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Saint-Galmier

Une foire de la Sainte Catherine entre tradition et défense de l’agriculture

Ce mardi 25 novembre, Saint-Galmier a accueilli la traditionnelle fête de la Sainte Catherine. Une édition marquée par un nombre important d’exposants mais aussi par l’absence des bovins et volailles et une baisse du nombre de visiteurs. 

Par Alexandra Blanchard-Pacrot
Une foire de la Sainte Catherine entre tradition et défense de l’agriculture
350 exposants étaient présents cette année pour la foire de la Sainte Catherine. ©PdL

« Trois euros, messieurs, dames, trois euros ! » ; « Approchez, approchez, venez goûter les saucissons ! » ; « Tout doit disparaître ! »... Dès le matin, les rues de Saint-Galmier se sont emplies des voix de stentor des forains de la Sainte Catherine, tous se concurrençant pour attirer le chaland ce 25 novembre. Hélas pour les organisateurs, entre la pluie et le fait que l’événement se tienne un mardi, les visiteurs étaient moins nombreux qu’à l’ordinaire. De quoi dépiter quelques exposants : « On sent bien que les gens ne traînent pas cette année. Si vous ajoutez en plus l’absence des bovins et des volailles... L’ambiance n’est vraiment pas la même », déplore l’un d’eux en réajustant son stand de textiles. Même son de cloche place de la Devise où l’un des apiculteurs présents déplore la baisse de badauds. « Ce n’est pas facile en semaine... La première fois où on a pris un stand, c’était un samedi et il y avait foule ! Nous réfléchirons peut-être pour l’an prochain... »


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Mais l’engouement reste de mise, route de Bellegarde, à proximité des chevaux de trait. Maryse, retraitée de Chazelles-sur-Lyon, est venue comme toutes les années, avec ses petits-enfants, dont les mains se perdent sur les naseaux des animaux. « Il n’est pas question de déroger à la tradition ! J’espère que Victor et Emma emmèront eux aussi un jour leurs propres enfants à la foire. » « Même si son esprit agricole s’étiole un peu avec le temps », regrette un agriculteur du Haut-Forez venu « pour voir ». Il faut dire que le boulevard Cousin semble bien triste sans les meuglements des vaches. Et ce, même si des démonstrations de matériel forestier ont pris le pas.

Absence d’animaux

Un constat dressé aussi avec colère par Philippe Denis, qui présidait sa dernière foire de la Sainte Catherine en tant que maire. « Contrairement à d’autres départements, la DDPP (Direction départementale de la protection des populations), fait preuve de beaucoup de rigueur et il est très compluqué d’avoir les autorisations pour exposer des animaux », a déploré l’édile, saluant l’investissement de son équipe et les partenariats noués au cours de sa mandature. Son adjoint aux foires et marchés, Guy Berne, n’a pu qu’approuver. « En 2020, ma mission était de ramener des animaux à la foire, et je crois avoir tenu ce pari puisqu’en 2021 et 2022, on en a compté environ 200. Les crises sanitaires se sont ensuite succédées et notre monde agricole y est vulnérable. Avec leur absence répétée, c’est une partie des valeurs de la foire qui s’en vont. Et je le regrette. » La voix emplie d’émotions, l’agriculteur retraité s’est malgré tout félicité du retour des chevaux de trait sous la mandature : « L’exposition est vraiment appréciée des visiteurs, et surtout des enfants. »


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Cette foire, qui se veut avant tout famililale, « existe et perdure parce que certains travaillent pour que ce soit le cas. Prenons des précautions pour que nos agriculteurs perdurent parce qu’ils nous nourrissent », a martelé Jean-Claude Flachat, représentant de Saint-Étienne Métropole (David Fara, vice-président en charge de l’agriculture pour SEM était excusé). Un avis partagé par Sylvain Dardouiller pour le Département de la Loire : « Nous avons beoin de notre agriculture. Et même si les animaux ne sont pas là, les agriculteurs, eux le sont. Il faut à tout prix conserver cette foire, comme celles de Cournon ou de Beaucroissant... » Pour la représentante de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, « on travaille pour garder notre agriculture et notre souveraineté agricole ».

La parole revient ensuite à Jean-Pierre Taite, député (LR) de la sixième circonscription de la Loire. L’élu souligne l’arrivée de la prochaine échéance électorale, les élections municipales qui interviendront au printemps 2026. « Lorsque j’ai reçu une délégation de jeunes agriculteurs à l’Assemblée la semaine dernière, je leur ai demandé s’ils étaient inscrits sur des listes ou s’ils en portaient. Aucun n’a dit oui. Et voilà le problème : sur 577 députés, seulement 11 sont inscrits à la MSA. Autrement dit, il n’y a plus d’agriculteurs dans l’Hémicycle. Or, ça commence aussi par là, par de l’investissement, d’abord dans des conseils municipaux, puis dans d’autres instances : il faut prendre la place pour ne pas perdre le monde agricole. »

Géraud d’Humières, sous-préfet de Montbrison, a conclu la cérémonie : « L’agriculture est un pilier de notre économie, créatrice d’emplois. Nous avons la chance d’avoir des exploitants et des producteurs qui assurent la qualité et la sécurité alimentaire de notre pays. La foire de la Sainte Catherine en est l’une des valorisations. Elle est un événement qui renforce les liens entre le monde rural et le monde urbain. »