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Récolte de l’herbe

Fauches précoces : gagner de la matière sèche

Chambre d’agriculture, FDCuma et Loire conseil élevage organisaient conjointement une demi-journée, dans le cadre de l’opération nationale Innov’action, sur le thème de l’herbe : « Comment gagner rapidement de la matière sèche sur les fauches précoces ? ». Près de 150 personnes avaient répondu présentes, jeudi 12 avril à Saint-Cyr-les-Vignes, pour apprendre sur la récolte de l’herbe.
Fauches précoces : gagner de la matière sèche

Initialement prévue le 5 avril, la demi-journée dédiée à l'herbe a été décalée au 12 avril, après avoir été presque annulée, ceci en raison du mauvais temps ne permettant pas de mettre en œuvre les essais et proposer les démonstrations dans de bonnes conditions. Finalement, avec du soleil le midi puis des nuages de plus en plus gris, l'après-midi a pu se dérouler sans averse de pluie. Vu l'investissement des organisateurs (salariés et responsables professionnels de la Chambre d'agriculture, de Loire conseil élevage et de la FDCuma), des entreprises présentant du matériel et le temps passé par Nicolas Charretier, qui accueillait la journée sur son exploitation à Saint-Cyr-les-Vignes, il aurait été dommage que ce rendez-vous soit annulé. Dans son mot d'accueil, il a d'ailleurs souligné le bon travail partenarial entre les trois structures pour mener à bien cet événement autour de la récolte de l'herbe, qui se voulait basé sur des échanges entre conseillers et éleveurs, et donc sans but commercial.
La thématique choisie était « Comment gagner rapidement de la matière sèche sur les fauches précoces ? ». Pour Florence Fargier, de Loire conseil élevage, « la fauche précoce est un enjeu en élevage. La qualité de l'herbe est primordiale. Si elle est au rendez-vous, le troupeau aura une bonne efficacité économique ». Elle n'a pas manqué de rappeler que l'herbe a aussi un rôle environnemental (« les systèmes herbagers sont remis en avant dans la Pac » ; « l'herbe évite le lessivage, l'érosion »). L'herbe présente aussi l'avantage d'avoir une bonne image auprès du consommateur.
Une stratégie de fauche en lien avec le stade de la plante doit être mise en place par chaque agriculteur en fonction de ce qu'il attend de son fourrage. Florence Fargier a expliqué que lorsque l'épi est à une hauteur de 20 cm dans la gaine, le fourrage fauché à ce stade-là aura une qualité optimale. Puis, un ray grass dont la hauteur dépasse le haut de la botte voit son épi monter, sa gaine grossir et sa MAT baisser. A l'approche du stade épiaison, le rendement augmente, tout comme la proportion de fibre. Ce stade est un compromis entre la qualité et le rendement. Une fois l'épi sorti, la qualité de l'herbe pour produire du lait se dégrade.

 

Exposer le fourrage au soleil

Une expérimentation portant sur le lien entre le séchage du fourrage et la largeur de l'andain mais aussi la conditionneuse a été menée sur la parcelle de Nicolas Charretier. Une première bande a été fauchée à la conditionneuse avec le conditionneur serré et les volets fermés, laissant ainsi un andain peu large. Une seconde bande a été fauchée avec les volets ouverts (andain large, fourrage étalé sur 2,40 m) et le conditionneur ouvert. Une troisième avec les volets ouverts et le conditionneur fermé. Sur la quatrième bande, l'herbe a été fauchée à la rotative et fanée trois heures plus tard. Un prélèvement d'herbe a été réalisé ttrois heures après la fauche sur les quatre bandes, soit le mardi après-midi. Le taux de matière sèche était de 13%. Une seconde série de prélèvements a été faite 24 heures après la fauche. La première bande avait gagné 11 points de MS, la seconde 20,6 points, la troisième 20 et la quatrième 21 points. Ainsi, « plus on étale le fourrage au soleil, plus il perd de son eau rapidement », commentait Florence Fargier. Ces résultats, même s'ils sont issus d'une fauche présentant une petite quantité d'herbe (2 tonnes de MS / ha), viennent conforter des essais conduits en Haute-Loire et dans le Rhône et seront complétés du même type d'expérimentations conduites dans huit départements dans le cadre du Pep bovin lait.

 

Faucher à 7 cm

Le réglage de hauteur de coupe de la faucheuse a également toute son importance. « Il faut descendre du tracteur pour bien vérifier la hauteur de fauche », insistait Pierre Vergiat, technicien à la Chambre d'agriculture de la Loire, qui préconise une fauche à 7 cm de hauteur plutôt qu'à 5 cm. « La hauteur joue sur la qualité du fourrage. C'est en haut de la plante qu'il y a la plus grande concentration en protéine ». Faucher plus haut joue aussi sur la vitesse de séchage de l'herbe : « le fourrage tombe sur les tiges permettant à l'herbe de passer sous l'andain. Le séchage est ainsi plus facile que si le fourrage était plaqué au sol ». Une fauche plus haute limite également le risque de ramasser de la terre en même temps que le fourrage, favorise la pérennité de la prairie (une plante fauchée à ras du sol aura une repousse plus longue, une prairie fauchée bas en période de sécheresse est fragilisée) mais aussi du matériel (moins de risques d'attraper des cailloux). Selon des expérimentations, faucher à 7 cm au lieu de 5 cm permettrait de gagner plus d'une tonne de matière sèche par hectare sur une saison de récolte.
Neuf jours avant la journée dédiée à l'herbe, un carré de la prairie avait été fauché à deux hauteurs différentes (7 cm et 5 cm) de manière à mesurer la repousse d'herbe. Le jour J, il a été constaté une différence de repousse d'un centimètre en faveur de la hauteur de fauche 7 cm, ainsi que la présence plus importante de trèfles.

 

Une chaine de récolte cohérente

Pour Clémence Rauze, animatrice à la FDCuma de la Loire, « on ne peut pas conseiller un matériel plus qu'un autre. C'est à chaque agriculteur de choisir la chaine de récolte la plus adaptée à son système et à ses attentes ». En plus des conseils donnés et résultats d'essais présentés auparavant, Clémence Rauze a fait allusion au travail conduit par la FDCuma sur le coût de récolte des fourrages et le coût de revient de chaque matériel de récolte d'herbe. Le coût de réalisation du foin est de 23,63 euros par tonne de MS sans main d'œuvre, et 39,6 euros/T de MS en tenant compte de la main d'œuvre. L'ensilage récolté avec automotrice coûte 30,68 euros/T de MS et 45,40 euros/T de MS avec la main d'oeuvre, l'ensilage récolté avec autochargeuse 29,32 euros/T de MS sans main d'œuvre et 43,60 euros avec main d'œuvre, l'enrubannage monoballe 49,20 euros/T de MS sans main d'œuvre et 62,80 euros avec main d'œuvre, l'enrubannage continu 41,20 euros/T de MS sans la main d'oeuvre et 53,40 euros/T de MS en tenant compte de la main d'œuvre. Des repères de coût de revient de matériels de fauche et de fenaison avec tracteur (avec carburant) sont également fournis par la FDCuma : 22 euros/ha pour un groupe de fauche (faucheuses simples, 6 m) ; 36 euros /ha pour une faucheuse conditionneuse (3 m) ; 16 euros/ha pour un faneur (7,8 m), 15 euros/ha pour un andaineur (6 m), 23 euros/ha pour un retourneur d'andain.
Les détails de ces calculs ainsi qu'un résumé des interventions sont à retrouver dans la plaquette réalisée à l'occasion de cette demi-journée. Elle est à télécharger sur le site internet de la Chambre d'agriculture de la Loire (lien avec www.terresdeloire.fr). L'objectif de participation à ce rendez-vous fixé par les organisateurs ayant largement été dépassé, certaines personnes présentes n'ont pas pu avoir en main propre cette plaquette. Elles sont donc invitées à la télécharger.
La deuxième partie de l'après-midi était consacrée à la présentation et surtout la démonstration de plusieurs matériels de fauche et de fenaison : une faucheuse grande largeur de marque Kuhn (timon central de 5,20 m, largeur de transport de 2,90 m, lamier de 12 disques nouvelle génération) ; un andaineur à tapis porté autrichien de marque Reiter (attelé à l'avant du tracteur) qui permet de faire des andains réguliers sans faire remonter de terre ; un andaineur à soleils de marque Sitrex présentant un débit de chantier intéressant ; un andaineur à tapis de marque Kuhn polyvalent (andain central ou latéral, pour tous types de fourrages).
Ces matériels, pour certains hors normes vis à vis de la taille moyenne des exploitations ligériennes, ont permis aux agriculteurs de découvrir de nouvelles technologies, de, peut-être, amorcer une réflexion sur leur chaine de récolte et pourquoi pas d'envisager un achat en Cuma ou à plusieurs.

Lucie Grolleau Frécon