Feurs
150 (+2) bougies pour le lycée du Puits-de-l’Aune

Fondé en 1870, le lycée agricole et technique privé du Puits-de-l’Aune organise une journée festive pour fêter, avec deux années de retard, son siècle et demi d’existence. L’occasion de revenir sur l’histoire de cet ancien orphelinat, marquée par de nombreux déménagements jusqu’à son implantation rue Louis-Blanc il y a deux décennies.

150 (+2) bougies pour le lycée du Puits-de-l’Aune
Au début des années 2000, le lycée du Puits-de-l’Aune s’est installé dans ses locaux actuels, situés rue Louis-Blanc à Feurs.

Crise sanitaire oblige, c’est avec un décalage de deux ans que le lycée du Puits-de-l’Aune va fêter son 150e anniversaire. L’événement se tiendra le 21 mai dans les installations situées rue Louis-Blanc à Feurs (lire l’encadré), où il s’est installé au début des années 2000 après avoir pas mal bougé au sein de la ville. Quatre pôles de compétences le composent : un lycée technique privé entre formation initiale (200 élèves) et apprentissage (80), un centre de formation continue, un pôle de ressources (Agorathèque) et une crèche d’application (Babylaune).

Ses champs professionnels se situent essentiellement autour du service à la personne et des bio-industries de transformation (cosmétique, pharmaceutique, alimentaire/laboratoire). « Il y a une vraie cohérence entre l’établissement, les familles, les jeunes ainsi que les 250 entreprises, institutions et associations qui les accueillent », assure Annie Pascal, présidente depuis fin 2019 de l’association qui gère la structure.

Sa création remonte donc à 1870, à l’initiative d’Eugène d’Assier. « À son décès, son épouse, Noémie d’Assier, a décidé de continuer avec l’aide d’un prêtre, puis elle a fait appel aux religieuses de l’enfant Jésus avant de céder l’établissement à la paroisse en 1877. Elle n’avait plus les moyens de l’entretenir », retrace Jeanine Chavot, présidente de l’association de 1993 à 2019 et qui se passionne pour son histoire. S’il y a un doute sur la première implantation de l’établissement, au sein du château du Rozier ou de la résidence d’été de cette famille, les choses sont plus claires sur sa vocation. En 1877, il prend le nom de Petit orphelinat et les premières filles arrivent, opérant une bascule : il faudra attendre un siècle et 1984 pour qu’un garçon y soit à nouveau admis, l’établissement étant évidemment mixte de nos jours.

Déménagements en série

Après la loi de séparation des Églises et de l’État, en 1905, l’activité de formation débute autour de la lingerie et de la broderie. Tout se passe alors place Dorian, l’actuelle place Guichard. Puis rue du Château, devenue rue du Palais, avant de se diriger rue de la Loire, au numéro 24, en 1938. « Ma maman a connu ces locaux en tant qu’élève, se souvient Jeanine Chavot, qui a perpétué la tradition familiale en y étudiant puis en y enseignant la biologie avant de devenir parent et grands-parents d’élève. Les premiers cours ménagers datent de cette époque : cuisine, couture et autres rudiments pour bien tenir sa maison. » Dix ans plus tard, la structure bouge de quelques mètres pour s’établir cette fois au numéro 11 (l’actuel 13).

En 1958, une association est née, portée par Jean Boichon, avec Jeannette Cambray comme vice-présidente. Leur objectif ? Que l’État reconnaisse l’établissement comme unité d’enseignement, afin qu’il puisse recevoir des subventions et percevoir la taxe d’apprentissage : « Grâce à leur réseau, ils ont été très efficaces, ce qui a été intéressant pour les finances de l’école, qui adhère à la Fédération familiale nationale (FFN), devenue depuis le Conseil national de l’enseignement agricole privé (Cneap). »

Cette nouvelle donne lui permet d’acheter ses premiers locaux en 1959. Au 5 rue du Palais (l’actuel 3 bis), elle accueille 13 adolescentes, mais l’effectif grandit rapidement et explose, même, pour atteindre les 115 élèves quatre ans plus tard. « L’évolution de la société a fait que les jeunes allaient plus loin dans leur cursus. L’école a donc été ouverte plus de jours par semaine et a commencé à dispenser des diplômes tels que CAP et BA (Brevet d’apprentissage), suivis du Brevet d’apprentissage d’enseignement agricole quand l’État l’a mis en place », renseigne Mme Chavot.

Sœur Marie-Chantal, directrice marquante

Dans l’histoire de cette école, 1967 est une date importante. Elle correspond à la nomination comme directrice de sœur Marie-Chantal Desigaud, arrivée trois ans auparavant : « C’était une excellente gestionnaire, à l’écoute des familles et des jeunes, qu’elle accueillait individuellement avec la volonté de les aider. » Pendant près de 20 ans, jusqu’en 1993, elle siège au conseil national de l’Union nationale de l’enseignement agricole privé (Uneap), ce qui lui permet d’avoir un accès direct à l’information et aux nouveaux dispositifs.

En 1991, l’établissement change à nouveau de nom et adopte celui qu’il porte encore aujourd’hui : le Puits-de-l’Aune, qui devient lycée avec l’ouverture d’un baccalauréat. « Des membres du conseil d’administration souhaitaient l’appeler lycée Marie-Chantal, mais elle a refusé, raconte Jeanine Chavot. Une réflexion entre enseignants a commencé et, comme on venait de casser le portail qui donnait sur la place du Puits-de-l’Aune… Ce nom est resté même après le déménagement. »

Photo prise à la fin des années 1960 devant le premier bâtiment construit en centre-ville, rue du Palais.

1993 est une autre année charnière. Fernand Berchoux, qui exercera par la suite à Ressins (Nandax) puis à Saint-André (Sury-le-Comtal), prend la direction. L’internat n’est plus aux normes de sécurité, il faut faire quelque chose. Des appartements sont loués provisoirement et une recherche de local est entreprise, mais aucune solution ne donne satisfaction. Changement de cap et achat d’une parcelle en 1996, la première pierre est posée en 1999 et les cours s’y déroulent en 2001. Deux ans plus tard, Jean-Michel Mari devient directeur et impulse la construction de l’agorathèque et de la crèche pédagogique. Devant l’ampleur que prend la formation continue, il faut réaliser une première extension. Un dernier agrandissement vient également d’être réalisé et son inauguration sera l’un des temps forts du 150e anniversaire.

« Depuis 2003, le lycée du Puits-de-l’Aune fait partie de la cinquantaine d’établissements salésiens de l’Association des Maisons Don Bosco. Il a beaucoup évolué ces 20 dernières années. Des constructions ont vu le jour grâce à la bonne gestion de nos prédécesseurs et à la tutelle des sœurs du monde rural, ainsi que quelques legs et des emprunts », détaille Annie Pascal. La présidente de l’association se montre optimiste pour l’avenir : « Le lycée du Puits-de-l’Aune est en ébullition, plein de projets. Le Covid-19 a un peu stoppé notre élan, mais j’ai bon espoir. Les adhérents (parents d’élèves, anciens élèves, etc.) sont impliqués et c’est essentiel car notre organisation en association loi 1901 exige du bénévolat, c’est une question de société. »

Franck Talluto

Le programme des 150 ans

Le 21 mai, le lycée du Puits-de-l’Aune célèbrera ses 150 ans avec plusieurs animations et la volonté notamment de permettre aux anciens élèves de se retrouver. Dès 9 heures, on pourra ainsi (re)découvrir les locaux, à l’exception du récent agrandissement, qui sera inauguré plus tard dans la journée. Les visites seront assurées par les jeunes, le personnel et les membres de l’Association des anciens élèves, qui proposeront aussi de petites animations. Un repas est prévu à 12h30 et une célébration religieuse se déroulera à 15h30. Attention : il s’agit d’un événement privé, pour lequel l’inscription se fait jusqu’au 1er mai sur le site internet de l’établissement.