Sommet de l'élevage : les races ovines parient sur l’avenir
Privée de bovins en raison de la dermatose nodulaire contagieuse, l’édition 2025 du Sommet de l’élevage mettra en lumière les ovins et caprins. Entre concours et nouvelles actions de promotion, la filière entend bâtir une dynamique durable afin de redonner sa place à l’agneau français sur les tables des consommateurs.

Alors que les bovins seront absents du Sommet de l’élevage cette année en raison de la Dermatose nodulaire contagieuse (DNC), les ovins et les caprins seront bel et bien au rendez-vous. Les représentants des races et des filières auront à cœur de mettre en lumière les petits ruminants. Effectivement, face à un marché en mutation et à des défis structurels, ils se mobilisent sur tous les fronts - production, accompagnement technique, modernisation de l’offre en points de vente - pour bâtir une dynamique durable et partagée. Avec un objectif simple : permettre à davantage de Français de consommer une viande d’agneau de qualité, produite sur nos territoires.
Face à une baisse de 17 % de la production française d’agneau en trois ans, liée notamment aux aléas climatiques et sanitaires, la filière Élevage et viande ovine déploie, cet automne, de nouvelles initiatives dans le cadre de son programme Inn’ovin. Celles-ci s’adressent aux éleveurs et techniciens d’élevage ovins, pour les inciter à “Produire plus pour manger mieux”.
L’agneau français répond parfaitement aux attentes des consommateurs qui privilégient une consommation plus durable, de proximité et porteuse de valeurs territoriales. Lors du Sommet de l’élevage, de nouvelles actions seront présentées à destination des éleveurs et des techniciens d’élevage : mallette recueil des fiches techniques Ciirpo et des outils de diagnostic adaptés à la filière ovine pour mieux produire, webinaires dédiés à ces outils d’aide à la production d’agneau, rencontres nationales et régionales entre techniciens ovins, témoignages de techniciens ovins ou encore espace dédié sur le site www.inn-ovin.fr.
Concours nationaux et interrégionaux
Bien évidemment, le Sommet de l’élevage accueillera plusieurs compétitions. Le Concours national Southdown, l’une des plus anciennes races ovines britanniques, se déroulera mardi 7 octobre de 14 à 16 heures. Reconnue pour sa petite taille, sa rusticité et son caractère docile, la Southdown est très appréciée des éleveurs pour sa croissance rapide et la qualité remarquable de sa viande, fine et savoureuse. Ce concours permettra de mettre en lumière l’excellence de la sélection et le savoir-faire des éleveurs qui travaillent à préserver et valoriser cette race patrimoniale.
La race Charmoise, originaire du Massif central, tiendra également son concours national au Sommet de l’élevage, vendredi 10 octobre de 11 heures à 12h30. Reconnue pour sa rusticité et sa capacité d’adaptation aux milieux difficiles, elle est idéale pour l’élevage extensif. Elle se distingue par sa prolificité équilibrée, sa facilité d’agnelage et la qualité de sa viande, tendre et savoureuse, très appréciée des consommateurs.
A lire aussi sur le Sommet de l'élevage :
Le Sommet de l'élevage 2025 privé de ses bovins mais pas de ses éleveurs
« L'élevage ne doit pas pâtir de l'instabilité de la France »
Plusieurs concours interrégionaux se dérouleront lors du Sommet de l’élevage : mercredi 8 octobre de 10h30 à 12h30 pour la race Texel ; le même jour, de 15 à 17 heures pour la race Ile-de-France ; jeudi 9 octobre pour la race Charollaise (de 14h30 à 18 heures) ; vendredi 10 octobre pour la race Suffolk (Femelles Prestige) de 12h30 à 15h30. À l’issue de cette compétition, une vente de reproducteurs Suffolk sera organisée.
Présentation des races caprines
Au Sommet de l’Élevage, chèvres laitières et chèvres rustiques sont présentées afin de mettre en valeur leur diversité, leurs aptitudes et leur rôle essentiel dans l’agriculture. Ces animaux, reconnus pour leur adaptabilité et leur rusticité, produisent un lait de grande qualité, utilisé dans la fabrication de nombreux fromages de terroir, mais offrent aussi des débouchés en viande et en entretien des paysages. La présentation des races caprines permet de découvrir leur importance économique, sociale et environnementale, tout en soulignant le savoir-faire des éleveurs. Elles défileront dans le ring du hall 5 à plusieurs reprises : le 7 octobre de 11h30 à midi, le 8 octobre de 10 heures à 10h30, les 9 et 10 octobre de 9h30 à 10 heures.
« Il ne faut pas relâcher nos efforts »
Les races ovines élevées sur le territoire défileront à plusieurs reprises dans le ring : le mardi de 17 à 18 heures et le mercredi de 17h30 à 19 heures. De la Charmoise à la Texel, en passant par la Suffolk, la Lacaune ou encore la Romane, les différentes races sont présentées au public, chacune avec ses spécificités et ses atouts. Ce défilé est l’occasion unique d’admirer la variété des morphologies, des toisons et des qualités bouchères ou laitières qui font la force de la filière ovine. Au-delà de la mise en valeur des animaux, il s’agit aussi de souligner le savoir-faire des éleveurs et de sensibiliser le grand public à l’importance de ces races dans l’agriculture et la gastronomie françaises. Qui sait, ces présentations susciteront peut-être des vocations.
Avec une installation pour un arrêt d’activité, la filière ovine fait figure de bonne élève en termes de renouvellement des générations. Pour Patrick Soury, président de la section ovine d’Interbev, même si les chiffres prouvent qu’il y a « des prémisses de résultats, il ne faut pas baisser la garde pour autant. Cela doit nous pousser à poursuivre notre engagement. En réalité, c’est un investissement permanent, qu’il faut sans cesse continuer. »
Le responsable national revient sur l’histoire : « Au début des années 2000, il a déjà fallu expliquer à chaque personne se lançant dans un projet d’élevage qu’on existait, tout simplement ! On représente une petite production à l’échelle du monde agricole, donc il fallait faire parler de nous. En plus, à l’époque, la filière souffrait d’une mauvaise image : celle d’un système peu rémunérateur, d’un élevage qui a du mal à s’équiper et vécu comme un fardeau. L’enjeu était de montrer que la filière ovine avait bien un avenir. »
Patrick Soury insiste : « Il n’y a pas de recette miracle : il faut investir sur le long terme. Cela fait 20 ans que l’interprofession le fait. À l’époque, le constat de l’ensemble des acteurs de la filière était effrayant : “Si on ne fait rien, on disparaît“. C’est toute une équipe (coopérations, éleveurs, abatteurs, GMS) qui a mouillé le maillot pour promouvoir notre programme. Globalement, l’attractivité passe forcément par des conditions de vie satisfaisantes, qui sont étroitement liées au revenu que l’éleveur tire de sa ferme. De ce côté-là, la revalorisation de l’aide de la Pac en 2013 pour les ovins a été une grande victoire. »