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FNSEA

Les agricultrices veulent toute leur place

La Commission nationale des agricultrices de la FNSEA (CNA) a tenu son assemblée générale le 13 novembre au siège du syndicat à Paris. Invitée à clore leurs travaux, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annoncé qu’elle allait présenter prochainement les conclusions de la grande consultation lancée en mars dernier.

Par Christophe Soulard
Les agricultrices veulent toute leur place
Les membres de la Commission nationale des agricultrices de la FNSEA (CNA) étaient réunis en assemblée générale le 13 novembre.

« Quel avenir pour les femmes en agriculture ? ». Tel était le thème de la table-ronde qui a animé l’après-midi de l’assemblée générale de la CNA (Commission nationale des agricultrices de la FNSEA). Les agricultrices ne recherchent pas forcément plus de droits. Certes il existe encore quelques revendications et ajustements qu’elles aimeraient bien voir aboutir comme un congé maternité vraiment effectif, la fin des statuts précaires (conjoint collaborateur), une meilleure couverture sociale pour les grossesses à risque ou encore une meilleure représentation dans les instances dirigeantes (1).

Sur ce dernier point, Catherine Faivre-Pierret, présidente de la CNA, n’a pas manqué de rappeler que la FNSEA a voté une motion lors de son dernier congrès pour que 25 % de femmes siègent dans les instances dirigeantes du local au national.

« Stéréotypes à la vie dure »

Ce que souhaitent les agricultrices, c’est pourquoi être reconnues comme telles et qu’on les considère comme les égales des hommes. Aurore Paillard, membre du conseil d’administration de Jeunes agriculteurs (JA), a relaté l’histoire d’une jeune agricultrice qui a suivi des études agricoles en vue de reprendre la ferme familiale. Au moment d’aller à la banque pour contracter le prêt, son propre père lui a demandé de laisser tomber : « Ce n’est pas ta place », lui a-t-il envoyé. « Autant dire que cette prise de position a créé beaucoup de polémique et de vagues », a ajouté Aurore Paillard. C’est d’ailleurs cet incident qui l’a incité à créer un groupe de travail au sein de JA pour réfléchir sur la condition féminine en agriculture sous différents angles : maternité, conditions de travail, stéréotypes, représentativité, etc. « Nous présenterons nos conclusions et des propositions au prochain Salon de l’agriculture », a-t-elle promis.

Sur la question des « stéréotypes qui ont la vie dure », selon son expression, la députée Anne-Sophie Ronceret (Renaissance – Yvelines) a également témoigné des résistances que les agricultrices de sa circonscription peuvent rencontrer ici et là pour l’obtention de prêt, pour l’installation, l’achat de matériel etc., regrettant que, « malgré les évolutions récentes, les mentalités peinent à changer (…) Dans d’autres milieux, comme celui de la grande distribution, on nous fait comprendre qu’on existe… mais qu’on n’est pas crédible (..) Surtout, ne lâchez rien et prenez toute votre place », a-t-elle encouragé l’assistance, sous des applaudissements nourris.

« Prenez votre place »

Le message de Catherine Faivre-Pierret a été tout aussi offensif, estimant que les agricultrices « assument pleinement leur rôle » et qu’elles sont confrontées aux mêmes problématiques (et parfois plus) que leurs collègues masculins en termes d’accès au foncier, aux coûts de main d’œuvre, de trésorerie… « Notre souffrance économique, administrative et sociale est réelle », a-t-elle indiqué.

L’appel a été entendu par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, venue clore les travaux de cette assemblée générale. C’est d’ailleurs la première fois qu’un membre du gouvernement se déplace pour cette occasion. « Mon combat est aussi le vôtre », a-t-elle rassuré les invitant à « prendre toute leur place, sans s’excuser ».

La consultation qu’elle a lancée à l’occasion de la Journée des droits des femmes en mars dernier a recueilli plus de 4 000 avis, y compris de la part des hommes. Sans en dévoiler le résultat, elle a concédé que les problèmes de parentalité et de méfiance revenaient de manière récurrente et que les attentes sont « fortes pour lever les freins et obstacles à leur parcours professionnel ».

Annie Genevard devrait dévoiler l’intégralité d’un Plan national d’actions qui couvre la formation, l’installation, la parentalité, la gouvernance, le statut et la retraite d’ici la fin du mois de novembre. « L’agriculture a plus que jamais besoin des femmes dans un contexte de renouvellement des générations. Elles sont un puissant levier de ce renouvellement », a-t-elle insisté, déplorant que le dossier des agricultrices soit « une question aveugle au plan européen ».

(1) Depuis le 1er janvier 2022, le statut de conjoint collaborateur perdure en étant limité à cinq ans. Passé cette date, le conjoint devient automatiquement salarié si aucune démarche n’a été effectué pour qu’il/elle devienne coexploitant(e).