Président de la République
Les chantiers agricoles d’Emmanuel Macron

Les urnes ont parlé. Emmanuel Macron est réélu à la tête de l’Etat jusqu’en avril 2027. Ses chantiers sont immenses, y compris dans le secteur agricole et agroalimentaire. Les agriculteurs et leurs représentants syndicaux l’attendent sur de très nombreux dossiers.

Les chantiers agricoles d’Emmanuel Macron

Maintenir et développer le potentiel de production de l’agriculture française et européenne ; concilier production et protection de l’environnement et de la biodiversité ; mettre en place une grande loi foncière réclamée par la profession agricole ; réviser la stratégie Farm to Fork et le Green Deal ; instaurer des clauses miroirs dans les traités internationaux ; assurer le renouvellement des générations, etc. Tels sont quelques-uns de nombreux chantiers auxquels le président de la République, son gouvernement, et en particulier le futur ministre de l’Agriculture, devront s’atteler dans les cinq prochaines années. S’y ajoute celui tout aussi épineux de la ruralité et de ses très nombreuses fractures « qui ont marqué le scrutin présidentiel », a souligné la FNSEA dans un communiqué du 25 avril.

Adressant « ses félicitations » au président, le syndicat majoritaire se félicite du « choix d’une France forte, portant une ambition pour l’Union européenne ». La FNSEA, qui promeut « la vision d'une agriculture française forte, audacieuse et durable », rappelle aussi au chef de l’Etat que « l’agriculture est une chance pour la France ». Elle attend de lui qu'il confie au prochain ministre de l’Agriculture la mise en œuvre des 30 propositions qu’elle a formulées en début d’année « pour que l'agriculture soit en mesure d'apporter sa contribution essentielle à la souveraineté alimentaire et à la souveraineté énergétique de la France ».

Majorité parlementaire

Plus concrètement, le président devra concrétiser les promesses du candidat faites lors du grand oral du Conseil de l’agriculture française le 30 mars dernier, en faisant voter, d’ici la fin de l’année 2022, « une loi d’orientation et d’avenir pour assurer le renouvellement des générations, la formation et l’installation des jeunes agriculteurs ».

De même, les agriculteurs souhaitent qu’Emmanuel Macron acte définitivement le vote d’une grande loi foncière promise en 2019 sur le Salon international de l’agriculture, promesse sans cesse repoussée en raison d’un « calendrier parlementaire trop chargé ».

Sur le volet de la transition écologique, il lui faudra concrétiser les deux autres volets du Varenne de l’eau que sont les plans d’adaptation par filière et la stratégie revisitée de la gestion de l’eau, le premier volet (assurance récolte) ayant déjà été voté en février dernier. Favorable aux New breeding techniques (NBT), le chef de l’Etat devrait profiter de sa qualité de président de l’Union européenne, pour convaincre ses partenaires leur fixer un cadre réglementaire et permettre d’assurer la souveraineté agricole et alimentaire qu’il défend.

De même, il lui faudra poursuivre les plans activés ces deux dernières années : plan de Relance, plan protéines, plan de résilience, France 2030 pour donner aux filières agricoles leur pleine capacité de production et de conquête des nouveaux marchés.

Pour que son programme soit appliqué, le président de la République entend s’appuyer sur le « Premier ministre (qui) sera directement chargé de la planification écologique ». Il devra donc veiller à ce que les intérêts de cette planification soient compatibles avec les enjeux économiques, sociaux et sociétaux des agriculteurs.

En même temps, il devra veiller à ce que le revenu agricole, tant des actifs que des retraités, se rapproche des autres catégories de Français. Toute la question est maintenant de savoir s’il disposera d’une majorité parlementaire suffisante pour appliquer ce programme assez ambitieux. Réponse après le 19 juin, date du second tour des législatives…

Annonces du candidat

« Nous resterons dans la ligne de l’accompagnement des transitions, pas d’interdiction sans solution », avait expliqué Audrey Bourolleau, coordinatrice du groupe de travail agricole de la campagne d’Emmanuel Macron, le 19 avril. Les deux mesures marquantes du volet agricole sont la mise en place d'un « chèque alimentation » et l'élaboration d'une loi « d'orientation et d'avenir agricole ». Cette loi portera exclusivement « sur l’installation et la transmission ». Quant au « chèque alimentation », il sera mis en place « après l'élection », avait assuré Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture, le 17 avril.

Christophe Soulard et AgraPresse