FDSEA - JA
Ça s’est passé en avril

En 1884, une loi légalise les syndicats professionnels. De novembre 1943 à janvier 1944 sont constitués les comités qui deviendront les syndicats agricoles locaux. Quels événements ont marqué ces 140 ans, et plus spécifiquement ces 80 ans ? Focus, une fois par mois, sur les grandes étapes de l’histoire syndicale départementale. Cette semaine, les dates importantes d’avril.

Ça s’est passé en avril
Le 12 avril 2013, Xavier Beulin, président de la FNSEA, est présent à la manifestation à l’hippodrome de Feurs.

Le 3 avril, le ministre de l’Agriculture, Hervé Gaymard, se rend dans la Loire, et plus précisément dans le Pilat, pour aller à la rencontre des agriculteurs. Le rendez-vous est donné sur une exploitation laitière de Chuyer. Le président de la FDSEA, Raymond Vial, pointe du doigt la baisse du prix du lait, la suspension des CTE (Contrat territorial d’exploitation) pour mettre en place les CAD (Contrat d’agriculture durable) ou encore la pression de la grande distribution sur les agriculteurs. Il demande aussi le droit à l’erreur lors des contrôles réalisés par l’administration.

De son côté, le président de Jeunes agriculteurs Loire, Hubert Grayel, aborde le déblocage tardif des prêts pour les jeunes installés et les inquiétudes relatives à la réforme de la Pac. Il assure que l’installation des jeunes en agriculture est une priorité. Prenant la parole, le ministre, en fonction depuis mai 2002, tente de rassurer les responsables professionnels et les agriculteurs présents.

La journée se poursuit à Bessey pour échanger avec les arboriculteurs. Membre de la FNPF (Fédération nationale des producteurs de fruits), Daniel Rivory, aborde la difficile compétitivité en zone de montagne et la nécessité d’avoir des prix rémunérateurs. La FDSEA de la Loire revendique aussi un allègement des charges patronales. Cette visite est l’occasion d’inaugurer l’extension de la coopérative fruitière des Balcon du mont Pilat.

Forte mobilisation à Feurs

Le 12 avril 2013, autre lieu, autre responsable national, mais des revendications proches. Plus de 1 200 manifestants sont réunis à l’hippodrome de Feurs, à l’appel de la FDSEA et de JA Loire : agriculteurs, élus et représentants de structures partenaires de l’agriculture. A l’origine, cette date avait été choisie pour tenir l’assemblée générale de la FDSEA, en présence du président de la FNSEA, Xavier Beulin. Les responsables syndicaux transforment donc la réunion en une manifestation.

Vers 10 heures, plus d’une centaine de tracteurs, le plus souvent avec bétaillère, entrent dans la ville de Feurs, par les quatre points cardinaux. Le rendez-vous avec les autres manifestants, venus eux en voitures, est l’hippodrome. Vaches laitières, vaches allaitantes, moutons, chèvres, représentant les principales productions d’élevage du département, sont arrivés un peu avant sur l’esplanade. Les tracteurs sont conduits face aux tribunes, où prennent place les sympathisants FDSEA et JA.

L’appel à la mobilisation des réseaux FNSEA et JA est déclenché en raison du mécontentement des éleveurs laitiers se trouvant « pris en tenailles » entre un prix du lait qui baisse et des charges qui augmentent. La manifestation touche plus largement toutes les productions d’élevage et l’agriculture dans son ensemble. La distribution est dans le viseur des agriculteurs, qui refusent d’être « la variable d’ajustement » et demandent « des relations commerciales équilibrées ».

Xavier Beulin, présent à Feurs, intervenait : « Nous allons gagner la bataille de l’élevage en France. On ne peut pas demander toujours plus aux agriculteurs et ne pas donner les moyens pour aider l’élevage. » Pour le président de la FNSEA, cette mobilisation nationale doit être porteuse de messages à destination des pouvoirs publics et de la grande distribution. « Si nous voulons en France une agriculture équilibrée, diversifiée, qui fasse vivre les territoires, il faut que les paysans gagnent leur vie. Nous mettons l’accent sur le prix du lait, mais nous n’oublions pas les autres productions d’élevage. Nous avons la volonté de développer tout ce qui doit être structurellement porteur pour l’élevage. Comment traduire cela sur les prix ? Comment prendre en compte les charges ? »

Naissance du premier PAD

Dans le journal Paysans de la Loire du 5 avril 1996 sont présentées les grandes lignes du premier Projet agricole départemental (PAD) de la Loire. Il voit le jour à la suite de l’adoption de la loi de modernisation de l’agriculture le 1er février 1995, qui est considérée comme un acquis syndical, en instituant notamment la Commission départementale d’orientation (CDO). Elle définit les priorités de la politique d’orientation et prévoit l’élaboration d’un projet agricole départemental des production et d’aménagement des structures d’exploitation.

Aussi, à l’automne 1995, la FDSEA et le CDJA (Centre départemental des jeunes agriculteurs, ancien nom de Jeunes agriculteurs (JA)) de la Loire lancent le débat dans les cantons et dans les communes et une large consultation. C’est ainsi que le Projet agricole départemental voit le jour. Son ambition est de tracer la ligne directrice pour l’agriculture départementale pour les prochaines années. Le syndicalisme majoritaire veut un avenir agricole ambitieux, réaliste, volontaire et solidaire.

Abolition des quotas en avril 2015

Depuis 1er avril 2015, avec la fin des quotas, synonyme de gestion administrative des volumes de lait, la production laitière est libre en Europe. Plus aucun filet de sécurité ne la protège de la concurrence. Bien avant cette échéance, le syndicalisme majoritaire s’empare du sujet, qui préoccupe les producteurs, les acteurs de la filière et les responsables professionnels.

L’année 2013 est marquée par de nombreuses mobilisations du réseau FNSEA et JA (Jeunes agriculteurs) contre les laiteries et la grande distribution. Il dénonce une fixation du prix du lait par les entreprises sans concertation avec les producteurs et demande une hausse du prix, finalement obtenue le 26 avril. En fin d’année, la situation se tend à nouveau car les entreprises refusent une augmentation du prix du lait en conformité avec les marchés. Le début de l’année 2014 s’amorce avec une conjoncture favorable à la filière laitière française.

En parallèle, la FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait, association spécialisée de la FNSEA) travaille à la constitution des Organisations de producteurs (OP) et pousse les éleveurs laitiers livrant à une entreprise privée à intégrer une. Une OP a vocation à négocier les prix et les volumes via la contractualisation après l’arrêt des quotas. Les coopératives sont quant à elles considérées comme une OP, d’après le code rural, et leur règlement intérieur fixe les règles.

Après une augmentation de la production laitière mondiale et française en raison de prix favorables, 2015 commence avec une conjoncture difficile. Les responsables syndicaux misent sur la contractualisation à travers les OP pour assurer l’avenir de la production laitière. La fin des quotas laitiers s’annonce comme un défi pour la collecte en zones difficiles.

Lucie Grolleau Frécon