La filière vin veut professionnaliser l’œnotourisme
La Fédération nationale Vignobles & Découvertes a annoncé le lancement en octobre prochain d’une manifestation associant 70 sites labellisés. En pleine crise viticole, l’œnotourisme ouvre des perspectives de développement au vignoble.

« Le vin, qui était autrefois une simple boisson, est devenu un produit que l’on déguste comme une expérience culturelle », a assuré, début juillet, Michel Chapoutier, président de la Fédération nationale Vignobles & Découvertes, qui rassemble 74 destinations « à vocation touristique et viticole ». Selon le vigneron à succès de la Vallée du Rhône, également président de l’Union des maisons de vins (UMVins), il n’est donc pas étonnant que les régions les plus avancées en matière d’accueil oenotouristique (associant des produits touristiques multiples et complémentaires autour du vin) « souffrent aujourd’hui moins que les autres ».
Quinze ans après le lancement du label Vignobles & Découvertes attribué pour une durée de trois ans par Atout France, la Fédération Vignobles & Découvertes a annoncé le lancement de « Vignobles en scène », un événement national inspiré des Journées du patrimoine, dont la première édition aura lieu du 17 au 19 octobre 2025.
Des « expériences culturelles, gastronomiques, sportives ou artistiques » seront organisées simultanément dans 70 destinations labellisées à travers la France sous la forme, notamment, de banquets insolites dans des lieux patrimoniaux ou naturels exceptionnels comme sur le canal des Deux-Mers à Fronton, dans la grotte Chauvet 2, ou dans les arènes de Mont-de-Marsan, d’itinéraires sensoriels, de spectacles, de croisières, de concerts, etc.
L’œnotourisme intégré dans l’OCM vin
« Au-delà de cette manifestation, notre ambition est de professionnaliser les activités œnotouristiques pour en tirer tout le potentiel », a expliqué Michel Chapoutier. Le président de Vignobles & Découvertes a appelé au développement de formations spécifiques à l’œnotourisme au sein de l’enseignement agricole, « afin que les vignerons embauchent des profils qualifiés », et souhaite encore renforcer les liens, au niveau de chaque territoire, entre les acteurs du vin, ceux du tourisme, de l’hôtellerie-restauration et des milieux culturels.
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« L’œnotourisme fait partie intégrante du plan de relance de la filière vitivinicole », a poursuivi le vigneron. « Nous avons obtenu qu’il y ait une rubrique œnotourisme parmi les mesures de soutien inscrites dans le cadre de l'Organisation commune de marché (OCM) vitivinicole », au même titre que la promotion vitivinicole vers les pays tiers ou l’aide à la restructuration, a-t-il annoncé. « Cela va permettre aux interprofessions de lever des fonds pour communiquer à l’étranger sur l’œnotourisme en France », a-t-il poursuivi, assurant que la France était « pionnière » dans ce domaine.
Une étude réalisée par Deloitte pour Vin&Société confirme l’impact économique croissant de l’œnotourisme en France. Selon cette étude qui s’appuie sur plusieurs enquêtes menées auprès des professionnels, mais aussi de touristes venus récemment visiter la France, 12 millions de personnes (dont 5,4 millions venues de l’étranger) ont visité, en 2023, des lieux dédiés au vin, qu’il s’agisse de caves, de domaines, de coopératives, de musées ou d’événements viticoles.
Les dépenses directes issues de ces visites sont estimées au total à 5,4 milliards d’euros (Md€), dont 1,8 Md€ dans les domaines viticoles et coopératives et 3,6 Md€ dans la restauration, l’hébergement ou les activités locales. 1,6 Md€ de chiffre d’affaires supplémentaire serait en outre généré, par effet d’entrainement, par les achats de la filière auprès de ses fournisseurs (matériel, logistique, artisanat...).
Les retombées économiques sont importantes pour les producteurs et coopératives recevant des « œnotouristes ». Selon Deloitte, cette activité représenterait en moyenne 30 % du chiffre d’affaires des professionnels concernés. Une entreprise sur deux réaliserait plus de 20 % de son chiffre d’affaires via l’œnotourisme et même une sur cinq plus de 50 %. « Pour beaucoup de petites structures, l’activité œnotouristique est devenue un levier de résilience, de diversification et de transmission du patrimoine face à la crise économique que traverse actuellement le secteur viticole », conclut l’étude.