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Sanitaire

DNC : les éleveurs veulent garder le statut indemne

La Fédération nationale bovine (FNB) et la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) ont demandé, le 16 décembre, de conserver, coûte que coûte, le statut indemne de Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) à la France. Au même moment, le gouvernement annonçait l’accélération de la vaccination généralisée des bovins dans le Sud-Ouest afin de limiter la propagation du virus.

Par Christophe Soulard 
DNC : les éleveurs veulent garder le statut indemne
© iStock-ahavelaar.
La FNB et la FNPL appellent à : « maintenir le statut indemne de la France, pour ne pas pâtir de la dévalorisation économique de leur production ».

La parole des éleveurs était quelque peu attendue. Elle est intervenue alors même que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, mettait un terme à une réunion de crise avec quelques ministres, dont celle de l’Agriculture, Annie Genevard et les préfets de la région Occitanie. Patrick Bénézit, président de la FNB, et son alter ego de la FNPL, Yohann Barbe, ont rappelé leur priorité : « Maintenir le statut indemne de la France, pour ne pas pâtir de la dévalorisation économique de leur production ». Car de nombreux éleveurs qui disposent de troupeaux sains, mais touchés par la zone réglementée des 50 km ne peuvent pas vendre leur cheptel. 

« Cette mise sous cloche touche déjà les producteurs de fromages au lait cru », a expliqué Yohann Barbe, qui dénonce le protectionnisme de certains pays tiers comme le Canada et le Royaume-Uni qui ont imposé un embargo sur ces produits laitiers. Cette zone réglementée interdisant tout mouvement d’animaux, ces derniers peinent à être valorisés et changent parfois de catégorie. Il en est ainsi de certains éleveurs de broutards qui ne peuvent plus exporter en Espagne et même en Italie. Un accord a bien été signé avec Rome, mais les conditions sont très contraignantes : que 95 % des bovins aient été vaccinés dans la zone réglementée (ce qui peut prendre du temps…), un test PCR pour chaque bovin, etc. 

« Au plus vite, si aucun cas n’est survenu depuis plusieurs semaines, on peut exporter au bout de quatre mois, mais ça peut pousser à cinq, six mois », a expliqué Patrick Bénézit. En attendant, l’éleveur débourse environ trois euros par jour et par animal et « aucune indemnisation ne vient », s’est désolé le président de la FNB. « Parfois, les animaux ne trouvent plus aucun débouché, comme les veaux laitiers sevrés pour en faire des veaux de boucherie », a renchéri Yohann Barbe.

« Au coup par coup »

Les éleveurs touchés par la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et qui ont vu leur élevage dépeuplé peinent aussi à récupérer l’intégralité de leur préjudice. Patrick Bénézit dénonce « les retards et les difficultés des éleveurs à reconstituer leur cheptel », car l’État indemnise à hauteur de 2 100 € par unité de gros bovin, alors que la valeur réelle avoisine 3 000 à 3 500 €. En attendant, ce sont les éleveurs qui réalisent les avances de trésorerie et se mettent financièrement en danger, jouant au passage le rôle de banquier de l’État, a-t-il laissé entendre. 

« Il ne faudrait pas en plus que les éleveurs soient taxés fiscalement et socialement pour les indemnités perçues en raison du dépeuplement », a indiqué Yohann Barbe. Mais tout dépendra du vote du projet de loi de finances 2026. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, doit déposer un amendement permettant l’exonération de ces indemnités.

La FNB et la FNPL ont demandé que l’État commande suffisamment de vaccins et n’agisse pas au « coup par coup, car les éleveurs ont besoin d’être rassurés. Avoir des doses de vaccins pour 30 ou 40 % des bovins1 à la hauteur de ce qu’on a eu pour la Fièvre catarrhale ovine (FCO), serait logique », a certifié Yohann Barbe. Il a d’ailleurs rappelé que, chaque année, ce sont environ 5 000 vaches qui sont euthanasiées après avoir été atteintes de la tuberculose bovine et que la FCO a fait perdre 11 000 vaches laitières et 11 500 vaches allaitantes en 2024. Au 16 décembre, « seules » 3 200 bêtes ont été euthanasiées en raison de la DNC.

Enfin, les deux associations spécialisées de la FNSEA demandent que le gouvernement fasse toute la lumière sur les mouvements illicites ou supposés d’animaux et qu’il se penche aussi sur les transmissions de virus. Yohann Barbe met d’ailleurs en garde les éleveurs qui ne souhaitent pas signaler les animaux malades, car un nodule tombé au sol conserve sa charge virale pendant au moins quatre mois. « Attention à une reprise de la maladie au début 2026 », a-t-il prévenu.

1- Le cheptel français compte environ 16 millions de bovins.