Julien Delheur, un président engagé au service des adhérents
Agriculteur à Saint-Georges-Haute-Ville et administrateur d’Eurea depuis 2010, Julien Delheur a accédé à la présidence de la coopérative en 2024. Porté par une vision pragmatique et opérationnelle, il s’attache à poursuivre la feuille de route stratégique 2030, au service des adhérents et du développement des filières locales.
Il aurait pu travailler dans le paramédical, il est finalement devenu agriculteur… De cette idée d’enfant à la réalité d’adulte, le pas est grand. « J’ai toujours été attiré par l’aide, l’écoute et l’accompagnement des personnes, sans vraiment savoir pourquoi, mais le temps a fait son œuvre, mon parcours de formation également », raconte Julien Delheur, agriculteur à Saint-Georges-Haute-Ville et président d’Eurea, coopérative basée à Feurs et rayonnant sur la Loire et la Haute-Loire. Après des études agricoles (Bac pro élevage et BTS technologies végétales), il a préparé une licence professionnelle Commerce et management. « Ma scolarité a fait que j’ai développé une sensibilité pour les productions végétales. »
L’histoire de sa famille n’y est pas étrangère non plus. La ferme a accueilli des élevages jusqu’en 1980. « Mon grand-père avait un bon troupeau laitier, qui a été remplacé par des vaches allaitantes. Mon père, Jean, a conduit divers élevages, comme des ovins ou des volailles, mais il n’a pas souhaité poursuivre. Par contre, il avait développé des cultures annexes, comme des endives ou des légumes de plein champ. » Le matériel et les infrastructures présentes sur la ferme, « ainsi que l’envie de se lancer » l’ont conduit à commencer la production de pommes.
Julien n’était jamais très loin. Il s’est installé en 2008 sur une exploitation individuelle de Saint-Georges-Haute-Ville. Celle-ci a été regroupée avec la ferme familiale en 2013, lorsque ses parents se sont retirés.
Une ferme en rythme de croisière
Aujourd’hui, Julien Delheur est seul à la tête de l’exploitation, qui compte 140 ha (100 ha de cultures, 40 ha de prairies et 1 ha de vergers, irrigation à partir du canal du Forez). La diversité des variétés de pommes permet un étalement du travail, notamment de la récolte. Les prairies font partie intégrante de la rotation des cultures. « Je vends l’herbe aux éleveurs des alentours. » Quant aux cultures, « je produits tout ce qu’il est possible de commercialiser en filière : blé et seigle CRC (Culture raisonnée contrôlée), tournesol d’oisellerie, maïs (ensilage pour les voisins ou grains secs). La plupart de mes productions ne sortent pas du département. » Il avoue avoir toujours une multitude de projets en tête, « mais je n’ai pas le temps de les tester et de les concrétiser. Je suis persuadé qu’il y aurait beaucoup à faire dans le domaine de la valorisation des produits locaux ». L’agriculteur peut compter sur un apprenti pour l’épauler et il fait appel à une entreprise de travaux agricoles pour certaines tâches
C’est sur la sollicitation d’Henri Meunier, alors président d’Eurea, qu’il a intégré le conseil d’administration de la coopérative en 2010. « J’ai accepté car mes parents ont toujours travaillé avec la CBA, devenue Eurea. J’avais aussi la curiosité de comprendre le fonctionnement d’une telle structure et l’envie d’avoir un peu de pouvoir de décision sur le devenir de mes produits. J’ai toujours été interpelé par la mise en commun d’outils et par la fixation des prix. Pour moi, c’est plus facile de comprendre tout cela en étant impliqué dans la vie de la structure. »
La coopérative, la continuité de l’exploitation
Il poursuit : « Un chef d’exploitation a la responsabilité de sa ferme. S’engager au sein d’un conseil d’administration d’une coopérative, c’est aussi être responsable des choix pris au sein de ce collectif. Quand on lève la main, on oriente, donc c’est engageant. Si Eurea vend mal nos produits, notre propre exploitation peut être impactée. » Aussi, être administrateur, constitue « une suite logique de la valorisation de ses propres productions ».
A lire au sujet d'Eurea : l'assemblée générale 2024
Julien Delheur s’est laissé embarquer dans l’aventure Eurea : d’administrateur, il est rapidement passé membre du bureau. « Je n’avais pas l’ambition de devenir président du conseil d’administration, mon but était de travailler sur les dossiers. » La destinée de Jean-Michel Javelle, élu président d’Eurea en 2023, a impacté celle de Julien Delheur : en juin 2024, le premier a été désigné président de Sodiaal France et le second s’est vu confier la présidence d’Eurea le 1er juillet. « J’ai accepté de prendre cette responsabilité car je connaissais bien le fonctionnement de la structure grâce à mon implication depuis plusieurs années. J’avais aussi conscience de l’investissement des collaborateurs et je savais que j’avais le soutien de mes collègues administrateurs. Tout cela a compté dans ma décision. »
Le responsable sait qu’il peut s’appuyer sur l’ensemble des membres du bureau et sur Franck Roux, le président délégué Haute-Loire, « qui est le référent pour ce département ». Tous travaillent à renforcer le conseil d’administration, où des postes sont à pourvoir. « Notre objectif est de couvrir l’ensemble du territoire Loire et Haute-Loire. Nous voulons des administrateurs qui aient véritablement du temps à consacrer à la coopérative en plus de leur exploitation, qui aient envie de connaître le groupe et surtout qui veulent s’impliquer. Nous sommes à un moment charnière pour le renouvellement des générations de responsables au sein de notre coopérative. Des membres arrêtent pour cause de retraite. Et il ne faut pas oublier que les deux derniers présidents, Christophe Chavot et Jean-Michel Javelle, ne siègent plus au conseil. »
Depuis maintenant plus d’un an, Julien Delheur s’attache à s’impliquer au maximum dans sa nouvelle mission pour maîtriser tous les dossiers. « J’ai passé beaucoup de temps avec le directeur, Bertrand Relave, et le comité de direction, que je remercie au passage pour le temps passé. Il m’a également fallu m’imprégner de l’environnement dans lequel la coopérative évolue, à l’échelle départementale, mais aussi régionale et nationale. »
De plus, les réunions de proximité, qui se déroulent chaque année avant l’hiver, sont l’occasion « de prendre beaucoup d’informations sur le territoire, celles du moment comme passées. Ecouter les aînés sur l’histoire permet de comprendre la situation d’aujourd’hui. Ces réunions aident aussi à capter les problématiques et les doléances du terrain ».
Deux axes stratégiques pour Eurea
Le président tient à rappeler que, « dans une coopérative, le conseil d’administration définit les axes stratégiques et le comité de direction et ses équipes les mettent en œuvre. Un travail conséquent pour définir la feuille de route à horizon 2030 avait été conduit avec Jean-Michel Javelle. Il n’y avait aucune raison de le refaire à mon arrivée à la présidence. Nous avons poursuivi ce qui était prévu tout en apportant des ajustements en fonction de l’évolution du contexte. Mon objectif est d’être dans le concret et l’opérationnel, et surtout de faire en sorte que les adhérents soient satisfaits. »
Aussi, les deux axes stratégiques que Julien Delheur et le conseil d’administration s’emploient à suivre sont : servir les adhérents et développer leur revenu ; développer les activités de vente aux particuliers (jardineries en particulier). Le deuxième axe doit contribuer à financer le premier et à faire un retour économique aux adhérents lorsque cela est possible (RFE – Remise de fin d’exercice). Les quatre métiers d’Eurea sont l’agriculture, la nutrition animale, l’alimentation responsable et la jardinerie. Le responsable a la volonté de prendre des décisions avec le conseil d’administration qui soient « équilibrées » entre toutes les productions, toutes les filières et toutes les tailles d’exploitation. Le plan Convergence, qui vient de se concrétiser, fait partie intégrante de la feuille de route d’Eurea.