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Edition

Un livre pour mieux connaître l'histoire de Badoit

Le Baldomérien Yves Peycelon vient de publier un livre qui retrace l'histoire de Badoit, pour laquelle il a travaillé durant près de quatre décennies. Une bonne occasion de mieux connaître cette marque qui place la Loire sur des tables du monde entier.
Un livre pour mieux connaître l'histoire de Badoit

Souvent par humilité, parfois par méconnaissance, le Ligérien ne valorise pas toujours les formidables aventures entrepreneuriales nées dans le département. De façon non exhaustive, on peut citer pêle-mêle Casino, Obut, Desjoyaux, Angénieux, Sigvaris, Thuasne ou encore Focal. Depuis la fin d'année dernière, c'est le parcours de l'eau minérale qui jaillit à Saint-Galmier, déjà connue au temps des Romains et mentionnée dans ses écrits par Honoré d'Urfé, que l'on peut (re)découvrir à travers un livre : Badoit, une histoire pétillante. Yves Peycelon, son auteur, avait toute légitimité à plancher sur le sujet : Baldomérien de naissance, il a travaillé pour Badoit de 1961 à 1998. Comme avant lui son père, son grand-père et son arrière-grand-père !

 

Ce féru de patrimoine ne s'est toutefois pas contenté de se reposer sur ses connaissances, ses archives personnelles ou les anecdotes transmises par ses aïeux. « J'ai demandé l'autorisation à Franck Riboud (PDG jusqu'en 2014 du groupe Danone, auquel appartient Badoit, il en préside aujourd'hui le conseil d'administration) de pouvoir consulter les archives de Badoit avec l'objectif d'en écrire l'histoire, raconte-t-il. Il a accepté et j'ai retrouvé tous les comptes rendus de conseils d'administration et assemblées générales depuis 1858, l'année qui a suivi le décès de M. Badoit »

Un fermage en 1837

Des premières pages de ce livre construit de manière chronologique, il ressort justement une forme d'admiration pour Saturnin Joseph Auguste Badoit, dit Auguste Badoit (1796-1858). « Un homme exceptionnel », acquiesce Yves Peycelon : « A 41 ans, un âge avancé à l'époque, il a décidé de changer de vie en abandonnant son métier de courtier en soierie. M. Badoit s'est alors intéressé à l'eau et s'est tourné vers Saint-Galmier, où était né son père. » « Après délibérations du conseil municipal (...), Auguste Badoit signa, le 1er mai 1837 devant Me Adrien Dulac, notaire (et maire de Saint-Galmier), un bail à ferme, de dix-huit ans, de la source Fonfort, moyennant le paiement d'un fermage oscillant entre 1 750 et 2 350 francs annuels (selon les quantités puisées) », peut-on lire.

 

Miser sur des bouteilles de 90 cl plutôt que sur des bonbonnes, le transport en train depuis Veauche, où se développe une verrerie, l'apogée avant la Première Guerre mondiale, la fusion avec Souchon-Neuvesel qui devint ensuite BSN et aujourd'hui Danone... On laisse aux personnes intéressées le plaisir d'étancher leur soif en dévorant cet ouvrage coloré et agréable grâce à une maquette qui fait la part belle aux publicités à l'effigie de Badoit. « La "réclame", comme l'on disait autrefois », rappelle Yves Peycelon, fait d'ailleurs partie des marqueurs forts de l'identité de la marque, réputée pour sa créativité en ce domaine : « Il est mentionné dès 1880/1890 en conseil d'administration que faire moins de bénéfice et investir en publicité, c'est l'avenir. »

Une tradition sociale

L'aspect social reste aussi un volet important de l'histoire de Badoit. On l'a encore constaté récemment puisque c'est en son sein qu'a démarré ce qui est devenu en 2014 la loi Mathys. Une loi qui, rappelons-le, permet à un salarié de faire don de jours de repos à un collègue parent d'un enfant gravement malade. Cette démarche perpétue une tradition, selon Yves Peycelon, qui cite alors Stéphanie Badoit-Cherbouquet, fille d'Auguste Badoit et dont le mari a longtemps dirigé la société.

 

« Mme CherBouquet a toujours été très généreuse, précise-t-il. Elle donnait du charbon aux employés, la sécurité sociale a existé au sein de l'entreprise bien avant qu'elle ne soit généralisée, avec par exemple une indemnité journalière en cas d'absence au travail. Il existait aussi des pensions pour les morts au travail... De manière générale, les salariés ont toujours été très bien payés, le premier arrêt de travail n'est d'ailleurs intervenu que vers 1910 et n'a duré que deux jours. Cet esprit de partage social se retrouve encore aujourd'hui. Badoit est une société attachante. »

 

Une société qui, à l'entendre, entretient de bons rapports avec la municipalité de Saint-Galmier. Ce qui n'a pas toujours été le cas, apprend-on dans son ouvrage : « Si la source, ou plutôt les sources, et la ville (...) ont toujours été liées naturellement et économiquement, elles ne l'ont pas toujours été affectivement. Elles se sont disputées, arrangées, réconciliées puis à nouveau querellées et, enfin, associées. »

Franck Talluto
Badoit, une histoire pétillante, par Yves Peycelon, Les éditions du Mécène, 170 pages environ, 30 euros. Disponible à l'office du tourisme du Pays de Saint-Galmier.