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Groupement de défense sanitaire

Sanitaire : anticipation et vigilance au service des élevages

La besnoitiose était le thème central de l’assemblée générale du Groupement de défense sanitaire (GDS) de la Loire la semaine dernière, avec l’intervention de deux spécialistes de cette maladie. Outre ce temps fort, il a également été question de diverses autres maladies animales à travers le bilan de l’activité de l’année 2018 du groupement. Il en ressort qu’en matière de sanitaire, les maîtres-mots sont : collectif, anticipation, vigilance, réactivité.
Sanitaire : anticipation et vigilance au service des élevages

L'année qui vient de s'écouler a été marquée, dans le département de la Loire, par « des avancées significatives dans la lutte contre certaines maladies, en particulier contre l'IBR et la BVD », indiquait David Duperray, président du Groupement de défense sanitaire (GDS) de la Loire, lors de l'assemblée générale de la structure, mardi 19 mars à Montbrison. « Le mérite en revient à tous les acteurs de la santé animale, et en premier lieu aux éleveurs ligériens ». Ainsi, l'IBR et la BVD ont largement été abordées au cours de la matinée.
L'arrêté ministériel du 31 mai 2016 a fixé les mesures de prévention, de surveillance et de lutte contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). L'objectif est d'éradiquer l'IBR en France. Dans la Loire, le choix a été fait d'appliquer rapidement cet arrêté, sans utiliser de dérogation. En mars 2019, 95% des cheptels sont qualifiés. Il reste 38 élevages détenant des bovins positifs. « Nous nous sommes souvent fait reprocher d'aller vite pour éradiquer cette maladie, justifiait David Duperray. Nous avons bien avancé dans la Loire. Dans les départements qui ont fait des dérogations, les éleveurs se trouvent désormais dans des situations compliquées
Le président du GDS poursuivait : « Nous devrions être, au 31 mai 2019, dans les critères de la Zone épidémiologiquement favorable (ZEF). Je salue la forte progression réalisée par les éleveurs ligériens, et j'attire aussi votre attention sur la fragilité de la situation. Chacun doit être vigilant pour ne pas réintroduire de bovins positifs et pour sécuriser au maximum les transports. » Il faut rappeler que les départements classés en ZEF bénéficient d'un allègement des prophylaxies et une diminution du nombre d'animaux prélevés, réduisant ainsi le coût des analyses. « L'argent ainsi économisé pourra être attribué à l'éradication de la BVD et de la Besnoitiose », complétait David Duperray (lire plus loin).
Il précisait que « le GDS continue de mettre la pression aux éleveurs qui ont encore des animaux positifs, et que, parmi les mesures coercitives, une facture de 400 euros sera transmise à tout éleveur qui détiendra encore des bovins positifs au 30 avril 2019 ou qui n'aura pas encore réalisé la première prophylaxie de qualification avant cette date. Ceci peut paraître dur, mais la diminution importante du nombre d'animaux en prophylaxie annuelle en dépend. Une économie financière et le travail de l'ensemble des éleveurs de notre département sont en jeu. »

 

Vers l'éradication de la BVD

Concernant la BVD, des pays européens ont déjà éradiqué cette maladie et des régions françaises sont sur la bonne voie. « De plus en plus d'éleveurs demandent au GDS d'avancer dans la voie de l'éradication de cette maladie, qui coûte cher : 83 euros par bovin et par an en moyenne dans un cheptel fortement infecté, et 46 euros dans un cheptel faiblement infecté, précisait David Duperray. Les contraintes du marché vont s'appliquer d'ici trois ou quatre ans, voire même avant, avec l'impossibilité pour un bovin qui n'est pas qualifié « non IPI » de circuler » (IPI, pour Infecté permanent immunotolérant, animal qui porte et excrète le virus de sa naissance à sa mort). « La Loire ne peut pas prendre de retard, indiquait le président du GDS. La BVD fait trop de dégâts dans nos élevages et la contrainte commerciale va arriver. » Et la seule manière efficace, rapide et à moindre coût, pour éradiquer la maladie est que tous les éleveurs fassent la démarche en même temps.
Ainsi, pour anticiper la mise en œuvre de l'arrêté national, qui s'annonce être une haute marche à franchir pour les éleveurs, les responsables du GDS Loire, confortés par la position des éleveurs présents à l'assemblée générale, ont pris la décision d'imposer les boucles d'identification BVD sur tous les veaux naissants pour détecter les animaux IPI par prélèvement de cartilage à partir du 1er juillet 2019. La pose de cette boucle est déjà encouragée depuis plusieurs années maintenant. En 2017, elles concernaient 15% des naissances et 20% en 2018. L'an passé, les boucles ont permis de détecter 300 veaux positifs en BVD dans le département (IPI et virémiques transitoires). Sachant qu'un IPI est susceptible de créer 126 autres IPI, de nombreuses contaminations, et donc de nombreux problèmes dans les élevages, ont ainsi été évités. Sur le début de l'année 2019, 30% de boucles supplémentaires ont été posées.
Une autre maladie bovine a largement été abordée au cours de l'assemblée générale du GDS : la besnoitiose. « Quatre nouveaux foyers se sont déclarés dans la Loire en 2018, ce qui porte à dix le nombre d'élevages touchés en quatre ans, annonçait David Duperray. Le rôle du GDS est d'agir pour la prévention et la détection précoce des foyers, pour ne pas laisser la maladie s'installer ». Ainsi, pour sensibiliser les éleveurs à la besnoitiose, les responsables du GDS avaient invité deux spécialistes de cette maladie pour présenter aux éleveurs présents les symptômes, les conséquences, les méthodes de diagnostic, les stratégies d'élimination des animaux infectés... Toutes les informations sont données dans le journal Paysans de la Loire.

 

Caprins, ovins, abeilles

Mais le GDS ne travaille pas uniquement pour les bovins. Un point a été fait sur les autres sections. Les sections ovines et caprines conduisent également des actions sanitaires pour assainir les troupeaux ou/et prévenir les cas cliniques : les éleveurs sélectionneurs ovins ont largement participé à l'action de lutte contre la Border disease (équivalent de la BVD pour les ovins) ; un plan expérimental pour lutter contre les boiteries infectieuses des ovins est en cours d'élaboration à l'échelon régional ; le plan de formation pour les éleveurs caprins a connu un beau succès ; aide à l'acquisition de la qualification Caev (arthrite encéphalite caprine) et plan paratuberculose en élevages caprins.
La section apicole a connu des mouvements de responsables. Vincent Vey en est désormais le président. L'objectif de cette section est qu'un maximum d'apiculteurs du département effectuent un suivi sanitaire des ruches de façon systématique en prévention et de façon collective. Ainsi, le PSE (Plan sanitaire d'élevage) a été renouvelé jusqu'en 2022, des formations sont dispensées aux adhérents, des programmes de surveillance sont appliqués (Varroa, Aethina tumida...). La section se préoccupe aussi de l'arrivée du frelon asiatique dans le département et s'organise en conséquence.

 

Grâce aux partenaires

Quelle que soit la maladie, le GDS est aux côtés des éleveurs pour les aider à les détecter et à les éradiquer des troupeaux. Il propose par exemple aux éleveurs bovins d'utiliser le « kit introduction » lors de l'achat d'animaux pour dépister la paratuberculose, la néosporose et la besnoitiose. Techniciens et responsables incitent également les éleveurs à utiliser le billet de garantie conventionnelle pour faciliter la reprise de l'animal acheté en cas de détection d'une pathologie. Des aides financières, directes ou indirectes, permettent aussi d'alléger les factures liées au sanitaire.
Chantal Brosse, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l'agriculture, est revenue sur la contribution financière de cette collectivité en faveur de l'élevage, et plus précisément du sanitaire : participation aux frais de la prophylaxie, convention avec le GDS qui s'adapte en fonction des besoins (récemment, analyse sur les produits fermiers, participation à la visite sanitaire pour les apiculteurs), laboratoire vétérinaire départemental.
En fin d'assemblée générale, David Duperray n'a pas manqué de remercier le Département pour son soutien, ainsi que les nombreux autres partenaires du GDS qui contribuent au maintien de la bonne situation sanitaire dans le département : Chambre d'agriculture, laboratoire vétérinaire, DDPP, vétérinaires, organisations professionnelles agricoles, organisation de commerce en bestiaux...
« Le département a un excellent niveau sanitaire,confirmait Patrick Rubi, directeur par intérim de la DDPP, en attendant que le successeur de Nathalie Guerson (Laurent Bazin, directeur de la DDPP de l'Ain) prenne ses fonctions. Les conséquences sont mesurables sur le plan économique : +5,2% d'exportations d'animaux ligériens entre 2017 et 2018. » Il insistait sur le fait que « le sanitaire est une question de vigilance. C'est bien que le GDS ait le souci d'avoir toujours un coup d'avance sur les maladies qui peuvent toucher les cheptels. La vigilance est aussi de mise lors de l'introduction des animaux dans les troupeaux. »
Raymond Vial, président de la Chambre d'agriculture de la Loire, allait plus loin : « le sanitaire constitue un vrai défi pour la profession agricole demain. Le transit des hommes et des femmes, et des animaux s'intensifie dans le monde, engendrant aussi le transport des maladies d'un continent à l'autre. » De plus, pour lui, le réchauffement climatique aura un impact sur le sanitaire, avec l'émergence de nouvelles maladies.

 

Lucie Grolleau Frécon