Accès au contenu
Croissance de l’herbe

Une période charnière pour prolonger le pâturage

La Chambre d’agriculture de la Loire et Loire conseil élevage proposent un suivi hebdomadaire de la croissance de l’herbe pour aider les éleveurs ligériens à bien maîtriser le pâturage et la récolte de l’herbe. Voici le bulletin du 28 avril.

Par Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire Stéphane Laurent, Loire conseil élevage
Une période charnière pour prolonger le pâturage
AdobeStock

A retenir pour cette semaine : après quelques journées de temps pluvieux et frais sur sols réchauffés, la croissance des prairies se prolonge, compensant en partie le défaut de productivité en herbe pâturable de mars 2025. Les températures chaudes de cette semaine et les orages prévus cette semaine vont finir de faire basculer la majeure partie des prairies graminées dominantes (temporaires comme permanentes, base RGI, RGH et/ou dactyle) dans le stade épiaison ou gonflement de la gaine (dactyle), surtout en plaine et étage collinéen (et sur certains adrets en montagne).

Actuellement, deux priorités s’imposent :

- assurer la fauche des parcelles ou paddocks de pâturage débrayés ;

- préparer un pâturage tournant de qualité pour la seconde moitié de printemps/début été.

Il convient de compenser la perte de qualité alimentaire de l’herbe pâturée (selon les productions).

Fertilisation post 1re coupe

Voici quelques conseils sur la fertilisation après la première coupe :

- lisier : apport sous pluie sur prairies peu remontantes juste après la première coupe. A éviter sur RGH et RGI en seconde coupe notamment (trop tard en saison, privilégier si besoin un apport d’azote minéral).

- apport minéral : possible sur certaines prairies à graminées dominantes avec un potentiel de repousses feuillues important (avec très peu d’épiaison) ou sur des graminées remontantes. En cas de pâturage après la première coupe, l’apport minéral n’est pas conseillé.

- mise à l’herbe : le pâturage jour et nuit des vaches laitières conseillé (hors > 800 m d’altitude).

Les sommes de températures depuis le 1er février et le cumul pluviométrique sur le mois d’avril dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France au 26/04/2025) :

- Chalmazel, 500°C, 83,2 mm ;

- Noirétable, 615°C, 78,4 mm ;

- Saint-Sauveur-en-Rue, 604°C, 93,8 mm ;

- Violay, 616°C, 97,2 mm ;

- Chazelles-sur-Lyon, 662°C, 68,6 mm ;

- Fourneaux, 730°C, 92,4 mm ;

- La Valla-en-Gier, 694°C, 75,7 mm ;

- Panissières, 700°C, 103,4 mm ;

- Saint-Georges-en-Couzan, 640°C, 59,9 mm ;

- Arthun, 694°C, 67,8 mm ;

- Balbigny, 750°C, 76,4 mm ;

- Perreux, 744°C, 61,2 mm ;

- Nandax, 746°C, 78,7 mm ;

- Pélussin, 775°C, 117,8 mm ;

- Savigneux, 713°C, 66,7 mm ;

- Veauchette, 729°C, 71,2 mm.

Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département (hauteur en cm et croissance en kg de matière sèche/ha/jour) :

- Saint-Héand (575 m) : 8,2 cm ; 45,7 kg ;

- Soleymieux (630 m) : 10,6 cm ; 73,5kg ;

- Périgneux (680 m) : 7,8 cm ; 51 kg ;

- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 7,0 cm ; 41,6 kg ;

- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 7,6 cm ; 29,0 kg ;

- Champoly (660 m) : 7,4 cm ; 50,2 kg ;

- Vézelin-sur-Loire (450 m) : 7,1 cm ; 55,5 kg ;

- Saint-Genest-Malifaux (950 m) : 6,8 cm ; 48,7 kg ;

- Vivans (320 m) : 10,1 cm ; 68,4 kg

- Perreux (lycée de Chervé) : 11,6 cm ; 80,6 kg ;

- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 9,8 cm ; 92,7 kg ;

- Lay (430 m) : 5,7 mm ; 50,3 kg ;

- Violay (700 m) : 10,7 cm ; 73,3 kg ;

- Violay (720 m) : 11,5 cm ; 91,3 kg ;

- Bussières (650 m) : 13,7 cm ; 86,3 kg ;

- Sauvain (980 m) : 7,8 cm ; 47,8 kg.

Assurer la fauche des parcelles débrayées

en dehors des zones de montagnes, quelques journées chaudes et ensoleillées restent pour finaliser les fauches de premières coupes non récoltées début avril. Il ne faut pas hésiter à en profiter pour récolter dès à présent les parcelles de pâturage débrayées ces quinze derniers jours (Cf. bulletin du 14 avril), sous condition d’une fauche à 8-9 cm du sol minimum conseillée, et ce même si la biomasse récoltable n’est que de 1-1,5 t MS/ha. Ces parcelles pourront être réincorporées ces prochains jours dans lecircuit de pâturage tournant (dynamique). Elles laisseront de la souplesse pour finaliser les fauche de refus et permettront d’allonger les délais de retour sur paddocks au mois de mai (en plaine, sur prairies précoces à faible capacité de repousse post épiaison par exemple, …).

Compenser la perte de qualité alimentaire

Depuis plusieurs semaines, en zones de plaines et piémonts (400 à < 800 m d’altitude) surtout, bientôt en montagnes, les épiaisons successives des graminées dominantes des prairies temporaires comme permanentes (dactyles, fétuques, fléoles, graminées II) sonnent la baisse de la valeur alimentaire de l'herbe pâturée ,que ce soit en énergie (UFL) (< 0,9 voire < 0,85 UFL/kg MS, INRA 2007) comme en MAT. Le développement tardif des légumineuses (températures froides en mars, étouffement par graminées en avril) ne permet pas de compenser pour le moment cette perte de valeurs alimentaires.

Pour des animaux avec des besoins nutritionnels significatifs, cette perte de valeur alimentaire peut s’avérer rapidement préjudiciable, sur des vaches/chèvres laitières comme sur des bovins viande en cours d’alourdissement. Plusieurs leviers sont à actionner :
- ajuster la complémentation (fourrages complémentaires, stratégie de complémentation en concentrés, minéraux, …) selon les besoins des animaux en production, quitte à réduire dans certains cas l’ingestion en herbe pâturée ;
- garantir l’accès à la lumière aux légumineuses via différents leviers : fauche des refus, fertilisation, intensification des retours au pâturage... (Cf. bulletins précédents) ;
- faucher les refus très rapidement afin de limiter les pertes de légumineuses en saison (effet «dactyle» par exemple, …) ;
- dans les prochains jours, incorporer de nouvelles surfaces de pâturage riches en légumineuses ou pauvres en graminées remontantes, sous condition de fauche haute ces derniers jours ;

Préparer un pâturage tournant de qualité

La fauche des refus, très fortement conseillée ces prochains jours, et la récolte de parcelles de fauche invitent à réfléchir dès à présent au prolongement d’un pâturage lactogène le plus longtemps possible ce printemps et ce début d’été. Ce prolongement passe par la constitution dès à présent de stocks fourragers sur pied pâturables, de bonne valeurs alimentaires et très appétents pour le début été 2025.

Plusieurs questions sont à se poser :
- quelles parcelles de fauche et / ou mixtes réincorporer en juin (flore, productivité, type de sol, …) ?
- quel délai de retour et donc quelle surface de pâturage pour fin mai/début juin ?
- quelle fertilisation et autres leviers de conduite de prairies ces prochains jours ?

Les bulletins précédents

Pour retrouver les bulletins édités les semaines précédentes, c'est par ici.