Premier ministre : Sébastien Lecornu succède à François Bayrou
Après l’échec du vote de confiance à l’Assemblée nationale lundi, François Bayrou a présenté mardi la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron. En fin de journée, ce dernier a nommé Sébastien Lecornu comme Premier ministre.

François Bayrou n’a pas obtenu la confiance de l’Assemblée nationale le 8 septembre : seuls 194 députés ont voté pour l’actuel exécutif, tandis que 364 ont voté contre et 15 se sont abstenus. François Bayrou devient ainsi le premier chef de gouvernement de la Ve République à être renversé lors d’un vote de confiance.
Dans le détail, la quasi-totalité des groupes macronistes, MoDem et Horizons ont voté pour la confiance. Seule exception, l’élue macroniste du Nord, Violette Spillebout, qui s’est abstenue en raison de l’affaire Bétharram. Les députés Les Républicains, membres de la coalition gouvernementale, bénéficiaient d’une liberté de vote et se sont divisés : 27 ont voté pour la confiance, 13 contre et 9 se sont abstenus. Les députés du Rassemblement national, leurs alliés ciottistes de l’UDR, Les Insoumis, les Socialistes, les Écologistes et le groupe des communistes et ultramarins ont voté à l’unanimité contre.
Le 25 août, François Bayrou avait annoncé qu’il engagerait le 8 septembre la « responsabilité du gouvernement » devant l’Assemblée nationale, pour trancher la « question centrale » de « la maîtrise de nos finances » et valider le principe de son plan d’économies budgétaires, selon l’AFP.
Un proche du chef de l’Etat
Mardi matin, Emmanuel Macron a reçu le Premier ministre, François Bayrou, pour accepter la démission de son gouvernement, avant de nommer un nouveau locataire de Matignon « dans les tout prochains jours », selon un communiqué de l’Élysée.
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Finalement, c’est en fin de journée, ce mardi 9 septembre, que le chef de l’Etat a désigné Sébastien Lecornu, son homme de confiance venu de la droite, au poste à hauts risques de Premier ministre. Le président de la République l’a « chargé de consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d’adopter un budget pour la Nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois », a annoncé l’Elysée dans un communiqué.
A 39 ans, l’ex-sénateur normand, inamovible au gouvernement depuis 2017, a grimpé les échelons jusqu’à devenir ministre des Armées, un portefeuille ultrasensible en temps de guerre en Ukraine, et s’est imposé comme un fidèle et un intime du chef de l’Etat.
Le premier secrétaire du Parti socialiste a refusé, mardi matin, avant la nomination de Sébastien Lecornu, de dire si son parti négocierait avec une personnalité issue du camp présidentiel, continuant jusqu’au bout de « revendiquer le pouvoir ».
Pour tenir, le futur gouvernement devra, quoi qu’il en soit, obtenir, a minima, une non-censure du PS, indispensable pour doter la France d’un budget pour 2026, dont la préparation vient de faire tomber le gouvernement sortant qui avait présenté un effort de 44 milliards d’euros.
La FNSEA et les JA veulent de la « stabilité »
Réagissant à la chute du gouvernement Bayrou, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a estimé, sur le réseau social X, que « la France a besoin de stabilité pour protéger sa souveraineté alimentaire ». L’instabilité politique « continue à fragiliser le monde agricole », explique le syndicaliste, alors que de nombreux dossiers agricoles ont été retardés ces derniers mois par les divers remaniements et la dissolution de l’Assemblée nationale.
Un « besoin de stabilité » également exprimé par le président de Jeunes agriculteurs, Pierrick Horel (sur X), « en vue du budget 2026 qui doit répondre urgemment aux défis climatiques, économiques et démographiques de l’agriculture ».
Quant à La Coopération agricole, elle appelait, dans un communiqué en début de semaine, Emmanuel Macron à « former, sans délai, un gouvernement de stabilité économique et d’intérêt général ». Ce nouvel exécutif devra être « capable de garantir un cadre budgétaire, fiscal et réglementaire sobre et cohérent, au moins pour les deux années à venir », espère l’organisation.
Dossiers en suspens
Dans le secteur agricole, plusieurs dossiers sont en suspens. En premier lieu, la négociation de la Pac post-2027 qui débute à Bruxelles, et pour laquelle la France n'avait pas encore arrêté de position de négociation approfondie – elle est en cours de finalisation, selon le cabinet de la ministre de l'Agriculture. Annie Genevard devait également lancer les conférences de la souveraineté alimentaire, finaliser les Assises du sanitaire en élevage, initier l'équivalent pour les filières végétales et présenter un plan pour les femmes en agriculture.
Reste aussi à faire paraître les textes réglementaires d'application de la proposition de loi Entraves (p.ex. ICPE, stockage de l'eau) et de la loi d'orientation agricole (p.ex. droit à l'essai). La ministre serait peut-être aussi revenue à la charge sur l'acétamipride, avec un projet de loi, à la suite de la censure du Conseil constitutionnel. Une proposition de loi sur le partage de la valeur dans l'agrivoltaïsme attendait également son examen à la rentrée, qui sera retardé.
Au ministère de la Transition écologique, le sujet brûlant des aires de captage pourrait être retardé ; le groupe national doit se réunir le 23 septembre. La Snanc (nutrition climat) est bloquée à Matignon, la PPE (énergie) et la SNBC (bas carbone) restent à paraître.
Enfin, la ministre du Tourisme devait lancer une mission parlementaire sur l'agritourisme, qui doit être confirmée.
D’après Agra