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Filière

L’œuf a toujours la cote

La consommation d’œufs poursuit sa croissance. Pour répondre à la demande tout en limitant les importations, la filière envisage de construire 300 poulaillers d’ici 2030. Pour cela, elle demande de simplifier les procédures de construction de bâtiments.

Par Actuagri
L’œuf a toujours la cote
Alors que la consommation d’œufs augmente, la filière juge essentiel de renforcer l’offre intérieure pour sauvegarder la souveraineté alimentaire.@AdobeStock

Les Français mangent de plus en plus d’œufs. Au cours des deux dernières années, la consommation a continué de croître de +4 % par an. On atteint 226 œufs par an et par personne. Bonne nouvelle, la baisse des coûts de production, notamment de l’aliment, a permis de répercuter cette baisse au consommateur. L’œuf devient « le produit anti-crise, la protéine animale la plus abordable et c’est ce qui en partie explique son succès », a expliqué Alice Richard, directrice de l’interprofession des œufs (CNPO).

Cette tendance se retrouve à l’échelle mondiale. Les Terriens consomment 25 % d’œufs en plus qu’il y a dix ans. Si la Chine est le premier producteur mondial, la France est en tête en Europe, devant l’Allemagne et l’Espagne. A noter la situation particulière des Etats-Unis, gros consommateur d’œufs, mais touchés par la grippe aviaire. Ils ont déjà dû abattre trente millions de poules pondeuses en 2025 et le prix des œufs a flambé jusqu’à atteindre neuf euros la douzaine en février dernier.

Taux d’approvisionnement de 98,6 %

En France, le taux d’approvisionnement est de 98,6 %, après être descendu à 96 % en 2022. La stratégie de vaccination des canards a permis de protéger les poules et de redémarrer la production d’œufs.

Par ailleurs, les exportations, surtout d’ovoproduits ont progressé de 25 % tandis que les importations n’ont augmenté que de 13 % en 2024. L’objectif de la filière est d’atteindre à terme 101 %.

Mais les importations sont toujours en embuscade, notamment en provenance d’Ukraine, dont les volumes d’œufs coquilles importés dans l’Union européenne ont dépassé 50 000 tonnes en 2024 et sont déjà en progression de 60 % sur les onze premières semaines de 2025. Or cette production ne respecte pas les normes environnementales, ni sanitaires, ni sociales en vigueur dans l’Union. 300 nouveaux poulaillers L’origine française et donc le respect a minima de ces normes européennes est un des critères d’achat pour neuf Français sur dix.

Le logo « œufs de France », non seulement sur les œufs, mais sur les produits utilisant ces œufs (biscuits, brioches…), est un élément déterminant pour le consommateur.

Renforcer l’offre intérieure

La filière juge essentiel de renforcer l’offre intérieure pour sauvegarder la souveraineté alimentaire. Elle souhaite créer 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030, soit un investissement de 300 millions d’euros. Quelques dizaines de projets sont déjà en cours dans le Grand Ouest. 25 % sont au stade de la réflexion, 45 % ont franchi l’étape des devis et des accords bancaires sont en cours. Enfin, 10 % ont débuté les travaux, mais certains butent sur la pénurie de main d’œuvre.

Yves-Marie Beaudet, président du CNPO a rappelé les demandes faites à l’Etat de se conformer aux règles européennes pour faciliter l’installation de ces nouveaux poulaillers et non aux surtranspositions appliquées par la France. Ainsi pour les constructions nécessitant une évaluation environnementale : appliquer 60 000 poules et non 40 000 comme le demande la France. Le président de l’interprofession demande également d’exclure l’élevage de la procédure d’autorisation de la loi industrie verte/émissions industrielles (IED) qui place ce dernier dans la même catégorie que l’industrie. Il demande d’écarter les poulaillers de plus de 21 500 poules. Car la directive IED risque de pénaliser 458 poulaillers déjà en production.

Selon Yves-Marie Beaudet, « la France peine à avoir des appuis sur ce sujet en Europe car elle a beaucoup de petits élevages. L’Espagne, par exemple, a des unités moyennes de 500 000 poules ». S’adressant à la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, et à son homologue de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, il demande « les moyens d’une simplification administrative pour construire ces bâtiments et générer de la croissance ». Avec ce programme la filière souhaite surtout aussi répondre aux attentes environnementales des consommateurs. Atteindre 90 % de poules en élevage alternatifs en 2030 alors que nous sommes à 75 % aujourd’hui.