BVD : maintenant, avant que ce ne soit plus coûteux et compliqué

Inciter fortement les éleveurs de bovins à commander les boucles d’identification avec dépistage de la BVD dès cet été pour aller vers l’éradication de la BVD, voici ce qui a été décidé au cours de la réunion à laquelle beaucoup de responsables professionnels et de directeurs d’OPA étaient présents (structures de services à l’élevage, associations de races, comité de développement, structures commerciales, concours, etc.). Les représentants du GDS leur ont présenté la maladie (propagation, conséquences technico-économiques, moyens de lutte, résultats) et l’évolution future du contexte législatif avec ses contraintes pour les éleveurs. C’est donc en connaissance de cause que les représentants des OPA ont pris la décisions, par un vote à l’unanimité, d’enclencher la vitesse supérieure pour lutter contre la BVD dans le département. Ceci doit passer par la pose systématique des boucles d’identification à prélèvement de cartilage pour détecter les Ipi.
Effectivement, il ne faut pas oublier qu’un animal Ipi est source de contamination pour ses congénères. Ainsi, poser une boucle de dépistage BVD avec prélèvement de cartilage à un veau naissant a pour objectif de détecter s’il est IPI, et, le cas échéant, de l’éliminer. Si le résultat de l’analyse est négatif, cet acte permet de qualifier le veau comme « non Ipi », ainsi que sa mère. « Deux générations sont ainsi qualifiées en même temps, pour un coût modéré », indique David Duperray, président du GDS. Effectivement, une boucle BVD coûte un peu plus cher à la commande qu’une boucle d’identification normale.
Cette démarche de lutte collective contre la BVD vise deux objectifs : préserver les troupeaux des éleveurs et préparer la réglementation à venir. Premièrement, « quand on voit les dégâts que cause la BVD dans les élevages, nous nous devons d’inciter les éleveurs à agir contre cette maladie (lire l'encadré ci-dessous). C’est pour cela que nous les encourageons, depuis plusieurs années déjà, à utiliser la boucle BVD. Dans les départements qui ont déjà travaillé sur le dépistage des IPI, la pression virale est réellement en baisse dans les élevages. Tous les animaux IPI qui sont éliminés ne contaminent pas les autres animaux du troupeau. Si les OPA souhaitent accentuer la démarche, c’est bien, dans un premier temps, dans l’intérêt de l’éleveur, pour protéger son propre élevage. Nous avons la chance d’avoir des outils fiables pour lutter contre la BVD, il faut les utiliser ».
Préparer l’avenir
Deuxièmement, accentuer la lutte contre la BVD, c’est « se préparer à ce qui va arriver », explique David Duperray. « Que l’on soit pour ou contre, la loi de santé animale à l’échelle européenne est écrite et devrait être adoptée en 2021. La BVD sera visée, avec une qualification «indemne de BVD » au niveau du troupeau. Cette loi apportera de fortes contraintes sur le commerce des animaux pour les élevages ayant un passage de BVD. » Auparavant, à l’échelle française, « un arrêté sur la BVD pourrait être signé prochainement, demandant une garantie de non IPI à l’animal ». Ainsi, « les éleveurs qui n’entrent pas dans la démarche maintenant devront qualifier leurs animaux et leur troupeau en un temps très court. Il faut donc anticiper, se préparer avant que le texte de loi très strict soit en vigueur. Commencer à utiliser la boucle BVD dès maintenant, c’est prendre de l’avance ».
Ainsi, la Chambre d’agriculture, qui a en charge l’identification des bovins, prépare actuellement un bon de commande mettant en avant les boucles BVD pour que les éleveurs en commandent dès juillet, pour la prochaine campagne de vêlages, et qu’ils puissent qualifier leur élevage dès 2020. De son côté, le GDS va consacrer un budget conséquent sur deux années pour aider financièrement les éleveurs (analyses, élimination des Ipi). « Je préviens d’ores et déjà les éleveurs que l’aide ne sera pas reconduite. Attendre pour dépister la BVD signifie coût plus élevé demain», insiste David Duperray.
Pour le président du GDS, « il est trop dangereux d’attendre. Cette décision n’est pas un nouveau truc pour embêter les éleveurs, c’est bien dans leur intérêt, pour leur éviter des problèmes ensuite. Si le GDS a décidé de mettre les moyens maintenant, c’est pour anticiper ». D’autant plus que plusieurs pays ont déjà pris de l’avance et mettent la pression pour que la loi de santé animale soit publiée au plus vite. « Pour une fois, ce n’est pas parce que la France veut “laver plus blanc que blanc” que nous incitons à la pose des boucles BVD, c’est bien parce qu’elle est en retard par rapport à d’autres pays. Il y a un grand virage qui s’annonce, c’est le moment de le prendre. » David Duperray ajoutait : « Nous avons fortement conseillé les éleveurs ces dernières années sur le dépistage de la BVD et la lutte contre cette maladie. Ceux qui n’entreront pas dans la démarche cette année risquent de le payer cher plus tard. »
Une réunion s’est déjà tenue avec les vétérinaires. « Les échanges ont été fructueux. Ils ont compris les enjeux et l’intérêt d’encourager les éleveurs à entrer dans la démarche. » Une réunion devrait également être programmée avec les techniciens des structures d’élevage et les représentants des structures commerciales. « Ce sont ces personnes qui sont sur le terrain, qui sont au contact des éleveurs et qui doivent leur expliquer les enjeux. » Le président de la Chambre d’agriculture confirme : « Toutes les structures techniques et commerciales doivent avoir le même message sur le terrain. Ce sont elles qui sont le relais de cette décision départementale. »
Lucie Grolleau Frécon