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En pratique

Comment reconnaître et expertiser les champignons ?

Avant de ramasser ou de déguster ses trouvailles, mieux vaut savoir identifier les espèces et, en cas de doute, faire appel à un expert.

Par Alexandra Blanchard-Pacrot
Comment reconnaître et expertiser les champignons ?
L’Office national des forêts rappelle que même une cueillette « modérée » doit s’accompagner de tri et de vigilance. ©AdobeStock

Cueillir des champignons, c’est bien plus qu’un simple pas en forêt : c’est aussi un exercice d’observation, de prudence et de respect. Pour un ramasseur en zone rurale, voilà les bonnes pratiques pour identifier, trier et – si nécessaire – faire vérifier votre récolte.

Identifier sur place

Avant toute chose, le bon cueilleur prend le temps d’observer l’espace forestier : nature du sol (humifère, calcaire, argileux), espèces d’arbres présentes (chêne, hêtre, pin, épicéa…), humidité et ombrage. Le champignon vit en symbiose ou en décomposition : mieux on connaît l’habitat, plus on augmente ses chances de trouver des espèces comestibles ou d’éviter les dangereuses.


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Lorsque vous repérez un champignon, observez plusieurs critères : le chapeau (forme, couleur, état de surface) ; le pied (solide, creux, bulbeux, présence d’anneau) ; la présence de lames, tubes, ou une surface poreuse sous le chapeau ; la sporée (couleur des spores déposées sur papier blanc ou noir) ; l’odeur, la texture au toucher, une éventuelle réaction au contact (ex. bleuissement) ; et enfin le milieu, les associations arboricoles et la période de fructification.

On privilégiera des outils fiables (guide-mycologique reconnu, association) plutôt que des applications smartphone à elles seules — celles-ci peuvent induire en erreur. L’Office national des forêts rappelle que même une cueillette « modérée » doit s’accompagner de tri et de vigilance. 

Le tri et l’expertise

Après la récolte, étalez vos trouvailles sur une table bien éclairée. Séparez immédiatement les espèces courantes et sûres de celles que vous ne connaissez pas, ou suspectes. Si vous avez le moindre doute : ne consommez pas.


Lire aussi : Champignons : ce qu'il faut savoir avant de partir en forêt


Dans les zones rurales, de nombreuses associations ou clubs mycologiques existent : ils organisent des séances d’identification et de vérification, que ce soit par un mycologue amateur éclairé ou un pharmacien ayant reçu une formation. Ces séances permettent de contrôler les récoltes et d’éviter les intoxications. En cas de doute majeur (espèce rare, doute sur la comestibilité, quantité importante), vous pouvez recourir à une analyse en laboratoire : microscopie, dosage de certaines toxines, etc. Mais pour la majorité des cueilleurs amateurs, l’adhésion à un club local offre une sécurité suffisante.

Précautions et responsabilités

Même pour des cueilleurs expérimentés, voici quelques principes à respecter : privilégiez le panier en osier ou en bois, plutôt qu’un sac plastique — cela permet une bonne ventilation et évite l’écrasement des champignons ; ne récoltez que des champignons en bon état : les vieux, abîmés, gelés ou ravagés par les limaces sont à laisser sur place ; arrachez le champignon proprement à sa base (pied + bulbe), plutôt que de l’arracher brutalement ou utiliser une pioche : cela protège le mycélium (réseau souterrain) et donc la ressource future ; séparez les espèces pour lesquelles vous avez un doute : évitez de mélanger dans un panier non ventilé et mal éclairé.

En cas d’intoxication supposée : conservez un échantillon du champignon, notez l’espèce, et contactez immédiatement le centre antipoison ou les urgences. Quelques minutes d’hésitation peuvent faire la différence.