« La filière caprine se porte plutôt bien dans la Loire »
L’association des chevriers de la Loire, forte d’une vingtaine d’adhérents, reste attentive au développement de la filière caprine. Jean-Luc Rouchouze, son président, revient sur les initiatives en cours, les projets d’installation et les défis pour relancer la production de cabris dans le département.
L’association des chevriers de la Loire existe depuis plusieurs années. Comment se porte-t-elle aujourd’hui ?
Jean-Luc Rouchouze : « Nous comptons actuellement 27 ou 28 adhérents répartis sur l’ensemble du département. L’association tourne bien et continue ses activités malgré le changement d’animateur : Philippe Allaix est parti et Lucie Bonchamp a pris le relais, reprenant toutes ses missions. Le fonctionnement se passe très bien et nous avons réussi à assurer une transition en douceur. »
Comment se porte la production caprine dans la Loire ?
JLR : « On observe de plus en plus d’installations. Certaines concernent de petits troupeaux orientés vers la vente directe, d’autres de plus gros troupeaux destinés à la laiterie. Pour 2025, nous prévoyons une vingtaine de nouvelles installations ou projets. Cela montre un vrai regain d’intérêt pour l’élevage caprin. »
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Vous abordez souvent la question des cabris. Où en êtes-vous sur ce sujet ?
JLR : « C’est un dossier compliqué. Les éleveurs s’inquiètent surtout au moment des mises bas ; après, le stress disparaît. Le cabris reste un produit difficile à valoriser : il coûte cher à engraisser et se vend peu cher. La filière a été délaissée pendant des décennies et nous devons repartir de très loin pour relancer la consommation. Cela fait trois à quatre ans que nous en discutons régulièrement, notamment pour la vente de lait en laiterie ou en direct. »
Et sur le plan de la filière lait, la situation est-elle rassurante ?
JLR : « Oui. Autrefois, nous expédions beaucoup de lait à l’étranger, en Espagne notamment. Aujourd’hui, c’est l’inverse : les collecteurs cherchent à faire rentrer du lait sur le territoire. Les laiteries locales sont preneuses, donc pour l’instant la situation est plutôt positive. »
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La question sanitaire inquiète-t-elle vos membres ?
JLR : « Nous restons vigilants, notamment face à la FCO (Fièvre catarrhale ovine). Heureusement, très peu d’élevages caprins ont été touchés. Là où la maladie est apparue, le nombre d’animaux concernés est resté faible. Nous avons donc de bonnes raisons d’être sereins, pour l’instant. »
Quel est le moral des éleveurs aujourd’hui ?
JLR : « Plutôt bon. Les jeunes en cours d’installation, qu’il s’agisse de vente directe ou de laiterie, semblent confiants. Nous restons attentifs aux évolutions, mais globalement la dynamique est positive et encourageante pour l’avenir de la filière caprine dans la Loire. »
Comment se porte le renouvellement des éleveurs dans le département ?
JLR : « La filière caprine affiche un renouvellement de 102 %, ce qui est très satisfaisant. Bien sûr, certains chiffres peuvent être faussés par les changements de statut des conjoints collaborateurs, mais globalement, c’est positif. La majorité des installations se fait hors cadre familial, souvent en reconversion professionnelle. Cela apporte de la dynamique, même si beaucoup de jeunes ne restent pas dans le métier à long terme. »
La Loire est-elle un département caprin ?
JLR : « Historiquement non, mais nous avons un noyau de producteurs très performants. Deux de nos élevages ont été récompensés ces dernières années dans le cadre du trophée Capgènes, ce qui est énorme comparé au reste de la France. Nos troupeaux produisent de très beaux boucs et sont reconnus pour leur génétique. »
Quels profils retrouve-t-on parmi les éleveurs ?
JLR : « Certains sont passionnés par la génétique, d’autres par la production de produits finis. Nous avons des troupeaux indemnes de maladies et de très bons résultats en production et en qualité. Les races dominantes sont la Saanen et l’Alpine, à peu près à égalité. »
Que faites-vous pour accompagner les jeunes éleveurs ?
JLR : « Nous réfléchissons à un système de parrainage. Le groupe de travail auquel nous participons avec les chambres d’agriculture de la Loire et du Rhône, La chèvre laitière, le Parc du Pilat et l’AOP rigotte de Condrieu) essaie de mettre en place des référents pour guider les jeunes installés. Nous voulons aussi diffuser des informations via des flyers dans les écoles et lors de points info pour mieux faire connaître la filière. »