Tradition oblige, Catherine Séguin, nommée préfète de la Loire par décret le 29 juillet, a déposé une gerbe au monument aux morts de Saint-Etienne le jour de sa prise de fonction, lundi 24 août. Après cette première sortie publique, elle a souhaité rencontrer la presse pour se présenter et avoir un temps d'échange.
Le nom de Séguin n'est pas inconnu. La nouvelle préfète de la Loire n'est autre que la fille de Philippe Séguin, haut fonctionnaire et homme d'Etat français, président de l'Assemblée nationale de 1993 à 1997 et président de la Cour des comptes de 2004 à 2010. C'est dans la fonction publique française que Catherine Séguin a commencé sa carrière professionnelle (ministères, Conseil régional). Elle l'a poursuivie dans le secteur privé, en particulier dans le domaine de l'audiovisuel (Canal+, TV5 monde). En 2011, elle passe le concours ouvert aux non fonctionnaires pour accéder au corps préfectoral. Elle est alors nommée sous-préfète et directrice de cabinet du préfet du Pas-de-Calais. Avant d'arriver dans la Loire, Catherine Séguin était préfète du Gers depuis janvier 2018.
« J'arrive d'un département rural », un peu comme la Loire, « avec bien évidemment des différences ». Catherine Séguin avoue connaitre que peu la Loire, seulement pour l'avoir traversée, mais se dit « extrêmement heureuse de cette nomination ». Il s'agit « d'une destination diversifiée, avec des problématiques variées du nord au sud. Je découvrirai les défis et les enjeux. » Cela ne signifie pas que Mme Séguin ne s'est pas renseignée sur notre département et ne s'est pas emparée des dossiers qui l'attendent. « La Loire est connue pour son industrie, son dynamisme, son innovation, son offre de formation conséquente, son environnement riche. » Elle n'oublie pas le sport, et l'historique épopée des Verts, elle qui se dit « férue » de sports collectifs, avec une préférence cependant pour le rugby.
« J'aborde ma nouvelle mission avec honneur, plaisir, humilité et détermination, assure Madame la préfète. Mon engagement est fort et motivé. » Elle a déjà eu un premier contact avec les « grands élus du département » et multipliera les rencontres dans les prochains jours et prochaines semaines avec « les forces vives du territoire », celles et ceux « qui le font vivre et l'animent », avec « une vraie volonté d'être toujours dans le dialogue ».
Effectivement, sans feuille de route affichée, Catherine Séguin n'en cache pas pour autant sa méthode, « fondée sur le dialogue ». « C'est d'ailleurs pour cela que j'ai choisi ce métier, qui est de terrain et de dialogue. Même si cela demande beaucoup d'énergie, c'est un privilège et précieux de voir le résultat de son action. »
Crises sanitaire et économique
« J'arrive dans un contexte atypique », sur fond de crise sanitaire, mais aussi sociale et économique, qui en fait « un moment inédit de notre histoire ». « La crise sanitaire est ma priorité absolue. J'entreprendrai tout pour limiter la propagation » de l'épidémie de Covid-19 : renforcement des moyens de prévention, politique de dépistage, augmentation des contrôles pour veiller au bon respect des règles. L'objectif étant « d'éviter des formes de confinement », qu'il soit strict, partiel, local, élargi. Au sujet de demandes potentielles de dérogation pour la tenue de manifestations rassemblant plus de 5 000 personnes, Madame la préfète s'explique : « Je regarderai dans un premier temps la situation sanitaire. Si elle est défavorable, il n'y a pas de discussion à avoir. Je suis attentive au quotidien à l'évolution. Si la situation sanitaire le permet, je regarderai le protocole sanitaire prévu par l'organisateur, car c'est lui qui en a la responsabilité. Le pouvoir de dérogation existe ; je l'exercerai si toutes les cases sont cochées. » Mais, « un préfet peut aussi interdire une manifestation ayant moins de 5 000 personnes », prévient-elle.
De la crise sanitaire découle une crise sociale et économique, d'où le plan de relance économique élaboré par le gouvernement. Après les premières mesures pour passer le premier cap difficile, « nous entrons dans une phase plus durable pour préserver l'emploi et l'économie, pour donner à l'économie les moyens de la relance, tout en respectant les règles sanitaires ». Sans oublier le soutien aux plus précaires. « Une crise sociale d'une ampleur inégalée s'annonce. » Catherine Séguin affiche alors ses quatre axes prioritaires : une économie forte, écologique, solidaire et souveraine.
Autre mission que s'est fixée la nouvelle préfète de la Loire : la sécurité, avec le maintien de l'ordre public, la lutte contre les incivilités, la délinquance et l'insécurité routière. « Il faut un mix de pédagogie, de prévention et de contrôle. »
D'autres sujets ont été abordés comme la politique envers les quartiers prioritaires, la liaison Saint-Etienne – Lyon (« Ce sera une priorité »), les conflits avec les supporters de l'ASSE, les « gilets jaunes ». Catherine Séguin affichait à chaque fois sa volonté de dialogue et précisait : « La continuité des services de l'Etat est une réalité. Il ne faut pas créer de rupture tout en impulsant une nouvelle dynamique, avec un objectif de résultat. »
Les sujets agricoles
Quant à l'agriculture, « je me suis bien renseignée » sur les dossiers. De Peur de faire une liste non exhaustive et attendant d'avoir un entretien approfondi avec les représentants de l'agriculture départementale, elle dit retenir un dossier prioritaire : « la sécheresse. C'est le plus immédiat. Après ces rencontres, je pourrai établir les priorités.» Catherine Séguin avoue que les sujets agricoles la passionnent, même s'ils sont difficiles. Son mode opératoire est le suivant : « On se parle directement, on pose les sujets sur la table, on essaie de trouver des solutions ensemble. » Et Madame la Préfète a pu se pencher rapidement sur le dossier de la sécheresse puisque, le lendemain de son arrivée, elle a réuni un comité sécheresse.
Lucie Grolleau Frécon
