Fête du lait
Présentation de vaches en concours, mode d’emploi

Le 22 juillet, une journée dédiée à la préparation des vaches Prim’holstein aux concours de vaches laitières était organisée au Gaec du Neypalles, à Saint-Héand. Entretien avec Corentin Defours, membre de l’association show open genisses et animateur de cette journée.

Présentation de vaches en concours, mode d’emploi
À 26 ans, Corentin Defours, membre de l’association show open génisses, a animé la journée du 22 juillet à Saint-Héand, dédiée à la préparation des vaches Prim’holstein aux concours de vaches laitières. Crédit photo : Guillaume Moy

À 26 ans, Corentin Defours est installé à Sury-le-Comtal sur l’exploitation familiale au Gaec de l’Ozon, avec ses parents et son frère, depuis janvier 2021 en production laitière. Membre de l’association show open génisses depuis environ cinq ans, il animait la journée du 22 juillet dédiée la préparation d’animaux aux concours, et notamment la partie tonte.

En quoi consistait la journée du 22 juillet ?

Corentin Defours : « Elle avait pour but d’attirer les jeunes motivés par l’élevage à sortir et de se rencontrer sur le milieu des concours. Elle visait à leur montrer comment on prépare une vache à ce genre de compétition et, au préalable, comment on effectue un travail de présélection. La formation était basée sur l’apprentissage du lavage, du dressage, de l’alimentation, de la tonte… en somme, tout ce qui concerne la préparation des animaux. La journée était grandement orientée par rapport à la Fête du lait qui se déroulera les 9 et 10 septembre à Saint-Héand. On essaie de proposer ce type d’animation au moins une fois par an. Comme il n’y a pas de show open génisses cette année, mais la Fête du lait, on s’est principalement concentrés sur la préparation d’une vache et non d’une génisse. Au final, la journée s’est super bien déroulée, l’organisation était parfaite et les jeunes étaient très motivés. Ils étaient environ une trentaine, de tout âge (de 10 à 17 ans), avec autant de filles que de garçons. On remarque d’ailleurs qu’il y a beaucoup plus de filles qu’avant et, du coup, on trouve un véritable équilibre. »

La thématique de cette journée était la préparation des animaux. À quoi faut-il bien penser en amont ?

C.D. : « Il y a un important travail à effectuer. Il faut d’abord sélectionner la vache par rapport au concours, mais aussi à son stade de lactation (si c’est une vache) ou à son âge (si c’est une génisse). La vache ne doit être ni trop jeune ni trop vieille pour un concours, ne serait-ce que pour la facilité de préparation ou pour son bien-être. Le minimum est qu’elle soit environ à trois mois de lactation puis, idéalement, entre trois et sept mois. Ensuite, on commence le dressage de la vache, si possible deux mois avant le jour du concours. Mais on a bien conscience que cela peut aussi être des moments compliqués en fonction du travail qu’il y a sur la ferme. C’est la raison pour laquelle y a de plus en plus de jeunes qui s’y mettent, puisqu’ils ont sans doute un peu plus de temps par rapport à leurs parents ou autres adultes présents sur la ferme. Le dressage demande un temps conséquent, soit environ cinq ou six heures par semaine. Le but est de dompter la vache ; si elle n’est pas très docile ou coopérante, cela peut mettre plus de temps. Une fois que la vache commence à bien s’habituer, on peut lui mettre un licol de présentation. En cuir noir, cette pièce d’harnachement possède une chaine qui passe sous le museau. Si elles n’en ont jamais connu, elles peuvent aussi en avoir peur, alors il faut leur apprendre à s’y habituer. Dès qu’elle parvient à s’y faire, aussi bien avec l’homme qu’avec le licol, le lavage comme le brossage peuvent démarrer, à raison de plusieurs fois par semaine. Quant à la tonte, il est préférable de la faire un mois avant le concours. »

L’alimentation doit-elle être modifiée ?

C.D. : « Si une vache est en forme avec son alimentation de base, il ne faut pas chercher à modifier sa ration avant un concours. Sinon, on risque de complètement la dérégler. En revanche, si son alimentation doit être changée, on essaye de s’y prendre deux mois à l’avance en la plaçant dans un box séparé et en lui proposant une ration spécifique. »

Quels derniers préparatifs doit-on faire la semaine du concours ?

C.D. : « Il faut avoir tout le matériel entretenu : licol, paquets d’alimentation, tenue de présentation. La dernière semaine, la vache doit être lavée tous les jours, voire deux fois par jour. Surtout, il faut changer de rythme pour la conditionner et ce, en étant plus souvent avec elle.  Il reste toute une série de choses à prendre en compte : tonte juste avant le départ, préparation de sa ration et stockage de celle-ci sur le lieu du concours, apport de produits vétérinaires au cas où, etc. Sur ce dernier point, même si un vétérinaire est présent, il faut être en mesure de prodiguer les premiers soins en cas de bobos et avoir donc préparé une petite pharmacie. Par exemple, si stress il y a, il peut y avoir des montées en températures ou une digestion déréglée. Même schéma pour des problèmes liés au transport. »

Et la veille du concours ?

C.D. : « Dès l’arrivée, il est important de tenir sa vache propre et d’être constamment derrière elle. À certains horaires précis, on lui élabore des petits paquets de ration pour qu’elle soit préparée au mieux. S’il était difficile de le terminer à la ferme, il est possible de s’occuper des derniers petits points de tonte sur le lieu de la compétition. Pour des concours régionaux ou de plus grande envergure comme à Cournon d’Auvergne (Sommet de l’élevage, NDLR), il y a la partie clippage à faire pour la race Prim’holstein, soit la tonte et préparation esthétique d’une vache avant concours. La vache n’est pas coutumière de toutes ces étapes, d’où l’importance d’être très souvent à ses côtés avant son départ de la ferme, pour l’habituer à être manipulée à toute heure. »

Qu’en est-il du Jour J ?

C.D. : « Ce qui change par rapport aux jours précédents, c’est le stress. Si la vache ne connait pas l’heure à laquelle elle passe, l’éleveur, lui, en est bien conscient. Les dernières heures, il faut s’assurer de peaufiner les détails avec la vache et faire attention à sa condition, qu’elle s’alimente bien et qu’elle soit prête. Quand on passe sur le ring, la vache doit être au top de sa forme, il faut que ce soit son jour. Elle doit être bien remplie au niveau de l’abdomen, que les mamelles soient bien pleines, sans aller dans l’excès. Il faut garder en tête le bien-être animal, respecter la vache. »

Que faire si la vache ne se porte pas bien ?

C.D. : « Le Jour J ou même la veille, deux scénarios sont envisageables après la mise sous antibiotiques par le vétérinaire : soit il ne faut pas la présenter, ce sont des choses qui peuvent arriver ; soit elle se porte mieux sans être en grande forme, auquel cas on peut quand même la présenter, cela fait partie des aléas. »

Sur le ring, enfin, comment se comporter ? 

C.D. : « La démarche à adopter relève d’une harmonie qui se crée entre l’éleveur, la vache et toutes les autres vaches présentes sur le ring. Avant toute chose, lorsque l’on entre sur un ring, on est fiers d’en être arrivés là. Ensuite, en termes de présentation, il y a un rythme à apprendre, une posture à avoir. On entre en marche avant avec la vache sur le côté pour se présenter, nous et notre animal, devant le juge. Puis on se tourne et en marche arrière, on présente cette fois uniquement la vache. Il faut être vigilant à la vitesse d’avancement, à l’harmonie de la vache sur le ring et à ce que l’éleveur tienne correctement sa bête, qui peut avoir peur sur le ring. »

Axel Poulain