A chaque pays sa formule de prix du lait
Dans chaque pays producteur de lait, la formation du prix soulève une multitude d’enjeux socio-économiques et politiques. Elle est souvent réglementée, même dans les pays les plus libéraux tels que les Etats-Unis ou la Nouvelle-Zélande.

Entre 2019 et 2023, les 1 000 litres de lait valaient 299 € en Argentine et 542 € au Canada, suivis par l’Inde avec 539 € et la Chine à 531 €. La France était à 417 € quand l’Australie et la Nouvelle-Zélande tournaient autour de 360 €. Lors de la 12e édition du « Grand angle lait » organisé par l’Institut de l’élevage, un des sujets traités portait sur la formation du prix du lait payé aux éleveurs dans plusieurs pays.
Quel que soit son pays d’origine, les producteurs de lait sont captifs de leur collecteur. Ils n’en changent pas au gré de la conjoncture du marché du lait. Il n’existe pas non plus de marché spot du lait sortie ferme en raison de la nature périssable du produit.
Péréquation financière
Par ailleurs, le prix du lait payé aux éleveurs est fixé au mois, rarement à la semaine. Son montant dépend de sa composition, de la qualité sanitaire, de la valorisation commerciale des produits fabriqués, mais pas toujours de la conjoncture des marchés des produits laitiers.
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En France, la loi EGAlim 1 a introduit des indicateurs « amont » de coût de production et de prix de revient, dans la négociation sur les modalités de fixation et d’évolution du prix du lait. En sanctuarisant ainsi la matière première, la loi EGAlim 2 articule les contrats amont des transformateurs avec leurs livreurs avec les contrats aval des transformateurs conclus avec leurs clients de la distribution.
Aux Etats-Unis, le prix du lait est très réglementé. Dans chaque bassin de production, les éleveurs laitiers perçoivent le même prix à composition et qualité sanitaire similaires. Mais le prix réellement payé diffère légèrement en fonction de la distance de l’étable à la laiterie (frais de transport à la charge du producteur). A contrario, les industriels paient le lait livré en fonction de sa valorisation lors de sa transformation. A charge pour les Milk Marketing Orders, créés en 1937, d’assurer la péréquation financière entre les transformateurs, en contrepartie d’un prix identique versé aux producteurs indépendamment de la valorisation industrielle et commerciale de son collecteur.
Concrètement, le prix minimum mensuel du lait payé aux producteurs est calculé en s’appuyant sur des formules de calcul qui intègrent l’évolution des prix de quatre produits laitiers (beurre, cheddar, poudres de lait écrémé et de lactosérum) fabriqués par les industriels.
Calcul théorique
En Nouvelle-Zélande, la production de lait est saisonnière : les deux tiers de la collecte sont effectués chaque année entre mi-juillet et mi-janvier. La coopérative Fonterra, qui recueille 80 % du lait collecté du pays, paie chaque campagne laitière sur deux ans. Les éleveurs reçoivent un acompte équivalent à 65 % du prix du lait livré durant les six premiers mois de la campagne. Puis des compléments de prix et la rémunération des parts sociales détenues par les sociétaires de Fonterra sont versés durant le douze mois suivants, alors qu’une nouvelle campagne a déjà débuté. Chaque année, le prix du lait repose sur un calcul théorique qui transforme toute la collecte en cinq produits de base de référence (poudres grasses, poudre maigre, beurre, matière grasse anhydre et babeurre en poudre). De ce prix de vente sont retranchées des charges courantes et des taxes.
Au Canada (95 % d’autosuffisance), les prix sont calculés en fonction des coûts de production.
Au sein de l’Union européenne, la France fait partie des pays où la volatilité du prix du lait est faible comparée à l’Allemagne, l’Irlande ou les Pays-Bas par exemple. C’est aussi le cas en Chine, structurellement déficitaire (77 % taux d’autosuffisance), mais il est librement fixé entre producteurs et collecteurs.
En Argentine et en Australie, la volatilité des prix est la règle.