Robert Duclos
Acteur de la politique en faveur de la montagne

Ancien responsable de la FDSEA et président de la Chambre d’agriculture de la Loire de 1974 à 1994, Robert Duclos a été responsable du groupe montagne à la FNSEA. Il témoigne de l’avènement de la politique de la montagne.

Acteur de la politique en faveur de la montagne
Robert Duclos, agriculteur à Marcoux engagé syndicalement dans le réseau FNSEA, a beaucoup œuvré pour faire émerger une politique agricole de montagne. ©LGF

En 1968, alors membre du conseil d’administration de la FNSEA, Robert Duclos se voit confier par Michel Debatisse (président) la responsabilité de constituer un groupe « Montagne » au sein de l’instance. Objectif : tenter d’obtenir une politique agricole spécifique. Afin de recueillir les revendications, des réunions par massif sont organisées. « Cette première tournée fût très éclairante, montrant la diversité des situations, mais aussi très déprimante, faisant réaliser l’étendue du désastre », explique le Ligérien dans son livre De la pioche à internet.

L’année 1970 est consacrée à lister les doléances et à « définir les grands axes de ce que pourrait être une politique de montagne ». Une deuxième tournée des massifs est entreprise en 1971. « Il y avait foule dans nos réunions, les revendications fusaient, l’impatience grandissait », écrit Robert Duclos. Après avoir conquis l’opinion publique, il reste à convaincre les responsables politiques.

L’idée d’un congrès des agriculteurs de montagne fait son chemin et se concrétise les 6 et 7 octobre 1972 à Clermont-Ferrand. « On était 1 200 alors que la salle était prévue pour 600 ou 700 personnes, a raconté Robert Duclos lors de l’interview accordée à Paysans de la Loire à l’occasion des 100 ans des chambres d’agriculture en 2024. Il y avait une sacrée ambiance. Nous savions ce que nous voulions : une politique globale de soutien à l’agriculture de montagne. Les services de Jacques Chirac [ministre de l’Agriculture, NDLR] lui avaient préparé un discours qui ne correspondait pas du tout à nos revendications. J’étais à la tribune pour exposer nos propositions et je le voyais qui transpirait. Il avait un papier, où il rayait des paragraphes. A un moment, il l’a pris et mis dans sa poche. Au micro, il a repris nos propositions et nous a assurés qu’il s’en occuperait. »

Jacques Chirac donne rendez-vous à la Conférence annuelle de septembre 1973 « pour passer en revue les problèmes ». Pour la préparation de cette réunion entre le ministère et les organisations agricoles, « nous avons travaillé étroitement avec les services de Jacques Chirac et lui-même ». En 1974, des mesures en faveur de l’agriculture de montagne s’appliquent alors.

Des structures de massif se mettent en place. Naturellement, en 1974, Robert Duclos devient président du Sidam, regroupant les chambres d’agriculture et le syndicalisme du massif Central. A l’échelle nationale, les représentants des massifs font tout pour que la France se dote d’une politique globale dédiée à la montagne, « les mesures agricoles n’étant pas suffisantes pour maintenir une montagne habitée et vivante, raconte Robert Duclos dans son livre. Dans le même temps, nous poussons à la création de groupes “ Montagne “ à l’Assemblée nationale et au Sénat. En 1984, sort le rapport Besson, qui se traduit par l’adoption, à l’unanimité, de la loi Montagne en 1985 ».

En 1993, Robert Duclos accepte la présidence d’Euromontana, avec pour mission de dynamiser ce groupe européen et de travailler sur une politique de montagne européenne.

Lucie Grolleau-Frécon