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Annie Fayeaux

Entre tradition et modernité : le virage numérique d’un média rural

Témoin privilégiée d’une époque de transition, Annie Fayeaux, ancienne directrice de Paysans de la Loire, a traversé plus de trois décennies d’évolutions technologiques. Une carrière guidée par l’adaptation, la rigueur et la volonté de faire évoluer un média au rythme de son temps.

Par Axel Poulain
Entre tradition et modernité : le virage numérique d’un média rural
Annie Fayeaux a été comptable et directrice Paysans de la Loire jusqu’en 2021.

Annie Fayeaux est arrivée à Paysans de la Loire le 1er décembre 1988. Comptable de formation, elle venait alors d’un cabinet lorsqu’Érick Roizard, directeur de plusieurs structures agricoles (FDSEA, Paysans de la Loire...), l’a embauchée. Six ans plus tard, elle devenait comptable à temps plein pour Paysans de la Loire et s’inscrivait durablement dans la vie du journal. À la suite du départ du directeur, elle prendra peu à peu le relais. Avec le gérant Bernard Denis, elle formera pendant plus de 25 ans un tandem solide, jusqu’à son départ en mars 2021.

Un métier transformé par les mutations technologiques

À son arrivée, les méthodes de travail n’avaient rien à voir avec celles d’aujourd’hui. Les journalistes rédigeaient sur papier, puis « tout était saisi à la main », se rappelle Annie. Une seule personne était chargée de tout saisir sur un système Datox. Chacun envoyait ses articles et pellicules via La Poste. Les clichés étaient développés dans un service photo d’un centre commercial.

Le passage progressif à l’informatique dans les années 1990 marque un tournant. Les premiers ordinateurs de marque Macintosh font leur apparition, les journalistes commencent à saisir leurs articles directement dessus. La mise en page s’internalise peu à peu, les logiciels de montage se généralisent. Sylatel, l’atelier de composition lyonnais qui centralisait la fabrication de nombreux journaux, ferme ses portes, devenu obsolète face aux nouveaux outils.


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L’essor d’internet bouleverse tout : transmission des articles, envoi des fichiers à l’imprimerie, échanges avec les correspondants, etc. Tout devient plus rapide, en théorie. « Au début, ça “plantait” tout le temps. Mais c’était un gain de temps énorme », souligne Annie. Cette modernisation ne va pas sans défis : il faut se former en continu, investir dans du matériel, suivre l’évolution des logiciels. Sur le plan administratif, la numérisation s’accompagne en revanche d’un alourdissement des procédures

La Loire cette semaine : un projet ambitieux

C’est aussi dans ce contexte d’évolution que naît La Loire cette semaine. Le projet, porté par Érick Roizard, part d’un constat simple : les pages cantonales du journal agricole touchent un public bien plus large que le seul monde agricole. Pourquoi ne pas en faire un journal à part entière, à destination d’un lectorat rural plus diversifié ? L’idée se concrétise au printemps 1993. Malgré un accueil encourageant, le modèle économique reste fragile et le journal doit s’arrêter après quelques années.

Pendant un temps, les deux titres cohabitent jusqu’au début des années 2020, partageant un contenu identique. Seule la Une diffère. « C’était aussi une façon de rappeler que Paysans de la Loire, malgré son nom, reste un titre très ciblé », explique Annie.

Hors-séries et présence renforcée sur le terrain

En parallèle, la rédaction met en place ses premiers hors-séries, notamment les suppléments été et hiver. Suivront des dossiers techniques en partenariat avec les OPA (Organisations professionnels agricoles), des sujets sanitaires avec le GDS (Groupement de défense sanitaire), ou encore des publications autour de grands événements. Ces suppléments mensuels permettent aussi de différencier Paysans de la Loire de La Loire cette semaine, avec une offre tarifaire distincte. Très bien accueillis, ils renforcent la présence du journal sur les territoires, notamment dans les manifestations agricoles dès la seconde moitié des années 1990.

Couleur Forez mag, une autre aventure éditoriale

En 2006, un magazine local de la plaine du Forez s’arrête. Paysans de la Loire saisit l’opportunité pour lancer Couleur Forez mag, avec pour objectif de mêler contenu rédactionnel de proximité et message agricole. Rapidement, une commerciale est embauchée pour structurer le développement du titre. Les débuts sont difficiles, mais au bout de trois ans, le magazine trouve son équilibre. La formule fonctionne, portée par une ligne claire : « proximité, ancrage local et lien avec le territoire ».

Couleur Forez mag est une filiale de Paysans de la Loire, avec qui il partage une même vision. Malgré les crises, le modèle perdure. « Ce qu’on a toujours voulu, c’est rester proche des gens, comprendre leurs besoins. Cette qualité de lien, on ne la trouve pas sur Internet », affirme Annie.