Finale départementale de labour : il y a 40 ans, Pascal Brosse s’imposait
En 1985, Pascal Brosse participait pour la première fois à un concours de labour. Par hasard, presque. De cette aventure, il garde un souvenir vivant, mêlé de passion, d’efforts… et de terre retournée. 40 ans après, il replonge dans ses souvenirs.

À Champdieu, Pascal Brosse est aujourd’hui retraité. Mais il n’a rien oublié de ses années d’agriculteur, ni de sa folle aventure dans les concours de labour. Une histoire qui démarre un peu « par accident », se plaît-il à raconter avec un sourire dans la voix : « Il manquait un candidat au concours cantonal de Montbrison plaine. J’étais chez les Jeunes agriculteurs à l’époque, alors je me suis lancé. » C’était en 1985. Ce qu’il ignorait alors, c’est que cette décision improvisée allait le mener jusqu’au concours national, dans la Somme.
L’exploitation de Pascal Brosse, à l’époque, est conduite avec sa conjointe Chantal et son frère Pierre-Marie, sur un système bovin lait et viande. Le concours départemental, il s’y qualifie après sa prestation cantonale. Et il prend les choses au sérieux. Très au sérieux. « Je me suis pas mal entraîné, j’ai potassé le règlement. C’était un peu comme passer un examen. Il y avait des coefficients sur certains critères, il fallait donc s’appliquer là où on pouvait gagner des points. »
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Pascal laboure alors en planche, une technique qui s’écarte de celle en plat, aujourd’hui plus courante. Il enchaîne les essais, affine ses gestes, prend ses repères. « Pour bien tracer, il faut savoir viser un point fixe au loin, surtout quand on a peu de jalons. Et puis, il faut lâcher le volant quand on tourne : sinon, le trait est irrégulier. » Pour réussir, selon lui, il faut « de la rigueur et l’âme d’un compétiteur… et un bon sens de l’observation. C’est ce qui permet de ne pas dériver ». En concours, c’est justement ce genre de précision qui fait la différence.
Les finales s’enchaînent
Qualifié pour l’échelon régional, Pascal se retrouve à Sièze, près d’Évian. « Là, les choses se sont corsées. Mais le sol était frais, ma charrue s’en sortait bien. J’ai battu les candidats de l’Ain et de l’Ardèche, dont une fille avec un équipement ultra-performant qui a fait de belles performances par la suite. » Une surprise, même pour lui. Après vérification des comptes, il remporte la victoire.
Direction ensuite le concours national, dans la Somme. Là, changement d’ambiance. Il faut trouver des sponsors, organiser le transport. Pascal monte dans le Nord avec son tracteur Renault, sa charrue trisocs, et le soutien de sa conjointe et de quelques amis. Il découvre alors une autre échelle. « J’étais placé tout en haut de la parcelle, là où la roche affleurait. » C’était plus compliqué. Surtout quand on ne dispose pas d’un matériel de compétition. « J’avais une charrue très ordinaire, avec des chandelles mécaniques quand les gars en face étaient déjà à l’hydraulique. » Affectionnant les images, il compare : « C’était un peu comme participer à une course automobile avec une 2CV face à des Formule 1 ! » Il termine bon dernier : « Il en fallait un. » Mais pas d’amertume. « C’était une aventure incroyable. »
Pascal Brosse a le goût du défi. Il l’admet volontiers : « Je suis plutôt compétiteur. À l’école agricole de Ressins, je faisais du cross-country, j’ai aussi participé à des concours de vaches laitières. Ce genre d’épreuves, c’est l’école de la vie. Ça apprend à se mesurer aux autres. »
La charrue nous ramène à l'essentiel : la terre
Il sait que le labour n’a plus la place qu’il avait dans toutes les exploitations. « Agronomiquement, il est parfois dépassé. Mais il n’est pas obsolète. Il faut parfois revenir à la charrue et elle nous ramène à l’essentiel : la terre. »
L’esprit du concours, il l’a poursuivi : en participant de nouveau à des cantonaux, ou en devenant membre du jury quand on manquait de monde. « La dernière fois, il faisait une chaleur étouffante. J’ai dit : “Plus jamais” », plaisante-t-il.
Un concours qui évolue
Depuis 1985, le concours de labour a évolué : le matériel, l’organisation, les animations autour. Mais pour Pascal Brosse, le fond reste le même. « C’est une belle pause dans l’intersaison, pour ceux qui sont là. Et ça permet de voir d’autres coins du département. Syndicalement aussi, c’est un bon moment pour faire passer des messages. » Il voit d’un bon œil les jeunes qui se prêtent encore au jeu. « Certains y vont un peu en dilettante, mais il y a des graines de champions. Ceux qui s’entraînent bien peuvent aller loin. »
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Alors, s’il avait à recommencer ? Pascal Brosse n’hésite pas. « J’y retournerais. Ça apporte de l’assurance, de l’expérience. Et de l’estime de soi. » Il insiste aussi sur l’engagement collectif derrière chaque concours : le travail au niveau cantonal, le traçage des parcelles, les animations… « C’est une dynamique rurale à préserver. »
Quant aux jeunes, il leur glisse un conseil : « Ne pas avoir d’état d’âme. Faut y aller ! Et bien lire le règlement. On peut vraiment faire la différence en s’appliquant là où les points comptent. » Un peu comme lui, en 1985.