Présidentielle : l'Europe en tête des priorités

« Il y a un vrai besoin de comprendre et de se poser pour analyser », estimait Jean-Pierre Fleury, président de la Fédération nationale bovine (FNB), le 18 novembre au sujet des demandes du syndicat auprès du futur président de la République. La vraie priorité, c'est l'Europe. « La classe politique critique l'Europe et ne fait rien pour la faire changer », analyse-t-il. Lui qui fait régulièrement des allers-retours à Bruxelles constate que, « dans un monde qui change rapidement », les membres de la Commission « sont en profond décalage avec ce qui se passe » sur le terrain.
Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a lui aussi mis en avant, le 15 novembre, la nécessité de retrouver « une vraie dynamique européenne ». Il imagine pour cela « retrouver un axe franco-allemand » et, surtout, trouver « des objectifs de convergence sur certains points », dénonçant des normes environnementales ou fiscales différentes dans chaque pays. Car « quand on communique en Asie, on communique Europe... », souligne-t-il.
Même tonalité dans l'autre grande production de l'Ouest de la France : la production porcine. Le président de la Fédération nationale porcine (FNP) plaide sans ambages pour une TVA sociale, ou une TVA emploi, c'est-à-dire une mesure qui permettrait d'alléger les cotisations portant sur le travail, et d'alourdir la taxe sur la valeur ajoutée. Jean-Pierre Fleury souhaite également recréer « un pacte entre l'agriculture, la société et le gouvernement » et surtout « une profonde réforme de l'administration ». Il prône « une administration de service et non de contrôle. C'est tout un état d'esprit à changer ! » Un vœu partagé par la filière porcine qui plaide pour des « enjeux environnementaux réalistes, que les objectifs soient conformes à cet objectif de réalisme et non pas idéologiques », réagit Paul Auffray.
Intervention de l'Etat
Du côté du lait, Thierry Roquefeuil demande l'intervention de l'Etat : « Pour garder une cohérence sur les territoires, il faut que l'Etat s'en mêle. » Il n'imagine pas une France laitière entièrement en circuit court et en bio avec des exploitants solitaires. « Cela signifierait que la filière laitière serait morte ! » affirme-t-il, d'où la nécessité d'un vrai plan pour l'élevage français afin, entre autres, de donner un avenir aux jeunes. Des jeunes fortement atteints par une longue, trop longue, crise laitière. « Il faudrait auditer l'élevage français pour nous amener à quelque chose de cohérent », explique-t-il. Les producteurs porcins de la FNP demandent aussi l'intervention de l'Etat, mais pour protéger leur filière « du monopole de la grande distribution qui saigne notre économie », explique Paul Auffray, ou pour qu'il mette en place des outils de « gestion des aléas économiques ou sanitaires ».
Dans la filière ovine, Michèle Baudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), veut « des candidats qui se positionnent très clairement dans la manière dont ils vont aborder le Brexit ». Avec 43 % des agneaux anglais qui arrivent sur le territoire français et 60 % des agneaux néo-zélandais qui transitent par le Royaume-Uni, il y a de quoi s'inquiéter, selon elle. Elle attend également un « affichage clair au sujet du loup ». « Le loup n'est pas compatible avec l'élevage », affirme-t-elle. Elle espère un accompagnement renforcé de la filière, regrettant les dernières modifications d'attribution des aides couplées de la Pac et de l'indemnisation compensatoire de handicap naturelle (ICHN). « La production ovine est développée dans des zones où l'on n'a rien pu faire d'autre. Elle maintient des emplois et l'aménagement du territoire ».
Apasec