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Maires ruraux

« La question scolaire est primordiale pour les communes rurales »

L'Association des maires ruraux de France, qui rassemble près de 10 000 maires de communes de moins de 3 500 habitants, tient son congrès national ce week-end à Saint-Vincent-de-Boisset. A quelques mois de la présidentielle, les débats porteront notamment sur le thème de l'école rurale. Les explications de Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre (Indre) et président de l'AMRF.
« La question scolaire est primordiale pour les communes rurales »

En quoi consiste le congrès des maires ruraux de France, qui se déroule samedi 8 et dimanche 9 octobre à Saint-Vincent-de-Boisset (Loire) ?

Vanik Berberian : Nous avons deux rendez-vous annuels sur le plan national : l'assemblée générale et le congrès. Celui-ci se tient chaque année dans un département différent et se concentre sur une thématique particulière. Cette année, nous échangerons autour de la question scolaire, primordiale pour les communes rurales.

Pourquoi ce choix ?

On a estimé nécessaire de faire un point alors que des choses nouvelles sont apparues ces dernières années : les changements de rythmes scolaires, l'organisation des activités ainsi qu'un sujet récurrent qui est l'ouverture et la fermeture des classes ou des écoles. Ceci, à un moment où le ministère de l'Education propose aux collègues la signature d'une charte pour l'école rurale (les conventions ruralité). C'est de cela dont il faut que nous parlions car deux visions s'opposent : maintenir coûte que coute une école dans chacun des villages, parfois au détriment de la qualité scolaire car entretenir une dynamique pédagogique devient difficile quand vous avez une école avec plus d'enfants ou pas assez ; un énième regroupement de regroupement, ce qui est un peu dans l'esprit de la charte proposée, avec un chantage inadmissible : la garantie de maintenir pendant trois ans les postes d'enseignants si on est d'accord avec ce plan-là.

Comment se dérouleront les échanges ?

Deux tables rondes tourneront autour de ce sujet (Quelle organisation scolaire territoriale ? puis Quelle gouvernance et quels financements ?). Parmi les intervenants, on retrouvera notamment deux parlementaires, les sénateurs Françoise Cartron (Gironde) et Jean-Claude Carle (Haute-Savoie), qui ont travaillé sur l'école, les rythmes ou l'organisation scolaire, ainsi que Françoise Moulin-Civil, rectrice de l'académie de Lyon et qui a été présidente du groupe de travail sur le rythmes scolaires au niveau national.

Définir une position commune aux maires ruraux constitue-t-il l'objectif ?

C'est une possibilité, mais ce n'est pas toujours le cas car chacun reste libre de ses positions et on peut ne pas être d'accord sur tout. L'idée, c'est surtout d'éclairer le débat, d'accompagner les collègues à se forger une opinion et de voir comment les choses peuvent évoluer sur ce dossier.

D'autres sujets seront-ils explorés ?

Trois ateliers se dérouleront effectivement samedi matin : L'intercommunalité que nous voulons, La santé en milieu rural et Les finances des collectivités rurales. Ils permettront de débattre et d'exposer des points de vue.

Le congrès se déroule à quelques mois de la présidentielle, avec des maires certainement sollicités pour accorder leur parrainage aux candidats. Cela peut-il donner du poids aux mesures que vous défendez ?

Non, il faut être conscients et réalistes. Le débat électoral est d'une autre échelle et chacun accorde la crédibilité qu'il veut au débat présidentiel. On a largement compris que ce qui pouvait se dire au cours d'une campagne n'était pas forcément ce qui se déroulait par la suite en termes de mise en application des programmes... Il faut être très modeste sur le sujet. Concernant les signatures, notre association réunit des maires de toutes sensibilités et chacun fait ce qu'il veut. Certains ont même refusé d'accorder leur parrainage.

L'AMRF entend-elle malgré tout peser dans cette campagne électorale et faire entendre sa voix ?

Ça, oui. Depuis quelques mois, nous avons initié Les Etats Généreux de la ruralité, démarche qui consiste à réunir les maires, à faire un état des lieux et à formuler des propositions pour la ruralité, propositions qui seront ensuite adressées aux différents candidats. On ne va pas demander aux candidats ce qu'ils comptent faire de la ruralité car, en général, ils s'en fichent. Nous allons donc inverser le processus avec cette démarche qui part du bas vers le haut. On va réunir les adhérents de l'AMRF et plus largement tous les acteurs – les associations, les acteurs économiques, les personnes qui s'activent sur ces territoires, etc. – concernés par la question du développement rural. L'idée, c'est de porter une voix pour que les territoires ruraux soient mieux reconnus dans les dispositifs publics et politiques.

Propos recueillis par Franck Talluto