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Comice de Feurs

Entre satisfaction et inquiétude

Malgré des résultats plus que satisfaisants pour l'édition 2018 du comice agricole de Feurs (nombre d'exposants, nombre de visiteurs), présentés samedi dernier lors de l'assemblée générale de l'association, l'inquiétude est de mise quant à la prochaine édition en raison du mouvement « anti-viande » qui prend de plus en plus de place dans les médias.
Entre satisfaction et inquiétude

Pierre Dosson, président de l'association du comice agricole de Feurs, en charge de l'organisation de la manifestation du même nom, retient trois éléments forts de l'édition 2018 : la participation du nombre d'éleveurs-exposants en hausse ; le nombre de visiteurs également en hausse ; ainsi que le nombre de billets vendus aux entreprises qui approche les 5 000. « Je n'ai pas peur de dire que l'association du comice et la manifestation vont bien », lançait Pierre Dosson. Et pendant toute l'assemblée générale, qui se tenait samedi 17 novembre à Feurs, lui et son équipe en ont apporté les preuves.


Le nombre d'animaux inscrits pour les différents concours d'animaux (bovins limousins et charolais de boucherie, ovins de boucherie, reproducteurs charolais et limousins) était supérieur au nombre de places. « Il a donc fallu faire une sélection des animaux, ce qui est favorable à la qualité. Il ne faut pas oublier que nous organisons un concours, qui est une compétition, et donc réservé à l'élite. » De compléter : « Le nombre d'éleveurs-exposants avait diminué autour des années 2010. Depuis, il tend à remonter. »


La quasi-totalité des animaux présentés ont été vendus. Il ressort de l'analyse des ventes que moins d'animaux ont été achetés par des bouchers. « C'est sûrement le reflet du changement de consommation de viande. Mais nous constatons aussi que des petites entreprises de cheville de la région lyonnaise et de la vallée du Rhône reviennent acheter des animaux. Bien évidemment, il y a des acheteurs fidèles, comme Sicarev. » Les organisateurs tiennent à ce que les opérations du jury, le samedi matin, se déroulent dans de bonnes conditions. C'est pour cela que personne n'est autorisé à y pénétrer pendant le jugement, et que ce dernier doit se dérouler rapidement. « L'objectif est que les visiteurs, et surtout les acheteurs, entrent le plus tôt possible dans les écuries pour favoriser des ventes rapides. »

Plus de 10 000 entrées payantes

L'édition 2018 aura été marquée par la venue de Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine. « Il a été impressionné par notre manifestation, surtout par le nombre de visiteurs. » A ce niveau, « nous récoltons le fruit du travail de plusieurs années ». 10 564 visiteurs dotés d'un billet d'entrée ont été dénombrés dans les écuries : 4 857 billets ont été vendus en amont à des entreprises et 5 707 billets ont été vendus au guichet. « Le nombre de billets d'entrée vendus aux entreprises est en constante augmentation. Par contre, le nombre de billets vendus au guichet est en dents de scie ; il dépend des conditions météo. » La Ferme aux enfants a attiré au moins 1 000 enfants, hors visites d'écoles. Effectivement, il faut savoir que l'association du comice invite les écoles primaires et les crèches foréziennes à visiter les écuries et La ferme aux enfants, ainsi que les résidents de maisons de retraite et les jeunes des établissements scolaires agricoles. « Tout le monde est le bienvenue au comice, du plus jeune au plus âgé... » insistait Pierre Dosson.


Le comice est également l'occasion de faire la promotion de l'aval de la filière et plus globalement de la viande. C'est pour cela que l'association soutient le concours des apprentis bouchers qui se déroule au Pôle des saveurs et qu'elle accueillait pour la première fois en 2018, une dégustation de viande, devant les écuries, organisée par la section viande de la FDSEA. En matière de communication, une des nouveautés pour l'édition 2018 était l'installation de deux écrans, un à la buvette et l'autre dans les écuries, pour diffuser les logos des partenaires, des infographies sur la filière viande fournies par Interbev et les photos des animaux ayant reçu un prix d'honneur. « En communication, comme dans beaucoup d'autres domaines, c'est l'accumulation de plein de petits détails qui fait que notre manifestation est une réussite», assurait Pierre Dosson.


L'association du comice bénéficie de l'aide d'une classe du Lycée agricole de Ressins, du jeudi avant le comice jusqu'au mardi après. Des groupes de huit élèves de Bepa sont constitués. Pierre Dosson n'a pas oublié de remercier l'ensemble des sponsors qui soutiennent le comice, que ce soit en numéraire, en logistique, en service. « Nous sommes bien entourés. » Financièrement, l'association du comice agricole de Feurs se porte bien, et ce pour son compte lié à l'organisation du concours, pour celui lié à la vie de l'association et celui lié à la location des places de parking (l'association est propriétaire des écuries et y loue des emplacements de parking (voitures, camping-cars) toute l'année, hormis pendant le comice, etc.). Chantal Brosse, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l'agriculture, souligné le « professionnalisme » de l'équipe de Pierre Dosson, la « clarté » de la gestion et « le travail pour sans cesse améliorer le comice, au profit des éleveurs et en faveur des jeunes, qui sont les consommateurs de demain ».

Une filière perturbée

Malgré tous ces points positifs, le mouvement dit « anti-viande » inquiète. « C'est de plus en plus difficile pour les bouchers de vendre de la viande de haute qualité. Une génération de consommateurs assidus, les retraités actuels, disparait et les nouvelles générations ont d'autres habitudes de consommation, analysait Pierre Dosson. Cette évolution est source d'inquiétude. » Il poursuivait : « Les chiffres du comice sont encourageants, mais que sera l'édition 2019 ? » Jean-Pierre Taite s'adressait au président du comice et à son équipe : « Vous pouvez être fiers du comice. » Néanmoins, le maire de Feurs et vice-président du Conseil régional en charge de l'agriculture s'est voulu grave : « Un gros travail est à effectuer pour défendre l'élevage et la consommation de viande. Je pense que nous sommes loin d'avoir gagné sur ce dossier. L'inquiétude est réelle. »


L'assemblée générale du comice a été l'occasion pour le président de la Chambre d'agriculture de revenir sur le manifeste pour défendre la filière viande qui a été signé cet automne par les acteurs de la filière viande du département, mais aussi des départements voisins : « Ce collectif est synonyme de résistance face aux « anti-viande ». Il faut réveiller la France. » Raymond Vial a proposé à Pierre Dosson de signer ce manifeste, ce qu'il a fait volontiers.

Lucie Grolleau Frécon