Alexandre Rochatte
Premier bilan après six mois à la préfecture de la Loire

Le 20 juillet, le préfet de la Loire Alexandre Rochatte a invité la presse locale à l’occasion d’un petit-déjeuner. L’opportunité pour lui de dresser un premier bilan de ses six premiers mois dans le département et de faire le point sur les grands projets à venir. 

Premier bilan après six mois à la préfecture de la Loire
Le préfet de la Loire Alexandre Rochatte a abordé devant la presse les sujets qui font l’actualité et les projets qu’il porte. ©C.S.

Au sein de la résidence préfectorale, tout juste réinvestie après l’incendie accidentel de 2014 et les longs travaux de reconstruction, Alexandre Rochatte a reçu les journalistes locaux, tout juste six mois après sa prise de fonctions. L’occasion de faire un premier bilan, mais surtout le point sur les projets en cours ou à venir et d’évoquer l’actualité du moment.

Avant tout, le représentant de l’Etat a tenu à signifier le très bon accueil qu’il a reçu depuis son arrivée : « Jamais je n’ai vu une telle hospitalité tant en termes de chaleur humaine que de travail, pourtant vous avez pu voir sur mon CV que j’ai connu beaucoup de départements. Les lLigériens sont volontaires et ont été très réactifs pour que nous travaillions main dans la main. » Puis il poursuivait : « Je peux le dire à présent, j’ai pu rencontrer les maires à travers l’ensemble du territoire départemental, à l’occasion d’au moins une journée dans chacune des collectivités qui le composent, à l’exception de celle des monts du Lyonnais, que je devrais rencontrer en septembre. » En effet, le préfet est un homme de terrain et s’est déjà rendu à de nombreuses reprises auprès des habitants et des professionnels, dont les agriculteurs. Il en a notamment tiré différents enjeux, alors qu’il qualifie le département de riche mais complexe. « Cela me permettra de prendre des décisions en connaissance de cause », a-t-il déclaré.

Alexandre rochatte Rochatte trouve dans la Loire une grande complexité, notamment par les grandes différences de configuration existantes entre les territoires de la Copler et des monts du Pilat ou encore ceux du roannais Roannais et de la plaine par exemple. Il souhaite retrouver cette cohérence par le biais de différents leviers, sur lesquels il s’engage, dont la dynamisation de certaines zones, la réindustrialisation, la gestion du foncier, la gestion des ressources ou encore le développement des réseaux de transport.

Foncier : tirer profit des nombreuses friches

D’abord, grâce à son histoire marquée par le secteur minier et l’industrialisation, la Loire dispose de nombreuses friches, plus ou moins grandes. Alors que le territoire Lyonnais est totalement saturé, le département se densifie également. Le représentant de l’État tient donc à tirer profit des nombreuses friches qui jonchent le territoire, y compris dans les cœurs de villes. Malgré des travaux coûteux (notamment en raison de la dépollution) mais nécessaires, celles-ci devraient favoriser l’implantation d’entreprises et ainsi dynamiser l’activité économique locale. Cela fait d’ailleurs partie d’un projet plus global de réindustrialisation.

Réindustrialisation : un territoire dynamique

Projet annoncé à l’échelle nationale avec le plan France 2030, la réindustrialisation a vocation à renforcer l’indépendance du pays. Dans le département, le préfet constate que « les indicateurs sont plutôt positifs, grâce aux investissements dans des filières d’avenir mais aussi à la culture très industrielle du territoire et de ses travailleurs. » Et d’ajouter : « France 2030 permet d’aider les entreprises innovantes à se développer. Certaines entreprises ligériennes pourront en bénéficier directement. Les autres, sous-traitantes par exemple, en profiteront par ruissellement. »

Le plein-emploi quasiment atteint

Également parmi les objectifs du plan France 2030, le plein emploi est « quasiment atteint dans la Loire » selon le préfet. Il donne les chiffres suivants : « À l’échelle régionale, nous sommes à 6 % de chômage. C’est environ 7 % pour la Loire avec des variations selon le secteur : 4,5 % dans le Montbrisonnais, 6 % pour le Roannais et 7,5 % dans le bassin stéphanois. » Il remarquait ainsi que la Loire attire les entreprises mais aussi que l’ensemble des secteurs se trouvent en tension et cherchent des travailleurs.

Pour faire davantage baisser ces chiffres, Alexandre Rochatte préconise la création et le développement de formations professionnelles par alternance ou apprentissage. « Aujourd’hui, les entreprises cherchent à former elles-mêmes leurs employés. » Il évoquait également la situation des travailleurs très éloignés de l’emploi : « Nous devons aller les chercher, parfois dans les quartiers défavorisés, et les aider à se réintégrer au marché. »

Sécurité : des indicateurs mitigés

Le volet sécurité s’est avéré être une part importante des engagements du préfet depuis sa prise de fonctions.  Sécurité routière d’abord avec une attention particulière portée à la sensibilisation (vidéos diffusées sur les réseaux sociaux) et la prévention mais aussi l’augmentation du nombre et de la fréquence des contrôles avec la mise en place de « week-ends bleus » pour la couleur des uniformes. Il confiait d’ailleurs être étonné des résultats de ce dispositif, au cours duquel de nombreux permis ont déjà été suspendus et des comportements qu’il jugeait « acquis, ne sont finalement pas des réflexes pour tous. Je parle notamment du port de la ceinture de sécurité, qui est moins respecté que ce que je pensais ». Les indicateurs ont d’ailleurs chuté en ce premier semestre par rapport à l’année passée : la mortalité, l’accidentalité, le nombre de blessés graves et légers.

Par ailleurs, le sujet des violences urbaines est évidemment lui aussi d’actualité, puisque la France a subi lors des dernières semaines de nombreux dégâts. Le département n’y a pas échappé, particulièrement sur les secteurs de Saint-Etienne, La Ricamarie, Rive-de-Gier, Roanne et Andrézieux-Bouthéon. De nombreuses interpellations ont déjà eu lieu et d’autres sont à prévoir grâce à des enquêtes approfondies. Côté victimes, le préfet rappellait que le dépôt de plainte pour les entreprises a été largement facilité. L’État devrait d’ailleurs compléter pour partie la prise en charge des assurances et allonger les délais de règlement de certaines charges, « pour aider les entreprises à se remettre sur pieds ».

Enfin, les grands évènements sportifs à venir soulèvent également des questions de sécurité, notamment pour la gestion des flux de personnes, des incivilités ou des éventuelles menaces terroristes. En effet, le département, et particulièrement le Stade Geoffroy Guichard, seront le terrain de plusieurs matchs de rugby puis de football lors de la Coupe du monde de rugby en septembre prochain, mais aussi lors des prochains Jeux olympiques, à l’été 2024.

Sécheresse et développement des énergies renouvelables

Avec une arrivée marquée par la mise en place d’un arrêté-cadre sécheresse, le préfet est bien sûr impliqué dans les questions de gestion des ressources, notamment en eau. Il a d’ailleurs publié mi-juillet son premier arrêté sécheresse dans le département. Il remarquait d’ailleurs que celui-ci arrive bien plus tard que le premier de l’année précédente et s’en réjouissait : « On a eu un peu plus de chance car nous avons eu quelques précipitations qui ont permis de retarder l’échéance. » Il évoquait également différents dossiers de gestion des eaux pluviales qu’il assure traiter en collaboration avec la Chambre d’agriculture.

Les énergies renouvelables sont elles aussi un dossier prédominant et ancré dans l’actualité avec différentes questions soulevées notamment sur les meilleures solutions à adopter. Malgré un retard incontesté de la Loire par rapport au niveau national, quelques projets sont en cours, mais l’éolien ne semble pas avoir été favorisé alors que des discussions sont lancées sur le photovoltaïsme et l’agrivoltaïsme. Côté méthaniseurs, Alexandre Rochatte considère « qu’il y en a déjà quelques-uns sur le département, je ne suis pas sûr qu’il faille en installer encore davantage. »

Réseaux de transport : améliorer ce qui existe déjà

Étape majeure du développement territorial, celui des transports, notamment intradépartemental, constitue une grande préoccupation du préfet. Il annonçait cependant : « Avant de créer de nouveaux axes, nous devons améliorer les réseaux déjà existants, routiers et ferroviaires ». Il rappellait d’ailleurs qu’un Comité d’orientation des infrastructures est en cours de formation avec un volet mobilité important. Sur le plan routier, le projet de deux fois deux voies sur la RN7 a été évoqué ainsi que l’amélioration et la fluidification de certaines sorties encombrées sur la voie rapide entourant Saint-Étienne. Le projet d’autoroute reliant la ville à Lyon a d’ailleurs bien été abandonné.

Enfin, sur le plan ferroviaire, le préfet souhaite encore une fois favoriser l’amélioration des infrastructures déjà en place. Quelques solutions, comme la commande de rames plus longues a été abordée, de manière à accroître les capacités des trains mais aussi le confort des passagers. Cependant, cela demande d’importants investissements, notamment pour l’allongement des quais, la construction de terminaux techniques adaptés ou encore la mise à disposition d’un espace suffisant pour le retournement des trains en bouts de lignes. Sans compter le coût des rames…

En somme, un début de mandat riche pour le préfet Alexandre Rochatte et une volonté assumée de faire rayonner la Loire à grande échelle : « C’est l’enjeu majeur. Nous devons faire connaître le département, ses entreprises, sa culture, son sport », conclu-t-il.

Clara Serrano

"Redonner de la vie à ce lieu"
Totalement reconstruite après un terrible incendie en 2014, la résidence du préfet de la Loire a enfin été réinvestie par Alexandre Rochatte. ©C.S.
Résidence préfectorale

"Redonner de la vie à ce lieu"

« Incendie chez la préfète de la Loire : des dégâts très importants », ainsi titrait France 3 Auvergne-Rhône-Alpes le 26 décembre 2014. Alors occupé par Fabienne Buccio, le château Cizeron avait subi un incendie accidentel d’une grande violence : près de 70 pompiers étaient mobilisés au plus fort de l’incendie et trois d’entre eux avaient été blessés suite à la chute d’une partie de la toiture. Après de ce tragique événement, la préfète avait investi un appartement à l’hôtel de Ville, tout comme ses successeurs, Fabien Sudry, Evence Richard et Catherine Seguin. Pourtant, ce château a été racheté en 1858 par la ville de Saint-Étienne et les préfets de la Loire y résidaient en permanence depuis 1860.

Aujourd’hui, Alexandre Rochatte a réinvesti les lieux, qui ne sont d’ailleurs plus un château mais « une grande maison », précise-t-il. « Je suis heureux et fièr d’annoncer qu’il y a de nouveau de la vie dans cette résidence. » Pourtant, la réintégration du représentant de l’État en ce lieu n’a pas toujours été un évidence : « Les travaux ont été fastidieux, de la mérule a été trouvée sur la charpente alors que les travaux avaient déjà commencé. La charpente a alors dû être totalement reconstruite en métal. Par ailleurs, il y avait aussi des doutes sur la future utilisation du lieu, qui a d’ailleurs été construit de manière à être employé différemment si nécessaire. »

C.S.