FDSEA – JA
Suspension des actions, le temps d’étudier les propositions

Comme beaucoup d’agriculteurs et de responsables professionnels, Maxime Brun et Paul Meunier, respectivement secrétaire général de la FDSEA et de JA Loire, ont écouté avec attention le discours du Premier ministre, hier après-midi. Alors que les barrages routiers ont été levés, un travail d’analyse des propositions et de concertation les attend.

Suspension des actions, le temps d’étudier les propositions
Le barrage à La Tour-de-Salvagny, sur l’A89, tenu par les Ligériens, a été levé hier soir. A Pierre-Bénite (également dans le Rhône), les agriculteurs, notamment de la Loire, sont sur le point de quitter les lieux.

Avec la levée des barrages routiers, le week-end à venir devrait être synonyme de repos pour les manifestants et les responsables professionnels de la Loire. Mais aussi, pour ces derniers, de réflexion et de concertation au sujet des mesures gouvernementales annoncées, avant d’entamer une nouvelle semaine de travail syndical, sous une autre forme que ces derniers jours.

Maxime Brun, secrétaire général de la FDSEA, était présent hier après-midi sur l’A89 avec ses collègues, à proximité de La Tour-de-Salvagny, dans le Rhône. « A l’annonce de la levée des blocages, personne n’était hostile. Les agriculteurs ont compris que les annonces du Premier ministre laissaient augurer des choses intéressantes. Nous n’avons pas cherché à vendre du rêve aux manifestants : nous leur avons expliqué que nous attendons désormais les notes plus précises du gouvernement pour les étudier. Les consignes ont été claires : si dans dix à douze jours rien n’est satisfaisant, nous repartirons en action. Beaucoup d’annonces ont été faites, de grands discours ont été prononcés, mais rien n’est très précis. Nous pourrons dire que nous avons obtenu des avancées seulement si ces points se concrétisent. »

Ainsi, dans la logique de ce qu’avaient demandé un peu plus tôt dans l’après-midi Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot, les présidents de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs (les grandes lignes de la conférence sont à retrouver ici), les responsables de la FDSEA et de JA Loire présents à La Tour-de-Salvagny ont demandé aux manifestants de quitter les lieux. « Des agriculteurs étaient motivés pour poursuivre l’action après les annonces du Premier ministre, relatait Paul Meunier, secrétaire générale de JA Loire. Il a fallu leur expliquer ce qui avait été acquis et qu’il était nécessaire de faire une pause pour étudier plus précisément les annonces. Ça va être le travail des responsables professionnels dans les prochains jours. »

Sur l’A7, à Pierre-Bénite (Rhône), où des agriculteurs de la Loire étaient également présents, il a été décidé de lever le blocage ce vendredi matin. « Le renouvellement des troupes était prévu pour la nuit », justifie Paul Meunier. De plus, « il n’était pas prudent de mettre les tracteurs sur la route en fin de journée, alors que le trafic est dense. » A noter que le vice-président du Conseil régional en charge de l’agriculture, Fabrice Pannekoucke, s’est rendu sur place en fin de journée pour échanger avec les agriculteurs.

Une mobilisation crescendo

Selon les deux responsables professionnels, « la mobilisation était à la hauteur de la colère des agriculteurs » et est allée crescendo au fil des jours, malgré la fatigue grandissante et le travail sur les exploitations, les confortant dans leur décision de bloquer les axes routiers. « Les adhérents ont bien compris que s’ils ne se bougeaient pas maintenant, nous n’arriverions jamais à obtenir des mesures », analyse Maxime Brun.

Paul Meunier tient d’ailleurs à remercier les adhérents FDSEA et JA pour leur mobilisation, ainsi que toutes les personnes qui se sont engagées dans ce mouvement, agriculteurs ou non. « C’est tout cet engouement pour soutenir la cause agricole qui a permis les avancées. » Et le jeune responsable de poursuivre : « On a vraiment senti qu’il y avait une réelle volonté de faire bouger les choses chez les manifestants. Il y a des années que les responsables professionnels alertent l’Etat, aux niveaux départemental, régional et national, sur de nombreuses problématiques. Ils annonçaient depuis longtemps de grosses mobilisations. Quand on entend les médias dire que nous nous mobilisons depuis dix jours, ce n’est pas vrai. Il y a des années et des mois que nous tirons la sonnette d’alarme et que nous agissons. Le mouvement actuel a commencé à l’automne dernier avec le retournement des panneaux d’entrée de ville et les visites dans les grandes surfaces. »


 "Les agriculteurs nous ont tous dit qu’ils étaient prêts à se remobiliser si besoin."


« Conduire des actions propres, où rien n’est dégradé, a été apprécié de nos adhérents, signale Maxime Brun. Ils ne sont plus dans une optique de tout casser. C’est ce qui fait la force des réseaux FNSEA-JA. » « Nous avons réussi à conduire des actions fortes, sans débordement, abonde Paul Meunier. Même si certains auraient voulu aller plus loin, nous leur avons expliqué que nous voulions des mobilisations calmes. Ils ont été compréhensifs. »

L'ensemble des articles qui ont été publiés ces derniers jours au sujet de la crise agricole sont à retrouver ici.

Réactions aux annonces du Premier ministre

Le responsable de la FDSEA de la Loire rapporte que « la semaine dernière, les agriculteurs ont été très frustrés des annonces du Premier ministre. Ils n’ont pas apprécié la forme utilisée, dans une ferme. Ils l’ont jugée trop décontractée. Le discours plus solennel d’hier a été plus apprécié, car jugé plus sérieux. » Les annonces faites hier sont à lire en cliquant ici.

Il retient plusieurs points intéressants des propos de Gabriel Attal : « l’enveloppe dédiée à l’élevage est un bon point. Il faut voir ce qu’il y a derrière : du fiscal ? du social ? » Les annonces sur le GNR ont été appréciées : « Les agriculteurs n’auront plus besoin d’aller sur la plateforme Chorus pour demander le remboursement. L’aide sera directement déduite sur la facture. C’est très bien car beaucoup d’agriculteurs ne prenaient pas la peine de faire la démarche. »  Quant à la pause sur le Plan Ecocphyto, « faut-il lire entre les lignes que le CSP (Conseil stratégique phyto) est suspendu ? Beaucoup d’agriculteurs ne comprenaient pas son utilité. C’est également important de conserver les acquis, comme par exemple la revalorisation du seuil du micro-BA ou sur les plus-values. Toutes ces mesures mises bout à bout, si elle se concrétisent, devraient représenter un montant intéressant pour les agriculteurs. » Maxime Brun reste sceptique quant à la loi Egalim : « Ce n’est pas la multiplication des contrôles qui feront augmenter les prix de vente dans les fermes. » De même pour les mesures liées à des décisions européennes.

Paul Meunier était sur son exploitation au moment du discours de Gabriel Attal, après avoir passé plusieurs heures sur le barrage de La Tour-de-Salvagny. En l’écoutant, « je me suis dit que des choses pourraient bouger. Je suis malgré tout resté méfiant car il nous faut plus de précisions et un calendrier. » Le responsable JA estime que les mesures annoncées « devraient faire avancer les choses, y compris sur le renouvellement des générations en agriculture. JA va continuer à travailler sur ce dossier. S’il manque des éléments, nous ferons des propositions, encore et encore ».

Travail avec les services de l’Etat

Dans les prochains jours, les réseaux FDSEA et JA doivent travailler avec les services départementaux de l’Etat pour approfondir les sujets, notamment dans le domaine de la simplification. « Si nous voyons que nous nous sommes faits “enfumer“, nous repartirons en action», assure Maxime Brun.

 A l’heure où cette interview est réalisée, aucun rendez-vous n’avait été pris. Les responsables attendent une consultation au sein des réseaux FNSEA et JA, à chaque échelon. Ce n’est qu’ensuite qu’ils feront des propositions communes aux services de l’Etat ligérien, en lien avec les demandes du terrain.

Lucie Grolleau Frécon