Fédération nationale bovine
Viande bovine : baisse des effectifs, hausse des prix et des charges

En janvier, la FNB a communiqué le bilan 2022 des indicateurs de marché. La baisse accumulée de cheptel s’est traduite par une baisse des abattages et des exports, sans baisse de consommation. La hausse des prix aux producteurs exprime le manque d’offre. En parallèle, la hausse des charges a été spectaculaire. Maxime Brun, président de la section bovine de la FDSEA de la Loire, commente ces chiffres.

Viande bovine : baisse des effectifs, hausse des prix et des charges
Maxime Brun, président de la section viande bovine de la FDSEA de la Loire.

Chaque semaine, des éléments fournis par la Fédération nationale bovine (FNB) sur les indicateurs de marché de la viande bovine sont publiés dans les pages Cours et marchés de Paysans de la Loire. Les coûts de production publiés sont calculés par l’Institut de l’élevage à partir du réseau des fermes de référence. Ils prennent en compte une rémunération de l’éleveur à hauteur de deux Smic. « La méthode de calcul du coût de production a fait l’objet d’un accord interprofessionnel signé par toutes les familles », rappelle Maxime Brun, président de la section viande bovine de la FDSEA de la Loire. Quant aux cotations, ce sont celles de FranceAgriMer.

Accroissement de la décapitalisation

La FNB a récemment publié le bilan 2022 de ces indicateurs, présentés dans l’infographie consultable en cliquant ici. Un des faits marquants est la poursuite de la décapitalisation du troupeau français (-3 % entre 2021 et 2022, -103 000 naissances). « Elle s’est même accélérée en 2022, note Maxime Brun. La conséquence de cette situation est que la France a de moins en moins de broutards à vendre à l’Italie. Les acheteurs italiens commencent à le comprendre. » Autre répercussion : « Les outils d’abattage ne sont pas saturés. La contractualisation aurait pu sécuriser leurs approvisionnements et, donc, limiter la décapitalisation, estime le président de la section bovine de la FDSEA. Il y a plusieurs années que la FNB alerte sur ce sujet. »

Le responsable syndical poursuit : « Nous savions que la loi Egalim n’allait pas tout révolutionner. Elle a quand même eu l’avantage de mettre en avant le coût de production. Les éleveurs et les négociants ont désormais bien en tête cet indicateur. Malheureusement, ce n’est pas pour cela que les prix couvrent les charges et que des contrats ont été signés en masse. » Selon lui, « nous devons persévérer. Il n’y a que la contractualisation, et donc des prix qui couvrent les coûts de production, qui aidera à stabiliser les effectifs, à redonner du revenu aux éleveurs et donc de l’attractivité au métier, mais aussi à assurer des volumes pour les outils d’abattage ».

Hausse de la consommation

Maxime Brun estime que le contexte économique n’aide pas à faire passer des hausses de prix de la viande auprès des consommateurs. « Les médias parlent souvent des répercutions de l’inflation sur l’alimentation. Malheureusement, la viande n’est pas une priorité d’achat pour les Français. » Néanmoins, la consommation de viande a augmenté : +0,6 % sur les dix premiers mois entre 2021 et 2022. « Mais on constate que les habitudes changent : c’est le haché qui tire la consommation de viande vers le haut. C’est pour cela que les vaches laitières ont été revalorisées. »  

En parallèle, le réseau FNB constate une augmentation de la part de la viande d’importation. « La baisse des effectifs du troupeau français en est en partie la cause, et pas forcément les prix. On peut s’interroger sur les conditions de production de cette viande importée. Correspond-elle aux standards exigés en France ? »

Cours et charges

Maxime Brun estime que c’est la catégorie des Jeunes bovins (JB) qui s’en est sorti le mieux en 2022 : « Il y a moins d’écart entre le coût de production et le prix de vente que les autres catégories (48 centimes), ce qui a incité les éleveurs à engraisser les mâles. Les JB sont consommés en France mais aussi exportés en Allemagne. »

Quant aux broutards, « le fait d’en manquer permet de tenir les prix. Les cours se sont stabilisés dans la saison, mais il manque quand même plus de 60 centimes entre le prix de vente et le coût de production. »

Dans la catégorie des vaches, les cours se tiennent en raison de leur raréfaction. « La filière voulait mettre en avant le Label rouge, mais les vaches répondant à ce cahier des charges sont vendues pas beaucoup plus cher que la viande standard. Elles souffrent de la concurrence du steak haché. Leur valorisation n’est pas intéressante actuellement. Par conséquent, la part de viande Label rouge stagne. »

Sur le terrain, et plus spécifiquement actuellement lors des réunions cantonales, « on ressent clairement que les éleveurs sont démotivés et fatalistes. Certains ont pleinement conscience de la situation économique. D’autres sont satisfaits des prix de vente des animaux qui ont augmenté. Mais attention, ces prix ne couvrent pas forcément les coûts de production car les charges ont elles aussi augmenté. »

Les indicateurs donnés dans la partie Ciseau des prix « se sont resserrés. Ils sont donc moins parlants. Quand le prix des bovins a augmenté en élevage, le prix de la  viande en rayon n’a pas augmenté dans le même temps. Au regard de ces chiffres, on peut se dire que payer des vaches à 5 euros le kilo est finalement possible… »

Lucie Grolleau Frécon