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Logistique

Comment Jeunes agriculteurs Loire et la FDCuma orchestrent la vaccination sur le terrain

Après la détection d’un cas de Dermatose nodulaire contagieuse dans le Rhône, la Loire s’est rapidement organisée pour mettre en place la vaccination. Une opération logistique gérée notamment par Jeunes agriculteurs Loire, appuyé par la FDCuma. 

Par Alexandra Blanchard-Pacrot 
 Comment Jeunes agriculteurs Loire et la FDCuma orchestrent la vaccination sur le terrain
Grâce à la rapidité d’action des réseaux agricoles ligériens, la vaccination a pu se mettre en place dès la fin d’après-midi du mercredi 1er octobre. ©LGF

Face à la nécessité de vacciner rapidement de nombreux troupeaux en peu de temps après la détection d’un cas de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC), la Loire a su mobiliser ses réseaux agricoles avec efficacité. En quelques jours, Jeunes agriculteurs Loire (JA) et la FDCuma ont mis en place une logistique complète pour trouver, transporter et gérer le matériel indispensable, tout en coordonnant les éleveurs et vétérinaires sur le terrain. Cette organisation, rapide et structurée, illustre la force du collectif et de la solidarité dans le monde agricole.

« Dès le vendredi matin, après le signalement à Saint-Laurent-de-Chamousset (Rhône), nous avons contacté les départements voisins pour savoir qui disposait de couloirs de contention et pouvait les prêter », explique Bertrand Escot, président de la FDCuma de la Loire. Inspirée des pratiques observées en Savoie, le département a recensé une vingtaine de couloirs disponibles et identifié d’autres, au cas où il en manque, dans le Cantal. 


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Chez JA, le travail a commencé par un sondage auprès des présidents de canton pour évaluer les besoins exacts. « Nous avons fait appel à nos contacts et aux Chambres d’agriculture pour savoir ce qu’ils pouvaient mettre à disposition, dans l’Allier, la Haute-Loire, l’Isère, le Puy-de-Dôme et la Savoie », précise Christelle Seyssiecq, secrétaire générale de JA Loire. Dès le mardi soir (30 septembre), du matériel de contention était déjà arrivé sur le département. « Nous avons été tellement efficaces que les couloirs et les barrières sont arrivés plus vite que les vaccins », se réjouit l’éleveuse, saluant la réactivité du réseau. 

Transport et logistique

Le transport du matériel a nécessité une coordination précise et un sens pratique hors pair. « La Cuma du Stéphanois est plutôt tournée vers des opérations de terrassement ; elle dispose d’une pelle à chenille et du camion qui va avec. Nous en avons profité et le chauffeur a effectué plusieurs allers-retours pour ramener barrières et couloirs », raconte Bertrand Escot. Les concessionnaires se sont également mobilisés, certains se proposant spontanément pour participer au dispositif. Les couloirs ont été répartis selon les zones prioritaires et des directives simples ont été mises en place : identifier chaque couloir avant le départ, le photographier au même moment et suivre ses déplacements pour qu’il puisse être retourné dans le même état qu’il a été fourni. « Cette traçabilité permet de savoir exactement où se trouve le matériel », précise Christelle Seyssiecq. 

Chaque canton dispose de référents chargés de gérer le matériel et d’établir le planning des vaccinations avec les vétérinaires. « Cela fonctionne comme une Cuma : simple, pratique et proche du terrain », explique l’agricultrice. Les agriculteurs ont également fait preuve d’inventivité pour se faciliter le travail, bricolant des systèmes de lavage avec cuve d’eau et pompe sur tracteur afin de garantir la désinfection entre chaque utilisation. Cette adaptation rapide a permis de vacciner sans interruption. 


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Au total, seize couloirs de contention et dix panels de barrières ont été utilisés, déplacés et réaffectés selon les besoins des différents secteurs. « Nous avons pu nous appuyer sur Coopel à Chalain-le-Comtal, qui a été un point central, notamment pour les monts du Lyonnais : ils ont réceptionné du matériel avant de le faire transiter aux agriculteurs venu le récupérer », indique la secrétaire générale de JA. 

Syndiqués ou non, tous les éleveurs ont eu accès au matériel. « Il n’était pas question de politique, chacun s’est mobilisé dans l’intérêt commun », souligne Bertrand Escot. Christelle Seyssiecq confirme : « Le matériel est allé partout. » Si les couloirs et les barrières étaient toujours présents dans la Loire au moment de l’entretien (mardi matin, ndlr), ils devraient reprendre la route de leur département d’origine dès le début de la semaine. 

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Une station de lavage mobile

Président de la FDCuma de la Loire, Bertrand Escot a imaginé une solution pratique pour désinfecter le matériel lors de la campagne de vaccination : transformer une tonne à eau en station de lavage mobile.

« On a installé un laveur haute pression sur la tonne, qui sert d’habitude à abreuver, et la mairie de Saint-Héand nous a prêté un groupe électrogène thermique. Résultat : une unité mobile capable de suivre les bétaillères et le couloir de contention », explique l’éleveur. Sur sa ferme, quatre bétaillères s’étaient succédé pour charger et vacciner les animaux. « On a lavé et désinfecté entre chaque passage. Les voisins sont venus prêter main forte. On a fonctionné comme pour un chantier d’ensilage, chacun apportant sa pierre à l’organisation », poursuit-il.

L’idée : éviter de devoir retourner à la ferme pour nettoyer et assurer immédiatement la désinfection du matériel. La mairie disposait d’un tonneau utilisé habituellement pour arroser, et Bertrand Escot s’est dit que ce type de matériel pouvait facilement être mis à disposition des éleveurs. Si le tonneau local s’est révélé hors service, le groupe électrogène, lui, a été prêté sans difficulté. Une entreprise agricole s’était aussi proposée de prêter du matériel pour l’opération.