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Commission européenne

Mercosur : signature reportée à janvier

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé qu'elle différait la signature de l’accord controversé du Mercosur à janvier 2026.

Par M.-C. S.-B. avec Agrafil
Mercosur : signature reportée à janvier
Lors de sa déclaration à l'issue du Conseil de l'Europe, la présidente Ursula von der Leyen a annoncé le report en janvier de la signature de l'accord du Mercosur.

Initialement attendue le 20 décembre au Brésil, la signature de l’accord commercial controversé entre l’Union européenne et le Mercosur n’aura pas lieu d’ici la fin de l’année 2025, faute de soutien suffisant parmi les États membres. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a informé les chefs d’État et de gouvernement, le 18 décembre lors du Sommet européen de Bruxelles, du report du dossier à janvier.

« Ce soir, nous avons franchi une étape décisive pour ouvrir la voie à l’achèvement de l’accord en janvier. Nous avons pris contact avec nos partenaires du Mercosur et nous avons convenu de reporter quelque peu la signature. Nous avons besoin de quelques semaines supplémentaires pour résoudre certains problèmes avec les États membres », a-t-elle déclaré à l’issue du Conseil européen.

Cette décision de dernière minute a été facilitée par un échange téléphonique entre la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, et le président brésilien, Luis Inacio Lula da Silva. Selon son récit, rapporté par l’AFP, la cheffe du gouvernement italien lui a demandé de la « patience, une semaine, dix jours, un mois », en lui assurant que son pays soutiendrait l’accord in fine.

Un répit pour la France

Ce report offre un court répit à la France et à son président, Emmanuel Macron, qui n’a de cesse de marteler que l’accord ne peut pas être signé en l’état. Ce report a d’ailleurs été salué par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, dans un post sur X : « C’était la seule décision raisonnable, car en l’état il est inacceptable. Grâce à la détermination de la France et de plusieurs autres États membres, dont je salue l’engagement, ainsi qu’aux nombreux déplacements et rencontres que j’ai menés ces derniers mois, nous avons fait entendre nos préoccupations. C’est une avancée, mais pas une victoire : la France restera pleinement mobilisée pour défendre ses agriculteurs et ses filières. »

Revers pour d’autres

En revanche, ce report de signature représente un revers important pour l’Allemagne et l’Espagne qui poussaient ardemment pour une signature dans les prochains jours. Il est surtout une défaite pour la Commission européenne et sa présidente Ursula von der Leyen, cible principale de la manifestation agricole qui s'est tenue le 18 décembre à Bruxelles. « Cet accord revêt une importance capitale pour l’Europe sur les plans économique, diplomatique et géopolitique. Il ouvre de nouvelles perspectives commerciales et économiques pour tous nos États membres », a rappelé la présidente.

À l’issue de leur seule réunion en trilogue, le 17 décembre, les colégislateurs de l’Union européenne (UE) sont parvenus à un compromis concernant la clause de sauvegarde agricole de l’accord Mercosur, élément devant faciliter le processus d'adoption du traité. Concrètement, l’accord provisoire introduit quelques ajouts ciblés au texte initial, mais ne reprend pas en totalité les amendements du Parlement européen. C’est notamment le cas de l’obligation en matière de réciprocité, qui devient une déclaration de la Commission européenne visant à renforcer l’harmonisation des normes de production appliquées aux produits importés. Le texte prévoit des seuils de déclenchement d’enquête abaissés : augmentation des importations de 8 % sur une moyenne triennale et d’une baisse de 8 % du prix de vente (au lieu des 10 % d’une année sur l’autre prévus par Bruxelles). En outre, le délai de mise en place de mesures de sauvegarde provisoires reste à 21 jours maximum à compter de l’ouverture de l’enquête et non à 14 jours comme voulu par Strasbourg. Par ailleurs, l’accord provisoire contient bien des dispositions afin de lutter contre le contournement des mesures de sauvegarde et ajoute les agrumes à la liste des produits sensibles. Un compromis qui est, toutefois, « loin de répondre à l’objectif de protéger réellement nos agriculteurs et de garantir un commerce équitable ! » estiment les organisations et coopératives agricoles de l’Union européenne.