Des concours à une fête du charolais
La sélection de la race Charolaise dans le département de la Loire commence avec la famille Buchet, vers 1880. Originaire de Saône-et-Loire, Antoine Buchet Père sait importer sa méthode d?élevage dans la Loire. L?amélioration génétique du troupeau et son inscription au livre généalogique de la race Charolaise font des émules. Les éleveurs du Roannais, voyant les résultats probants, inscrivent à leur tour leurs animaux au Herd book charolais.
A la fin du 19è siècle, des concours d?animaux existent déjà dans le Roannais. Dès 1900, un concours d?animaux avait lieu à Roanne, place des Promenades, le dimanche de la Passion, ouvert à plusieurs espèces. Le même concours a été déplacé à la caserne Werlé dans les années 30. Le concours est ensuite accueilli au Hall agricole de Roanne, après sa construction en 1938. Ce même hall accueille à deux reprises le concours spécial de la race Charolaise, en 1948 et 1959. En 1946, le concours de Roanne prend la dénomination de Concours départemental ouvert aux bovins viande, bovins lait, ovins, porcins et volailles.
Une foire-concours de veaux reproducteurs charolais est créée à La Pacaudière en 1920. En 1946, elle devient Concours interdépartemental de la race Charolaise, reconnu par la Fédération des concours.
1968, fusion de deux concours
Ces deux concours se complètent, avec à Roanne les laitonnes et les animaux adultes, et à La Pacaudière les veaux mâles de l?année et les taureaux. En 1968, ils fusionnent pour créer le Concours d?animaux reproducteurs de la race Charolaise de Roanne ? La Pacaudière, concours reconnu par la race Charolaise.
En 1968, le concours regroupe 315 animaux charolais reproducteurs de la Loire, bien évidemment, mais aussi de la Nièvre, de l?Allier et de Saône-et-Loire. Il dure trois jours, avec le vendredi matin les opérations du jury et l?après-midi la remise des récompenses. Le samedi est organisé le concours de jugement de bétail et le dimanche le concours des jeunes de moins de 15 ans (concours de présentation de veaux mâles ou femelles). Pendant les trois jours sont exposés des ovins, du gibier et des nuisibles. Est également proposée une importante exposition de matériel d?élevage. (Source Paysans de la Loire du 30 novembre 1968)
Après le concours, on peut lire dans le journal agricole du 14 décembre 1968 les commentaires techniques : « On note particulièrement un développement très net du volume des masses musculaires, correspondant à la demande de nombreux pays étrangers. En effet, beaucoup de pays importent du Charolais et exigent de ces reproducteurs un gros développement pour pratiquer le croisement industriel ». A cette époque, la race Charolaise connaît une période faste sur le plan international. La Loire vend de nombreux reproducteurs à l?export.
1973, venue de Jacques Chirac
Parmi les événements qui ont marqué l?histoire du concours charolais de Roanne, on peut citer la venue de Jacques Chirac en 1973, alors ministre de l?Agriculture. En 1973, les éleveurs de la Loire sont touchés par une sécheresse. Ils préfèrent préparer pour le concours uniquement leurs meilleurs animaux. Ainsi, le nombre d?animaux inscrits est en baisse par rapport aux années précédentes. Cette année-là, les cours de la viande bovine se sont régulièrement effondrés depuis le printemps. La venue du ministre de l?Agriculture à Roanne est donc l?occasion d?aborder les difficultés de l?élevage. Jacques Chirac tient ces propos : « Incontestablement, l?élevage est le secteur de notre économie agricole qui est doté du potentiel de développement le plus considérable. Notre politique nationale en matière d?élevage part de trois idées primordiales. Il faut d?abord, au niveau de la conception, améliorer les mécanismes de concertation entre les Pouvoirs publics et les différentes professions intéressées (ndlr : création d?un office interprofessionnel du bétail et des viande, d?une interprofession laitière). Nous devons ensuite soutenir le revenu des éleveurs et garantir sa sécurité si nous voulons maintenir un nombre suffisant d?agriculteurs dynamiques et désireux d?investir. Il est indispensable enfin d?accroître la compétitivité de nos exploitations d?élevage et de promouvoir la qualité de nos productions animales face à une concurrence extérieure de plus en plus vive ». Ce discours date bien de 1973, et non pas de 2014?
1993, la Fête du charolais
Autre année importante pour le concours : 1993. Cette année-là, le concours de Roanne ? La Pacaudière prend un tournant car, outre le traditionnel concours de reproducteurs charolais, les organisateurs proposent de nombreuses nouveautés, donnant plus d?ampleur à la manifestation et l?ouvrant au grand public : concours d?animaux gras, dégustation de viande, repas-spectacle autour d?un pavé de charolais. Ainsi naît la Fête du charolais, sous l?impulsion du Comité d?organisation du concours, de la Chambre d?agriculture et de la ville de Roanne, largement suivis par les partenaires de la filière viande.
Le concours d?animaux gras rassemble 52 génisses, bœufs, vaches et jeunes bovins. Le samedi matin, le jury, composé de bouchers, chevillards et éleveurs, détermine les lauréats. La qualité est au rendez-vous de ce premier concours d?animaux gras, tout comme les acheteurs.
C?est sur cette dynamique de promotion de la viande et d?ouverture au grand public que les organisateurs de la Fête du charolais continuent de travailler. Un autre tournant est pris en 2009 avec le déménagement de la manifestation au Scarabée de Roanne/Riorges, site possédant des infrastructures pouvant accueillir à la fois les concours et les animations, les professionnels et le grand public. Marcel Augier, président de la manifestation, disait, quelques mois avant la première édition au Scarabée : « Nous avons une belle opportunité pour notre manifestation, il faut la saisir. Je pense que cette nouvelle formule apportera une autre image du Charolais pour le grand public. Le changement de lieu va peut-être un peu perturber les éleveurs, mais il y a quand même beaucoup d?avantages : plus d?espace, rings intérieurs, aménagements pour que le public suive le concours? Nous serons dans de meilleures conditions pour faire la promotion du Charolais ».
Ainsi, depuis 2009, les éditions de la Fête du charolais se succèdent, avec chaque année des ajustement pour accueillir éleveurs et visiteurs dans de bonnes conditions et leur offrir une Fête du charolais digne de ce nom.
Lucie Grolleau Frécon
25 et 26 octobre
Après le Salon du chocolat le week-end dernier, le Scarabée de Roanne/Riorges accueille samedi et dimanche la Fête du charolais. Il y aura également de quoi mettre en émoi les papilles de gourmands puisque cette manifestation vise à faire la promotion de la viande bovine.
Deux jours dédiés au Charolais
C?est aujourd?hui vendredi 24 octobre qu?arrivent les éleveurs avec leurs animaux. Après la douche et la traditionnelle pesée après la descente du camion ou de la bétaillère, les animaux reproducteurs peuvent regagner leur emplacement sous l?un des deux chapiteaux et ruminer tranquillement en attendant le lendemain matin. Très tôt samedi, les éleveurs seront sur place pour préparer leurs animaux : peignes et cardes seront dans toutes les mains, ainsi que le fameux bâton de cosmétique, servant à maintenir le poil. Effectivement, c?est tout un art que de préparer un animal reproducteur pour un concours. Côté animaux de boucherie, les derniers coups de tondeuse seront donnés pour mettre en valeur les qualités bouchères de l?animal. Dès 8 heures, les premiers animaux reproducteurs entreront dans le ring, sous l?œil vigilant des juges. Le concours se déroulera jusque vers 16 heures, avec une pause déjeuner. Le jugement des animaux de boucherie aura lieu le samedi matin.
Outre les concours d?animaux, qui constituent le cœur de la Fête du charolais, plusieurs rendez-vous sont donnés pendant tout le week-end, que ce soit pour les professionnels ou pour le grand public. On retrouve bien évidemment les opérations de promotion de viande bovine (dégustations de viande, buffet les samedi et dimanche midi, dîner-spectacle le samedi soir, concours d?apprentis bouchers) et des produits du territoire (Côte roannaise, fourme de Montbrison?).
Les enfants seront ravis de déambuler dans la mini-ferme (animaux de la ferme, coin pour apprivoiser les lapins, parcours en tracteurs à pédales, jeu pour faire gagner à sa classe une visite en ferme pédagogique?) et de questionner des membres du réseau des Fermes pédagogiques (réseau Bienvenue à la ferme), sur qui repose l?organisation de cette mini-ferme. Les enfants pourront aussi se balader en calèche avec des mini-chevaux sur l?esplanade du Scarabée.
D?autres lieux sont aménagés pour faire découvrir aux visiteurs l?agriculture ligérienne, et leur délivrer quelques messages. Par exemple, une maquette géante est exposée tout le week-end, reconstituant un paysage agricole. L?occasion de mieux comprendre les activités d?une ferme et comment les agriculteurs façonnent le paysage.
Tout le week-end, les partenaires de l?élevage et de l?agriculture (enseignement, équipement pour l?élevage, fournitures pour l?élevage, services, matériel?) présentent leurs activités sur leur stand (sur l?esplanade et dans le hall du Scarabée). D?autres structures du domaine des énergies renouvelables, de la gastronomie, des vêtements, du petit matériel? sont au rendez-vous de la Fête du charolais.
Cette année, la nouveauté réside en l?installation d?un nouveau chapiteau dédié aux animaux de la basse-cour, élevés par des passionnés et fervents défenseurs des diverses races. Le jugement se déroulera le samedi matin à huis clos. Les 1 000 animaux seront visibles le samedi à partir de 13 heures et toute la journée du dimanche.
LGF