Depuis le mois d’avril, la Chambre d’agriculture de la Loire édite chaque semaine le bulletin irrigation. Le dernier a été publié la semaine dernière. L’heure est donc au bilan de la campagne d’irrigation 2023.

Une campagne d’irrigation disparate

Après une année climatique 2022 caractérisée comme très sèche, l’hiver 2022-2023 a suivi la même tendance jusqu’à début mars. Ce n’est que durant la deuxième décade de mars qu’a été relevée une pluviométrie supérieure à la normale. Ensuite, la pluviométrie décadaire est restée proche mais inférieure à la normale, et même déficitaire durant la dernière décade de mai. Au mois de juin, la station d’Andrézieux-Bouthéon a relevé une pluviométrie très supérieure à la normale (114 mm alors que la norme est de 76 mm). Durant l’été, la pluviométrie est restée toujours déficitaire par rapport à la norme.

Des ETP (Evapotranspiration potentielle) supérieures à la norme ont été observées jusqu’à fin mars, puis inférieures jusqu’à fin mai. Les valeurs ont ensuite été supérieures en juillet et très supérieures à partir du 15 août et jusqu’à la première décade de septembre (jusqu’à +187 %). Du 1er janvier à la première décade de septembre, une ETP cumulée supérieure de 14 % par rapport à la norme a été relevée.

Ce constat climatique reflète la situation observée à Andrézieux-Bouthéon, ce qui n’est pas représentatif de l’ensemble du département. En effet, des orages très localisés, relevés plutôt courant juin et juillet, démontrent des situations climatiques très contrastées, y compris à l’échelle de petites zones agricoles tels que la plaine du Forez ou les monts.

Bilan sur céréales

Sur sols superficiels (type varennes), les sondes tensiométriques ont été installées à Saint-Laurent-la-Conche le 21 mars. Les conditions météorologiques ont créé un déficit hydrique, qui a nécessité un premier tour d’eau le 10 avril, suivi d’un deuxième apport le 27 avril, puis d’un troisième le 18 mai. Enfin, un dernier apport a été effectué le 31 mai. L’ensemble des apports représente 1 000 m3. A titre de comparaison, deux à trois tours qui sont généralement effectués en année normal, soit l’équivalent de 500 à 750 m3 d’eau par ha.

Sur sols d’alluvions (chambons), seulement deux tours d’eau, positionnés durant la dernière décade d’avril et la première de mai, ont été réalisés. Ces pratiques (nombre de tours et volume) sont représentatives de la norme.

Bilan sur maïs

Au regard de la pluviométrie soutenue en juin, les irrigations n’ont débuté que durant la première décade de juillet dans bien des situations. Ensuite, les tours d’eau se sont enchainés sans arrêt, excepté sur les secteurs ayant bénéficié d’orages localisés.

Sur le centre et l’ouest de la plaine du Forez, l’absence de précipitations a contraint des agriculteurs à arroser leurs maïs dès le semis et durant toute la période végétative.

Au total, selon les secteurs géographiques, les indices implantés et les contraintes des arrêtés sécheresses subies, les irrigants ont réalisé entre quatre et dix tours d’eau. Ces pratiques peuvent apparaitre comme une « petite année d’irrigation » pour certains et comme une « grosse année d’irrigation » (équivalente à 2022) pour d’autres.

Disparité des pluies et des irrigations

L’année d’irrigation 2023 est marquée par une sécheresse de fin d’été (août et septembre), laquelle a été subie par tous les agriculteurs du département. Cette sécheresse est intervenue à une période où la majorité des maïs avaient pratiquement couvert leurs besoins en eau, exceptés pour les maïs tardifs.

Du fait d’une année marquée par de nombreux orages localisés, on a observé une très grande hétérogénéité des pluies relevées. En effet, des secteurs comme le centre et l’ouest de la plaine du Forez n’ont bénéficié d’aucun orage significatif, ce qui a contraint les agriculteurs à irriguer de manière continue depuis le printemps.

Ainsi, selon les secteurs géographiques, on relève une grande disparité des volumes d’eau prélevés durant la campagne. En plaine du Forez et sur la rive gauche, certaines exploitations devraient avoir des consommations 2023 supérieures à celles de 2022.

 

Didier Grivot, Conseiller irrigation à la Chambre d’agriculture de la Loire