Accès au contenu
Syndicalisme

FDSEA et JA de la Loire maintiennent la pression

Jeudi 20 novembre, une délégation de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs de la Loire a été reçue par la préfète Muriel N’Guyen, entourée du directeur de la DDT et de celui de la DDPP afin de faire un point sur les revendications portées par le syndicalisme majoritaire.

Par FDSEA de la Loire
FDSEA et JA de la Loire maintiennent la pression
A la suite de la manifestation devant la préfecture le 7 novembre, la FDSEA et JA Loire avaient obtenu un rendez-vous avec les représentants des services départementaux de l’Etat (préfète et directeurs de la DDPP et de la DDT) le 20 novembre.

Le rendez-vous entre les responsables de la FDSEA et de Jeunes agriculteurs Loire du 20 novembre était pris depuis la mobilisation syndicale du 7 novembre devant la préfecture (lire ici), au cours de laquelle les agriculteurs et agricultrices présents avaient pu exprimer et faire remonter leurs revendications sur les sujets du moment : DNC, prix des marchés des veaux et des broutards, zonages environnementaux, dégâts de faune sauvage, etc… L’objectif de cette nouvelle rencontre était de rappeler le contenu des revendications et de faire le point sur l’état d’avancée des différents dossiers.

Exporter à nouveau

Les responsables syndicaux ont été fermes concernant la reprise de l’export des animaux vers l’Italie et l’Espagne. Des accords doivent être signés de manière urgente vers l’export. Grâce aux données transmises par les élevages adhérents du réseau FDSEA-JA, la réalité économique ne fait pas débat : les éleveurs bovins lait et viande sont sous pression et les trésoreries s’effritent.

Le message a été répété sans ambiguïté : la demande existe et l’export doit être réouvert afin que les prix d’avant l’épisode sanitaire soient rétablis pour les exploitations ligériennes. Les éleveurs ont besoin d’un signal fort, maintenant.

La FDSEA a également exigé que la DDPP (Direction départementale de la protection de la population) acte officiellement la date de départ du décompte des 60 jours nécessaires pour exporter les animaux vaccinés vers l’Italie. Le syndicat a insisté : il faut documenter cette date, attestant que 75 % des animaux de 95 % des exploitations ont bien été vaccinés. Les éleveurs ont travaillé sur le terrain en s’organisant pour faire vacciner leurs troupeaux, il est de la responsabilité de l’Etat de s’engager.

Zone vulnérable nitrates

Sur le dossier de la Zone vulnérable nitrates, la FDSEA reconnaît une avancée concrète : la dérogation d’épandage obtenue jusqu’au 15 décembre 2025 pour les effluents de type II (lisier) sur les prairies permanentes et temporaires de plus de six mois. Une respiration bienvenue pour les agriculteurs concernés. Mais cette mesure ne suffit pas. La FDSEA et les JA réclament la levée des dates d’épandage sur cette zone.

Le syndicat a rappelé, avec force, que ces zonages environnementaux se multiplient au détriment de la production, sans concertation réelle et sans tenir compte des réalités du terrain. Un nouveau zonage proposé par la Dreal (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement) pour les bassins versants de Loire Bretagne et de Rhône Méditerranée prévoit l’entrée de 22 communes supplémentaires en zone vulnérable nitrates. La Loire ne peut pas accepter cette extension de zone et les contraintes qui en découlent.

Un nouveau zonage est aussi en cours d’élaboration concernant les aires protégées dans le cadre du projet Arrêté préfectoral de protection de biotope dans vallons rhodaniens sur le secteur de Pélussin. Parmi les interdictions prévues : implantation de nouvelles surfaces en vergers, en vignobles, le retournement des prairies permanentes, l’utilisation de produits phytosanitaires de quelque nature qu’ils soient, sauf sur dérogation validée par les services de l’Etat, la création, l’extension, la remise en eau de plans d’eau, etc…. Les responsables ont souligné qu’un tel projet ne peut intégrer des parcelles agricoles ou viticoles ou susceptibles de l’être. De nouvelles réunions de concertation vont avoir lieu sur ce secteur pour définir le zonage et les règles attenantes.

Prédateurs et faune sauvage

Le dossier du loup a également été remis sur la table. Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA, l’a redit sans détour : « Le loup n’est pas compatible avec l’élevage ligérien, et l’administration doit cesser de fermer les yeux. Laisser s’installer ce prédateur dans notre département serait un drame pour les éleveurs et pour tout le tissu rural. »

Les dégâts de sangliers doivent également être réduits, notamment pour les secteurs identifiés « points noirs » ou « en vigilance », par la mobilisation de tous les acteurs.

Eau, stockage et souveraineté alimentaire

La délégation des deux syndicats majoritaires a également insisté sur un point stratégique : le stockage de l’eau dans la Loire. Les retenues collinaires et les infrastructures hydrauliques existantes doivent être maintenues, renforcées, et développées. Il en va de l’avenir de la production agricole ligérienne, de l’adaptation climatique et de la souveraineté alimentaire locale. Le message est clair : on ne peut exiger des agriculteurs qu’ils produisent toujours mieux, toujours plus efficacement, tout en les privant de leurs moyens de production.

Dossiers internationaux

Sur les dossiers européens et internationaux, la FDSEA et JA Loire ont tenu à rappeler leurs positions fermes, cohérentes et constantes. Trois combats structurants, trois lignes rouges que la profession ne laissera pas franchir. Pour le syndicalisme, le projet de libéralisation commerciale, via les accords avec les pays du Mercosur, relève du non-sens agricole, économique et environnemental. Alors que les éleveurs français doivent répondre à des normes toujours plus exigeantes - traçabilité, bien-être animal, contraintes phytosanitaires, exigences environnementales - l’Union européenne envisagerait d’ouvrir grand la porte à des importations issues de pays où ces standards sont bien plus bas, voire inexistants.

Cela reviendrait à sacrifier l’agriculture française sur l’autel de la concurrence déloyale. Comment demander aux éleveurs ligériens de supporter des charges supplémentaires si, dans le même temps, on inonde le marché de viande produite sans règles équivalentes ? Maxime Brun, secrétaire général de la FDSEA, l’a clairement souligné : « Pas question de brader nos exploitations contre des accords commerciaux déséquilibrés qui mettraient en péril nos filières, nos territoires ruraux et notre souveraineté alimentaire ».

Dans un contexte où les exploitations sont sous pression - hausse des charges, volatilité des marchés, exigences réglementaires - le maintien du budget de la Pac reste essentiel. Réduire le budget enverrait un signal catastrophique aux agriculteurs : celui d’un désengagement de l’Europe au moment même où le secteur a besoin de stabilité, de visibilité et d’un accompagnement renforcé pour assurer la transition écologique et maintenir la production. La FDSEA alerte depuis longtemps : une Pac affaiblie, c’est une Europe qui renonce à son agriculture. Et une Europe qui renonce à son agriculture, c’est une Europe qui se condamne à dépendre des importations.

Pour les responsables professionnels, la taxe sur les engrais, présentée comme un outil écologique, constitue en réalité une pénalité injuste infligée aux agriculteurs. Elle alourdit les charges des exploitations sans fournir d’alternative crédible, ni de dispositif de soutien. Dans les faits, elle risque surtout de fragiliser les exploitations et de surenchérir les coûts de production. S’y ajoute le risque de distorsion avec nos voisins européens qui ne mettraient pas en œuvre la même taxe.

Mathieu Vassel, président de JA Loire soulignait que le syndicalisme majoritaire reste « mobilisé, présent sur le terrain, prêt à défendre les sujets départementaux ». Des avancées, des victoires syndicales existent - la dérogation nitrates en est une preuve - mais elles restent insuffisantes. « L’État doit entendre les agriculteurs de la Loire. Parce qu’au-delà de leurs revendications, c’est l’avenir de l’agriculture ligérienne qui est en jeu » concluait Jean-Luc Perrin, président de la FDSEA.