pépiniéristes, courtiers...). Et une partie est mise en conserve (15 t environ par an). Côté importations, les principaux fournisseurs de la France sont l'Espagne, l'Italie, la Chine et l'Australie.

 

Une filière soutenue en Auvergne-Rhône-Alpes

La région Auvergne-Rhône-Alpes compte autour de 3 700 ha dédiés à la trufficulture, pour une production estimée à 27,7 t en année normale (entre 6 et 8 t en 2019-2020) et un chiffre d'affaires de 16,5 millions d'euros. Fin 2016, a été créée la Fédération Auvergne-Rhône-Alpes des trufficulteurs (Farat), qui regroupe les syndicats des trufficulteurs de la Drôme des collines, du Val de Drôme, de la truffe noire du Tricastin-Pays de Grignan-Enclave des Papes, de l'Ardèche, de l'Isère, du Bugey et l'association des trufficulteurs d'Auvergne-Puy de Dôme-Allier. Celle-ci travaille notamment au développement de la filière, soutenue en Auvergne-Rhône-Alpes par le Conseil régional qui lui dédie 375 000 euros, dans le cadre d'un plan sur trois ans (2019-2021), dont 300 000 pour les projets d'investissement (le reste pour le fonctionnement). « Suite au constat d'une baisse de production de truffes en France et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes, nous nous sommes rapprochés de la Région en 2016, explique Didier Roche. Et nous avons signé un plan régional de filière en juin 2019. » L'objectif de ce plan est de développer la production régionale de truffes, « sur des terrains propices à cette culture, et de renforcer la dimension agricole de cette filière », détaille le président de la Farat.

 

Aide aux nouvelles plantations

Le plan truffes s'articule autour de trois axes. Le premier est l'aide à la plantation. La Région finance les nouvelles plantations pour les agriculteurs (a minima cotisant de solidarité). Elle prend à sa charge six euros par plant truffier acheté à un pépiniériste agréé, avec un plancher de 100 plants et un plafond de 700. La demande de subvention est dématérialisée : elle se fait sur le site Internet de la Région. Conditions : être adhérent d'un syndicat de trufficulteurs et fournir une analyse de sol prouvant que la parcelle à planter convient. « L'objectif de cet axe "aide à la plantation" est de 160 hectares de nouvelles truffières sur la durée du plan », précise Didier Roche.
Le deuxième axe de ce plan de filière est l'expérimentation. Chacun des sept syndicats d'Auvergne-Rhône-Alpes (tous adhérents à la fédération régionale des trufficulteurs) a été doté d'un lecteur et de dix sondes pour mesurer, sur des sites expérimentaux, l'eau disponible au pied des arbres. Cela, dans le but d'essayer d'apporter une correction avec un système d'irrigation de manière à pérenniser une production. « L'idée est que chaque adhérent des différents syndicats ait un site expérimental à proximité de chez lui, afin de pouvoir bénéficier d'un maximum de connaissances sur cette problématique de gestion de l'eau. » Cette expérimentation vient en complément du programme CulturTruf, de l'Inrae.

 

Formation, accompagnement

Le troisième axe porte sur la communication, ainsi que la formation et l'accompagnement des nouveaux planteurs, notamment des agriculteurs désirant se diversifier. En février dernier, douze producteurs ont suivi un premier module de formation au CFPPA du Pradel, en Ardèche. Il s'agit d'une initiation à la découverte de la truffe et de la trufficulture mais aussi à l'interprétation d'une analyse de sol. Y a également été abordé le fonctionnement du chêne truffier et du champignon (la truffe) associé sur ses racines. Un autre module de formation est prévu en octobre. L'idée est d'en proposer deux par an dans le cadre de ce plan régional de filière. L'accompagnement des nouveaux planteurs se fait soit par ce biais-là, soit dans le cadre des activités propres des syndicats (modules de formation interne). « La priorité numéro un, précise Didier Roche, c'est de mettre en place de nouvelles plantations (car c'est entre l'âge de 10 à 25 ans qu'elles produisent le plus). Et aussi l'accompagnement des nouveaux planteurs pour que les mises en place soient réalisées dans les meilleures conditions. Notre objectif principal, souligne le président de la Farat, est de faire connaître le plan régional truffes, en particulier des agriculteurs et que ce soit pour eux une possibilité de se diversifier. »

 

SD avec Annie Laurie

 

(1) Source : Fédération francçaise des trufficulteurs