Anne-Laurence Chartier
Conseils d’une championne de la pose de clôtures permanentes électriques

Cette éleveuse de l’Allier a adopté, peu de temps après son installation, la clôture électrique permanente pour le pâturage de ses vaches charolaises. Appliquée et compétitrice, elle a participé à plusieurs reprises au concours de pose de clôture organisé par la marque Pâtura. Une expérience qui l’aide sur son exploitation.

Conseils d’une championne de la pose de clôtures permanentes électriques
Anne-Laurence Chartier utilise, et maîtrise, depuis plus de 15 ans la pose de clôture permanente électrique. Ici, vu d’ensemble : trois fils, ressorts, tendeurs et isolateurs.

Pourquoi avez-vous participé aux concours de pose de clôture et quelles places avez-vous obtenu ?

Anne-Laurence Chartier (1) : « Quand je me suis lancée dans la clôture permanente, le vendeur m’avait expliqué comment faire une clôture. J’étais bon élève, j’ai appliqué scrupuleusement les consignes. C’est mon côté maniaque… J’ai été sollicitée par ce vendeur pour prendre part au concours de Pâtura, qui se tient traditionnellement au Salon de l’herbe à Villefranche-d’Allier. J’ai participé à mon premier championnat de France en 2007 et j’ai été championne de France, dès cette première participation. Ce classement m’a donné accès aux championnats du monde en 2008. J’étais la seule femme. J’ai terminé à la 10è place sur 10... Finalement, j’ai pris goût à la compétition. A ma deuxième participation aux championnats du monde, en 2015, je me suis classée 4e. C’est le meilleur résultat d’un concurrent français à cette compétition. »

Qu’est-ce que cela vous a apporté pour votre exploitation ?

ALC : « Je me suis rendu compte que j’avais une petite corpulence par rapport aux autres concurrents. Mais pas besoin d’avoir de gros muscles pour faire une clôture, c’est en fait une technique à maîtriser. Participer aux concours m’a permis d’améliorer ma technique sur quelques points. Ca m’a surtout aidé à m’organiser et à gagner du temps sur mon exploitation. Lors de la préparation aux concours, mon coach m’a toujours conseillé de ne pas faire de voyage à vide. Je le reproduis quand je fais mes clôtures et je gagne en rapidité. »

Pourquoi avez-vous adopté la clôture électrique permanente ?

ALC : « A mon installation, j’ai fait quelques clôtures avec du fil barbelé, mais je ne trouvais pas ça facile de pose et d’utilisation. J’ai donc testé la clôture électrique. Une fois qu’on y a goûté, on ne revient plus en arrière. C’est ce que je constate pour moi et pour de nombreux éleveurs. On utilise moins de piquets et moins de fils, la pose et l’entretien sont plus faciles. Essayer la clôture électrique, c’est l’adopter, et pour longtemps puisqu’elle dure 20 à 30 ans.

Désormais, avant la période de pâturage, je fais le tour de mes clôtures en un jour. J’ai juste à changer quelques isolateurs et à retendre un peu les fils. Avec les fils barbelés, il y a plus de temps à passer car les vaches ont tendance à se frotter contre et à l’abîmer. Quand il fait beau, c’est un plaisir de suivre les clôtures ; je ne vis pas cela comme une contrainte.

Les animaux aussi s’y habituent bien. Le fil barbelé est une clôture physique alors que le fil électrique est plutôt une clôture psychologique. Quand je vois que des jeunes veaux passent sous les fils au moment de la mise à l’herbe, je coupe le courant quelques heures. Les vaches ne cherchent pas à franchir le fil et les veaux reviennent tout seul vers leurs mères. Ils se familiarise vite avec ce système de clôture. »

Comment bien préparer son chantier d’installation d’une clôture permanente électrique ?

ALC : « Avant de partir dans les prés pour construire une clôture, c’est mieux de passer un peu de temps pour préparer son chantier sur le papier. Il faut faire le tracé de sa parcelle, voir où placer les barrières, où positionner les piquets de coin et les piquets sur lesquels le fil va exercer une tension. Les autres piquets, dans les lignes droites, ne servent qu’à soutenir le fil.

Puis, il ne faut oublier aucun élément. Bien évidemment, il faut les fils, les ressorts et les tendeurs qui donnent de la souplesse au fil, pour éviter qu’il ne casse quand une branche tombe dessus par exemple, ou pour le tendre. Il faut une bonne pince pour couper le fil, qui sert aussi à tirer le fil. On recoupe ensuite le fil à la main, selon la technique préconisée, pour qu’il ne soit pas blessant, tant pour les hommes que pour les animaux. Il faut de quoi transporter les piquets et de quoi faire les barrières. Il ne faut pas oublier la visseuse, chargée, pour fixer les isolateurs sur les piquets. Les piquets intermédiaires n’ont pas besoin d’être trop gros. Par contre, les piquets de tête doivent être enfoncés dans la terre autant qu’ils dépassent. Le testeur pour l’intensité du courant est indispensable. Celui que j’ai indique les pertes et permet de couper le courant à distance. Il est connecté avec le poste de clôture. 

Quand on pose sa clôture, il faut tenir compte de la végétation. Il ne faut pas avoir peur de s’éloigner de la haie pour pouvoir passer le broyeur. De toute façon, les vaches broutent sous le fil et entretiennent cet espace.»

Outre tout ce matériel, comment avoir une installation électrique performante ?

ALC : « L’alimentation sur secteur est l’idéal pour avoir une efficacité optimale. Le poste de clôture est à étudier selon le parcellaire et la longueur de fil. On peut quand même utiliser des postes avec des piles, mais il faut en avoir en stock, ou avec des panneaux solaires. Pour ma part, j’ai un poste sur secteur pour 83 ha et un poste avec panneau solaire pour 5 ha ; il fonctionne de mars à novembre.

La prise de terre ne doit pas être négligée. Elle doit être faite avec des piquets mis en terre dans un endroit qui garde l’humidité ou avec de l’argile, espacés d’au moins 3 mètres les uns des autres. Sur mon installation, les piquets sont reliés entre eux avec un câble isolé et j’ai fait une bonne connexion entre le fil et les piquets avec des boulons en inox. La prise de terre du poste de clôture ne doit pas être la même que la prise de terre du bâtiment.

Dans le parcellaire, c’est important que le courant fasse une boucle, que le circuit soit fermé pour éviter toute perte. Il passe d’une parcelle à l’autre par la clôture ou par un câble isolé.

Personnellement, j’utilise des barrières en cordelette électrifiée avec une poignée, même au bord des routes. Par contre, c’est important de faire passer l’électricité dans le sol, sous la barrière, pour ne pas avoir de déperdition. Et même si la barrière est ouverte, l’électricité continue à passer. »

 

Lucie Grolleau Frécon

(1) Anne-Laurence Chartier est installée depuis 2005 sur une exploitation allaitante à Neuilly-en-Donjon, dans l’Allier : 88 ha, tout en herbe, avec 65 vaches charolaises inscrites au HBC. Depuis 5 ans, elle a diversifié son activité avec de la vente directe de viande bovine et de veaux de lait.

 

Les clôtures d'Anne-Laurence Chartier en images