Société d’agriculture de la Loire : un lien vivant entre passé et avenir
Lundi 20 octobre était organisée l’assemblée générale de la Société d’agriculture de la Loire à Feurs. L’enthousiaste président, Fabrice Just, a mis en avant les actions conduites en 2024 et 2025, a présenté le nouveau logo de la structure et a dessiné les contours des opérations à venir.
La Société d’agriculture, industrie, sciences, arts et belles lettres de la Loire, un nom à rallonge qui peut paraître abstrait pour certains, a tenu son assemblée générale le 20 octobre à Feurs. Créée en 1786 à l'époque des sociétés savantes, son objectif était de diffuser le savoir, les connaissances scientifiques et le progrès auprès des agriculteurs. Aujourd’hui, elle se donne pour mission de faire le lien entre la société civile et le monde agricole. Un rôle pas toujours facile à expliquer lors des opérations de communication.
Néanmoins, les responsables de cette structure tiennent à reconduire chaque année leur présence à quelques manifestations ouvertes aux agriculteurs comme au grand public, à l’image de la Fête du charolais au Scarabée de Roanne/Riorges à l’automne ou le comice de Feurs au printemps. La Société d’agriculture tenait également un stand aux Journées de la fourme et des côtes-du-forez début octobre à Montbrison. Outre une présence affirmée sur le territoire, ces opérations sont l’occasion de mettre en avant la production littéraire du territoire. Cependant, « nous ne sommes jamais assaillis par les visiteurs, rapportait Fabrice Just, président de la structure. Nous n’avons rien à faire déguster, nous avons plutôt un côté décalé et notre structure a des contours difficiles à expliquer. Cela ne nous empêche pas de faire de belles rencontres. »
La présence aux journées de la fourme en est la preuve. « Des personnes s’intéressent encore aux sociétés savantes », assurait Fabrice Just. Les discussions ont notamment conduit à la vente de quatre exemplaires du livre Les semailles de la pensée, édité en 1998 par la Société d’agriculture et écrit par Jean Tibi. Cet ouvrage relate deux siècles de l’histoire agricole et industrielle de la Loire à travers la vie de cette structure. Faut-il le rééditer, sachant qu’il reste très peu d’exemplaires ? Faut-il numériser cet ouvrage pour le mettre à disposition d’un public spécifique (étudiants, chercheurs) ? Autant de questions qui sont restées en suspens lors de l’assemblée générale.
Pour renforcer son image, la Société d’agriculture a investi le réseau social Facebook depuis le début du mois d’octobre. A cette occasion, un nouveau logo a été créé, faisant allusion aux missions que se donne la structure, ainsi qu’à ses origines relatées dans Les semailles de la pensée.
Un film « Ocni »
Il y a trois ans, la Société d’agriculture s’est transformée en société de production du film Ceux qui nous nourrissent. Le comité de pilotage de ce projet s’est ensuite mué en un comité de promotion. Il a été efficace puisque ce documentaire sur les agriculteurs de la Loire a été vu par 10 000 personnes à ce jour. Il a été projeté dans des salles de cinéma du département et des cantons limitrophes, mais aussi de quelques villes françaises.
« Ce chiffre peut paraître peu élevé, mais le film se hisse sur le podium des trois documentaires les plus vus en France en 2024, assurait le président. Notre Ocni, Objet cinématographique non identifié, en a intrigué plus d’un pour diverses raisons » : il est auto-produit, grâce au soutien financier des OPA (Organisations professionnelles agricoles) et des collectivités locales ; il n’entre dans aucune case car il a pour seule vocation de faire réfléchir les spectateurs à partir de témoignages d’agriculteurs et ne porte pas de message politique. « Ce modèle n’existe pas ailleurs ; c’est pour cela qu’il alimente presque une suspicion chez nos interlocuteurs. »
Les responsables de la Société d’agriculture comptent bien sur la valorisation du film sous d’autres formes pour toucher de nouveaux publics. Des DVD ont été édités et mis en vente. Un livret pédagogique, qui correspond aux référentiels de l’enseignement agricole et de l’éducation nationale, a été créé pour toucher les établissements scolaires. Il est accompagné d’une version courte du film. « Chacun est invité à en faire la promotion auprès des professeurs et des directeurs. » Des discussions sont également en cours avec des télévisions locales pour la diffusion des portraits des agriculteurs individuellement.
A ce jour les recettes relatives au documentaire ne couvrent pas la totalité des dépenses. Les fonds propres, acquis de longue date grâce à la vente d’un immeuble dans le centre de Saint-Etienne, ont permis à la Société d’agriculture de se lancer dans cette aventure. L’argent encore placé offre la possibilité aux responsables d’élaborer quelques projets et d’envisager l’avenir sereinement.
« Le vieux revient au goût du jour »
Pour Fabrice Just, au regard de l’activité de la Société d’agriculture de ces derniers mois et dernières années, « le vieux revient au goût du jour. Je sens un regain d’intérêt sur l’origine et l’histoire de notre structure. Cela vaut probablement le coût d’explorer ce domaine. » Un nouveau film ? Un livre ? Toutes les idées sont bonnes à prendre. Une chose est sûre, les documents historiques de la structure sont consultables aux archives départementales et à la disposition de toute personne souhaitant investir le champ du patrimoine rural et agricole ligériens.
Le président souhaite que la Société d’agriculture persiste vers l’ouverture aux jeunes, mais aussi dans son rôle d’initiateur de débats. « Nous avons été beaucoup mobilisés par le film ces dernières années, mais nous nous devons de réinvestir ces domaines. »
Il a aussi pour ambition de « relancer la vie interne de l’association en misant sur la convivialité. Nous devons incarner notre société plutôt qu’elle reste uniquement immatérielle. »
La transition énergétique
La fin de matinée était consacrée à un échange autour des transitions énergétiques. « Ce sujet est dans tous les ministères, justifiait Fabrice Just. Ce n’est pas galvaudé de l’aborder aujourd’hui. » La parole était laissée à Alexandre Boucher, responsable du marché de l’agriculture au Crédit agricole Loire Haute-Loire. Il a présenté la démarche de Loire Haute-Loire Energie, structure née d’un partenariat inédit entre Eurea, Sicarev, le Crédit agricole et Ténergie en charge de l’accompagnement des agriculteurs ayant un projet photovoltaïque. Les trois coopératives sont des apporteurs d’affaires et Ténergie, « un des leaders français expérimenté dans l’énergie », gère le développement.
Alexandre Boucher en a profité pour présenter les dispositifs et les actions de la caisse de Crédit agricole dans le domaine des transitions. « Nous sommes persuadés que nous avons notre rôle à jouer auprès des agriculteurs. »
L’intervention a suscité de nombreuses interventions et questions sur le photovoltaïsme dans la Loire : expérimentations autour de l’agrivoltaïsme, position des OPA sur les projets de panneaux au sol ou encore possibilité d’installer des panneaux sur des retenues d’eau.