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Section lait FDSEA

Lait : une crise qui n'en finit pas

Julien Derory a réuni les membres du conseil d'administration de la section laitière de la FDSEA, le 30 septembre, pour faire le point sur la situation, toujours aussi préoccupante.
Lait : une crise qui n'en finit pas

Lors de la réunion de la section lait de la FDSEA organisée le 30 septembre, un point sur la conjoncture a été fait, avec une tendance à la remontée des cours mondiaux, très forte pour le beurre, un peu moins sur les poudres de lait, mais aussi sur les fromages d'exportation (Edam et Gouda notamment). Ce contexte, qui marque un redémarrage de la demande en Chine, mais aussi dans quelques autres pays, couplé avec la baisse de production, dans une partie des pays du nord de l'Europe, est un signe encourageant.


Toutefois, il ne peut cacher l'incapacité de l'Europe à prendre des mesures intelligentes de régulation du marché, même si là aussi, avec beaucoup de retard, la plupart des pays européens rejoignent enfin les positions françaises, défendues par la FNPLait depuis plus de deux ans, en matière de gestion du marché. Le bilan du programme d'incitation à la baisse de la production permet de tirer des enseignements intéressants, car en utilisant presque 99 % de l'enveloppe prévue, en quelques jours, les producteurs de l'ensemble de l'Europe se sont montrés très réactifs et intéressés par ce programme. En France, ce sont environ 20 % des éleveurs laitiers (254 dans la Loire) qui se sont engagés pour une baisse de presque 3 % des volumes. En Allemagne, cette baisse atteindra 3,7 % de la production, 3,3 % en Belgique, et même 6,8 % en Irlande, pays qui a le plus fortement augmenté sa production depuis 18 mois, étant ainsi largement responsable de la crise actuelle.


Pour les producteurs qui n'ont pas encore déposé de demande pour cette aide à la réduction de collecte, le ministère de l'Agriculture a indiqué qu'une nouvelle ouverture était prévue jusqu'au 12 octobre midi, qui concerne donc les 1 % de budget restant. La FNPL a demandé que l'Etat français complète l'enveloppe européenne, pour abonder toutes les demandes. Un bilan de l'action de fin août contre Lactalis a été fait. Pour l'ensemble des participants à la réunion, cette action a été bénéfique pour toute la filière. Mais, aujourd'hui, avec la remontée des cours mondiaux, d'une part, le plan de baisse de la production qui devrait amplifier cette tendance, d'autre part, il est indispensable que tous les groupes laitiers se posent la question d'un ajustement des prix aux producteurs. Si Lactalis a ainsi comblé son retard pour la fin de l'année, une pression devra aussi être mise chez les autres collecteurs. Une rencontre avec Sodiaal est ainsi prévue pour mi octobre.

Loi Sapin 2

La pression médiatique de l'été dernier, à l'encontre de Lactalis mais aussi des élus, a permis d'obtenir le vote en fin de semaine dernière de la loi Sapin 2, qui réforme la loi de modernisation de l'économie de 2008, qui avait renforcé le pouvoir, déjà exorbitant, des GMS. Cette réforme va permettre de rééquilibrer les relations entre entreprises et producteurs, en donnant plus de poids aux OP. Ainsi, la logique de négociation des prix sera inversée : avant la fin de l'année, il y aura obligation de négocier un prix prévisionnel aux producteurs, entre laiteries et OP, prix prévisionnel qui sera obligatoirement repris dans les contrats entre laiteries et GMS, avec indexation sur des indices de coût de production.

 

Avant fin février, les prix et conditions de vente de l'année suivante seront négociés entre les laiteries et les GMS. Cet épisode se terminera pendant le Salon de l'agriculture, ce qui permettra d'agir, sur le plan syndical, si les choses se « passent mal ». Enfin, la loi Sapin va cadrer de façon beaucoup plus détaillée les relations entre OP et laiteries privées, par un accord cadre obligatoire, rendant ainsi impossible la mise à l'écart des OP, comme certains groupes l'ont fait. Ainsi, cette réforme, pour laquelle Xavier Beulin (président de la FNSEA) et les responsables de la FNPL se sont beaucoup battus depuis deux ans, va permettre de sortir de la logique « prenez ce qu'il reste », qui prévaut jusqu'à aujourd'hui, une fois que les autres maillons de la filière, à commencer par les GMS, se sont servis.


Les membres de la section lait ont aussi débattu de la proposition d'élargir l'idée du « fonds porcin » à l'ensemble des productions d'élevage. Il s'agit de trouver un financement, en cas de crise aigüe, par l'intermédiaire des GMS, qui reverseraient quelques centimes à un fonds, facturés en pied de facture, donc hors négociations commerciales, ces sommes étant ensuite reversées directement aux producteurs, pour au moins ne pas tomber en dessous du coût de production. Cette idée, là aussi lancée par la FNSEA, est pour l'instant bloquée pour les porcs, en raison de l'objection d'une partie de la filière.

 

La FDSEA soutient totalement cette idée et a demandé à la FNSEA de l'élargir à toutes les productions d'élevage, pour sortir du blocage actuel. Le principe de ce fonds de soutien est un complément logique à la loi Sapin et n'interviendrait qu'en cas de crise, le marché devant rester la référence pour fixer les prix, selon la nouvelle logique votée par les parlementaires fin septembre. La FDSEA organisera des réunions intercantonnales cet automne, pour écouter les adhérents et expliquer le nouveau contexte, mais aussi ce qui reste encore à faire pour redresser la barre.

Patrick Breyton, FDSEA de la Loire