Inondations, sécurité, économie : l’État mobilisé dans la Loire
Conséquences des inondations de l’automne 2024, sécurité routière et globale, économie ou encore agriculture étaient abordées par Alexandre Rochatte, préfet de la Loire, lors de la conférence de presse du 23 mai.

Comme il le fait de temps en temps, le préfet de la Loire, Alexandre Rochatte, avait convié la presse à sa résidence, le château de Cizeron à Saint-Genest-Lerpt, pour le petit déjeuner. En ce matin frisquet du vendredi 23 mai, les journalistes des médias départementaux (presse écrite, radio, télévision) étaient nombreux à patienter devant cette bâtisse, construite en 1814 et rénovée à la suite de l’incendie de 2014. Une fois la porte ouverte, chacun a pu s’installer à la grande table trônant au centre de l’ancienne orangerie devenue salle de réunion.
Le préfet, ayant une inauguration dans la matinée, ne s’est pas attardé dans de longs discours. Il a énuméré les sujets d’actualité qu’il avait recensés (celui de l’agriculture est traité dans l’article à lire en cliquant ici) et a abordé le premier sans attendre : les inondations de la fin de l’année 2024 dans le Gier et le Pilat. Les services de l’Etat travaillent avec les collectivités sur les conséquences de celles-ci, les réparations et la préparation de l’avenir. 53 communes avaient été répertoriées en état de catastrophe naturelle. 52 collectivités ont fait une demande de financement (pour les biens non assurables), qui s’élève à 38 millions d’euros pour le seul département de la Loire. La phase d’instruction se termine ; le montant définitif d’aide sera connu en juillet ou août. Des demandes d’avance ont été faites pour trois communes en raison de trésoreries exsangues.
Des ponts et des routes sont encore inutilisables, causant des désagréments quotidiens aux habitants et entreprises. La préfecture travaille avec le Conseil départemental, qui a la responsabilité des voiries.
Inondations : préparer l’avenir
Les services de l’Etat œuvrent aussi avec les collectivités pour préparer l’avenir : anticipation des crues, réalisation de travaux, préservation des constructions. « Nous savons que nous aurons à faire face à d’autres épisodes d’inondations, expliquait Alexandre Rochatte. Nous nous devons de les anticiper le plus possible » et de faire des travaux. Il a été prouvé que « lorsque les berges sont dégagées, la rivière s’épanche plus facilement ». L’exemple de Rive-de-Gier a été pris. Des travaux colossaux y seraient nécessaires, avec un coût de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Le préfet espère pouvoir s’appuyer sur des dispositifs nationaux pour bénéficier d’appuis financiers.
« Nous réfléchissons aussi à la possibilité d’activer le fonds Barnier pour les biens qui ont été touchés par les inondations. » C’est-à-dire que des logements implantés en zone inondable et non habitables seraient achetés par des fonds publics, sous certaines conditions. Un travail est également conduit sur la préservation du patrimoine. Le préfet faisait notamment allusion à la charteuse de Sainte-Croix-en-Jarez, dont les murs de soutènement ont été endommagés par la crue des cours d’eau.
Alexandre Rochatte abordait ensuite le sujet de la sécurité, à commencer par les chiffres relatifs à la route : le nombre d’accidents, de morts et de blessés graves est inférieur à celui de 2024 à la même période. « Je ne veux pas de triomphalisme. Diverses raisons peuvent expliquer cette situation, sans pour autant avoir une vision complète. Nous restons prudents. Cela nous conforte surtout dans notre volonté de continuer le travail de sensibilisation et de prévention. Nous avons beaucoup communiqué ; nous allons poursuivre. » Le préfet citait des chartes signées quelques jours auparavant avec les représentants des transports collectifs et ceux de la fédération nationale des transports routiers visant à sensibiliser les chauffeurs. « Le travail se poursuit aussi avec les forces de sécurité sur la route – gendarmerie, police et CRS - et le parquet pour les sanctions », assurait-il.
Actions pour restaurer la sécurité
Le préfet revenait ensuite sur le plan d’action départemental de la restauration de la sécurité au quotidien. Après un diagnostic partagé avec les forces de sécurité, le parquet, les communes et les acteurs de la sécurité, six axes d’actions majeures ont été identifiés. Deux sont départementaux : la lutte contre les stupéfiants (points de deal, répression des consommateurs de drogue) et celle contre les vols d’automobiles et leurs accessoires (y compris le carburant). Deux axes concernent les zones de Police (zones urbaines) : agir contre les commerces illicites (épiceries de nuit, bars gérés par des associations, garages clandestins) et en faveur de la sécurité dans les transports. En zone de Gendarmerie, deux axes ont émergé : la lutte contre les cambriolages et celle contre la délinquance environnementale (dépôts sauvages).
Les services de l’Etat travaillent en étroite collaboration avec les maires sur ces points, ces derniers pouvant prendre des arrêtés complémentaires. Ils misent aussi beaucoup sur les réseaux de participation citoyenne en zone de Gendarmerie (agriculteurs, commerçants). « Tout le spectre d’appui aux forces de Gendarmerie a été réactivité avec des objectifs fixés et précis. » Des forces spécialisées sont également appelées pour des actions ciblées.
Qui dit sécurité dit également matchs de foot de l’ASSE. « Les rencontres mobilisent de manière trop importante les forces de l’ordre, assurait le préfet. Quand je prends des arrêtés, c’est pour la sécurité des supporters. »
Accompagner les entreprises
Un point sur l’économie départementale était également proposé, même si ce n’est pas « complètement la compétence de la préfecture », rappelait le préfet. « Mais je considère qu’il est de son ressort de venir en appui de l’économie ». Les chiffres relatifs à l’emploi dans la Loire sont comparables à ceux du national. « Le taux de chômage a légèrement augmenté fin 2024 et connait une stabilisation en ce début d’année. » Trois secteurs géographiques sont structurellement identifiés : le sud du département avec un taux actuellement à 7,6 % (« un peu plus que le niveau national ») ; le Roannais à 6 % et le Montbrisonnais à 5 %.
Fin 2024, les entreprises ligériennes ont connu une petite baisse de leur chiffre d’affaires, avec une reprise début 2025. « Il faudra mesurer les conséquences du contexte international dans quelques mois car le département compte de nombreuses PME, qui sont des sous-traitants. Les effets positifs et négatifs sont souvent mesurés plus tard », expliquait le Alexandre Rochatte.
La préfecture continue à accompagner les entreprises dans les secteurs de la défense et du nucléaire : recruter des salariés, sécuriser les activités car elles sont des cibles potentielles, mutualiser les coûts d’agrément, former ou encore faire connaitre aux jeunes ces activités.
Les services de l’Etat travaillent aussi sur les friches industrielles, pour que les entreprises puissent se réimplanter sur ces sites aujourd’hui délaissés.