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Mesures de restrictions

DNC : la ministre interdit rassemblements, marchés et exportations de bovins

« Décider d’interdire le commerce de bovins à l’exportation, c’est condamner les éleveurs » : le communiqué de presse de la FRSEA n’a pas tardé à être publié après le Cnopsav de ce vendredi 17 octobre, au cours duquel la ministre de l’Agriculture a fait plusieurs annonces visant à limiter la propagation de la Dermatose nodulaire contagieuse.

Par Lucie Grolleau-Frécon
DNC : la ministre interdit rassemblements, marchés et exportations de bovins
La ministre de l’agriculture a pris trois mesures pour tenter d’endiiguer la DNC : interdiction de tout rassemblement « festif » (concours, foires, salons, etc.) de bovins sur tout le territoire métropolitain ; interdiction, dans l’ensemble des régions comprenant une zone réglementée des marchés de bovins destinés à l’élevage ; interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain pour éviter la diffusion du virus hors de France. Crédit : LGF

En urgence, ce vendredi 17 octobre, Annie Genevard, ministre de l’Agriculture, a réuni le Comité national d'orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cnopsav). A l’ordre du jour, la situation critique vis-à-vis de la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Selon le ministère, la stratégie sanitaire de lutte contre cette maladie qui touche uniquement les bovins, « a porté ses fruits en Savoie et en Haute-Savoie, où il n’y a plus aucun foyer épidémique depuis le début du mois de septembre. L’apparition très récente de plusieurs foyers ponctuels (un foyer dans l’Ain, trois foyers dans le Jura et trois foyers en Occitanie) est préoccupante et résulte probablement de mouvements d’animaux, dont certains illicites. Cette situation fragilise la confiance de nos partenaires européens qui suivent avec attention l’évolution de la maladie en France. »

Trois mesures

Aussi, la ministre de l’Agriculture a pris trois mesures pour tenter d’endiguer la maladie :

- interdiction de tout rassemblement « festif » (concours, foires, salons, etc.) de bovins sur tout le territoire métropolitain ;

- interdiction, dans l’ensemble des régions comprenant une zone réglementée - à savoir l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Bourgogne-Franche-Comté et l’Occitanie - des marchés de bovins destinés à l’élevage ;

- interdiction de toute sortie de bovins du territoire métropolitain pour éviter la diffusion du virus hors de France.

Ces restrictions prennent effet le 18 octobre et sont valables jusqu’au 4 novembre 2025 inclus. Elles seront levées le 5 novembre, si la situation sanitaire le permet. Le ministère de l’Agriculture précise que « les contrôles seront renforcés par instruction aux préfets » et annonce que « des sanctions sévères seront appliquées : amende en cas de non-respect des mesures de limitation des mouvements ; augmentée en cas de récidive ; non dédommagement par l’Etat pour le dépeuplement si les infections résultent de comportements interdits. »

« Rassurer les partenaires européens »

« J’ai décidé de mettre en œuvre ces mesures renforcées car le non-respect des règles relatives aux mouvements des bovins est la source de l’extension de la maladie en France et du retard intolérable, pour tous, de la sortie de crise, assure Annie Genevard. Ces mesures sont nécessaires pour préserver l’élevage bovin français et rassurer nos partenaires européens et commerciaux. Je remercie les professionnels responsables qui se sont mobilisés et ont consenti à d’importants efforts depuis plus de trois mois. Il ne faut rien relâcher ; j’en appelle à la responsabilité de tous dans l’application des mesures. Je veillerai à protéger le marché français de tout risque spéculatif. »

Réactions du réseau FNSEA-JA

« Aujourd’hui, à cause de l’irresponsabilité de certains, qu’on ne saurait même pas qualifier de professionnels, et de la lenteur de l’Etat face aux résistances et aux manquements de ces individus, la France se retrouve dans une situation sanitaire très inquiétante », réagit le syndicalisme majoritaire dans un communiqué (FNSEA, Jeunes agriculteurs, FNPL (éleveurs laitiers), FNB (éleveurs allaitants).

Pour ses responsables, la réponse de l’Etat n’est néanmoins pas la bonne. « En décidant de manière unilatérale, sans vote des membres du Cnopsav et sans concertation préalable, d’interdire toute sortie de bovins du territoire métropolitain, l’Etat met en danger l’élevage français qui court au-devant d’une déstabilisation des marchés sans aucune mesure de crise pour soutenir les éleveurs. Cela fait pourtant plusieurs semaines que nous avons alerté sur les risques commerciaux et que nous réclamons des mesures de retrait des veaux et des broutards qui éviteraient des perturbations du marché français. Aujourd’hui, nous sommes au pied du mur ! L’Etat ne peut pas nous laisser seuls face au marché ! »

Pour la FRSEA et Jeunes agriculteurs d’Auvergne-Rhône-Alpes, « Décider d’interdire le commerce de bovins à l’exportation, c’est condamner les éleveurs. C’est inacceptable ! Au lieu de contraindre ceux qui ne respectent pas le protocole sanitaire, la ministre condamne la très grande majorité d’éleveurs qui ont tout fait, en particulier vacciner dans un temps record, pour lutter contre la propagation de la maladie. » Les deux syndicats s’adressent alors directement à la ministre de l’Agriculture : « Mme Genevard : il n’est pas trop tard pour faire preuve de bon sens ! »