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Ovins

OS Mouton Charollais : la résistance au parasitisme testée

Cette année, l’OS Mouton Charollais expérimente pour la première fois une évaluation de la résistance au parasitisme pour les futurs béliers. 28 agneaux de l’année sont entrés au centre d’élevage de Palinges (71) à cet effet.

Par Marc Labille
OS Mouton Charollais : la résistance au parasitisme testée
Le 15 avril, jour d’arrivée des agneaux de la première bande de station de contrôle individuel de Palinges, une trentaine d’agneaux a été triée pour un protocole expérimental d’évaluation sur la résistance au parasitisme. Photo fournie par l’EA71.

La Station de contrôle individuel (SCI) du Mouton Charollais accueillait sa première bande d’agneaux le 15 avril dernier à Palinges (Saône-et-Loire). Comme chaque printemps, dans le cadre du schéma de sélection racial, la station de l’Organisme de sélection (OS) évalue deux bandes de jeunes mâles de l’année : les premiers nés en janvier et entrés mi-avril ; les seconds nés en février et entrés en station à leur tour le 13 mai. Les meilleurs futurs béliers seront vendus aux enchères le 1er août.

Cette année, l’entrée à la station a été marquée par l’accueil d’un lot d’agneaux pour un test de sélection sur la résistance au parasitisme. Les races ovines laitières ont été les premières à le faire. La crainte de voir se restreindre le champ des possibilités de lutte médicamenteuse amène les races à viande à leur emboîter le pas.

Deux « infestations contrôlées »

Il s’agit d’intégrer au protocole de contrôle individuel en station un test de la résistance au parasitisme. Les agneaux en évaluation sont soumis à « deux infestations contrôlées » censées déclencher une réaction immunitaire, explique Claire Debrut, technicienne à l’OS. À l’aide d’une seringue, on injecte dans la gueule des animaux des larves de parasites. À Palinges, il s’agit de strongles digestifs.


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Pour évaluer comment les agneaux réagissent à ces infestations, ils sont soumis à des coproscopies et à des analyses sanguines. Le but est de « voir les animaux qui excrètent le plus et ceux qui sont résilients », explique Claire Debrut. L’objectif est d’inclure ce protocole d’évaluation de la résistance au parasitisme au protocole de contrôle individuel comme le font déjà certaines races ovines.

Galop d’essai avant d’intégrer la SCI

Pour l’heure, l’OS Mouton Charollais le limite à un lot d’une trentaine d’agneaux séparés des agneaux en SCI dans le cadre d’un test. Ces animaux sont parqués dans une case aménagée dans la partie centre d’élevage de la station de Palinges. Contrairement aux agneaux en SCI, ceux du centre d’élevage ne devront pas accéder au pâturage pour ne pas risquer de s’infester naturellement de parasites.

Le recrutement a été effectué auprès des adhérents volontaires de l’OS. Pour cette première expérimentale, la sélection a été moins exigeante que pour la station de SCI. Les critères ont en effet été « plus light » en termes de qualités maternelles, de prolificité, de valeur laitière ou de standard de race. Il s’agit d’agneaux susceptibles de devenir des reproducteurs, mais plutôt dans une optique de croisement, explique Claire Debrut. Les animaux proviennent de toute la France et d’une vingtaine d’élevages différents, ce qui garantit une bonne diversité de conduites. Le tri de ces agneaux a été effectué par l’OS ainsi que Laurent Loury, technicien de la coopérative EMC2. Cette dernière, qui rayonne dans l’est de la France, a contractualisé avec l’OS pour reprendre ces futurs béliers et les replacer dans des élevages à l’issue de l’évaluation.

Du plus sensible au plus résistant

Au terme de leur séjour à Palinges, les agneaux seront classés du plus sensible au plus résistant au parasitisme. Le protocole ne débouche pas sur une indexation pour le moment. Pour l’heure, seules les races laitières l’ont fait. Dans ce cadre expérimental, les résultats de ce premier lot ne seront pas diffusés. Mais à terme, il s’agit bien d’appliquer ce protocole à tous les agneaux de la SCI et d’ajouter un index de résistance au parasitisme aux futurs catalogues de vente de station.

Éleveur en Côte-d’Or, Jean-Marie Guyot est responsable de la commission génétique à l’OS Mouton Charollais. Comme il l’explique, le programme sur la résistance au parasitisme est né de la volonté « d’élargir l’amélioration de la race à de nouveaux critères ». Ce sujet représentait une possibilité intéressante à explorer pour le Mouton Charollais afin de faire face à la « baisse d’efficacité des traitements du fait de l’apparition de résistance des parasites aux molécules. Nous voulions privilégier des animaux qui se défendent tout seuls », explique-t-il. « Dans les races, il existe des animaux plus sensibles que d’autres avec une part de génétique. L’idée est de repérer, dans nos populations, les animaux les plus résistants pour les sélectionner et les diffuser collectivement », explique le responsable. « Nous n’en sommes qu’au balbutiement. Ce premier essai dans notre centre d’élevage va servir d’étalonnage. »

Le protocole en station de contrôle individuel

Le 15 avril, la station de contrôle individuel de Palinges accueillait 120 agneaux charollais provenant de 42 élevages de 13 départements (Saône-et-Loire et limitrophes, Creuse, Haute-Vienne, Indre, Deux-Sèvres, Sarthe, Somme…). Dix jours avant, les adhérents de l’OS avaient reçu une liste des animaux pré-sélectionnés (sur index et qualifications des pères). Arrivés à Palinges, les agneaux ont été examinés un par un au déchargement par un vétérinaire. Puis un pré-tri sur le standard de race a été effectué par le président de l’OS Denis Berland (71). Le responsable de la station Jean-Marie Guyot (21), le vice-président de l’OS Jérôme Dubouis (23) et la directrice Aline Bonnot ont ensuite procédé à la sélection des « pris d’office », les fils de béliers qualifiés “RD” sélectionnés dans un maximum d’élevages pour la variabilité. Un ultime tri a été effectué par une commission d’éleveurs. Au final, ce sont 73 agneaux qui ont été retenus pour cette première bande de SCI. Le séjour en station débute par une phase d’adaptation de deux semaines et se poursuit par celle de contrôle d’une durée de huit semaines (pâturage et complémentation en bâtiment, pesées régulières, échographies des épaisseurs de gras dorsal et de muscle, pointage). « L’objectif est de repérer les animaux capables de mettre du muscle sans apporter trop de gras avec une croissance élevée », résume Claire Debrut. La première bande achèvera son contrôle à la fin du mois de juin, tandis que l’évaluation de la seconde bande se terminera environ un mois plus tard. Ces futurs béliers (une centaine issue des deux bandes) feront l’objet d’une vente aux enchères le 1er août à Charolles en même temps que le concours national de la race.