La Chambre d’agriculture de la Loire et Loire conseil élevage proposent un suivi hebdomadaire de la croissance de l’herbe pour aider les éleveurs ligériens à bien maîtriser le pâturage et la récolte de l’herbe. Voici le bulletin du 1er avril.
A retenir pour cette semaine : ces derniers jours ont été marqués par une alternance de journées ensoleillées et d’averses massives, parfois problématiques pour la portance des prairies (mises à l’herbe retardées ou deuxième cycle de pâturage freiné). Pour les deux prochaines semaines, cette météo devrait devenir plus sèche (à confirmer), mais avec des températures très douces. La hausse attendue des températures moyennes journalières, à près de + 14°C/j (base 0), devrait provoquer un premier pic de croissance de l’herbe des prairies temporaires comme permanentes. Leur cycle végétatif risque de s’accélérer fortement. En zones de plaine, côteaux et même de montagne, il est conseiller d’adopter dès à présent sa stratégie de plein pâturage : optimisation de la consommation en herbe pâturée et planification des débrayages. La sévérité du pâturage et les décisions de ces prochains jours conditionneront la pérennité du pâturage printanier 2024.
Repères des sommes de températures :
- mise à l’herbe : urgente si pas déjà réalisée. Entamer la pleine période de pâturage afin d’atteindre le niveau de consommation visé maximum en herbe pâturée.
- ensilage RGI précoce : à partir de 450-500°C ;
- ensilage prairies multi-espèces : 750 à 900°C.
Les sommes de températures depuis le 1er février et le cumul pluviométrique sur le mois de mars dans le département sont les suivantes (source Infoclimat / Météo France au 30/03/2024) :
- Bard, 407°C, 70 mm ;
- Noirétable, 430°C, 124 mm ;
- Saint-Sauveur-en-Rue, 419°C, 240 mm ;
- Violay, 418°C, 75 mm ;
- Chazelles-sur-Lyon, 459°C, 63 mm ;
- Fourneaux, 499°C, 93 mm ;
- La Valla-en-Gier, 482°C, 210 mm ;
- Panissières, 467°C, 67 mm ;
- Saint-Georges-en-Couzan, 453°C, 80 mm ;
- Balbigny, 532°C, 70 mm ;
- Nandax, 526°C, 92 mm ;
- Pélussin, 556°C, 236 mm ;
- Savigneux, 500°C, 64 mm ;
- Veauchette, 523°C, 74 mm.
A faire prochainement : l’atteinte de cumuls de températures à 450-500°CJ (cumuls depuis 01/02, base 0) prévue ces prochains jours sur l’ensemble des secteurs de plaines et coteaux signe l’apparition de RGI au stade épi 10 cm, voire stade épi 25 cm. Dans un objectif de récolte de RGI première coupe lactogènes, sucrés et encore concentrés en MAT soluble, ne pas hésiter à observer les plantes (notamment variétés précoces et semi précoces d’épiaison) ces tout prochains jours, à en estimer le potentiel de rendement après récolte et à programmer les dates de chantiers de récolte rapidement. En effet, l’avancement très rapide des cumuls de températures, avec des fenêtres météo ensoleillées plutôt brèves, risquent de limiter les créneaux favorables à l’ensilage de RGI lactogènes. Au-delà du stade épi au second nœud, le gain potentiel de rendement jusqu’au stade gonflement de la gaine est faible. Par contre, à ce stade, la valeur alimentaire, notamment énergétique, tend déjà à s’éroder.
Suivi de la croissance de l’herbe dans plusieurs exploitations du département :
- Saint-Héand (575 m) : 10 cm ; 30,2 kg de MS/ha/jour ;
- Soleymieux (630 m) : 9,1 cm ; 33,5 kg ;
- Périgneux (680 m) : 8,7 cm ; 27,7 kg ;
- Essertines-en-Chatelneuf (800 m) : 7,2 cm ; 8 kg ;
- Saint-Bonnet-le-Courreau (1 070 m) : 8,4 cm ; 13,5 kg ;
- Champoly (660 m) : 9,5 cm ; 25,7 kg.
- Saint-Marcel-de-Félines (490 m) : 9,3 cm ; 29,4 kg ;
- Violay (700 m) : 8,9 cm ; 24,4 kg ;
- Violay (720 m) : 10,1 cm ; 38,6 kg.
Du côté de la technique : au vu de l’accélération des cumuls de températures et de l’explosion des croissances d’herbe, plusieurs leviers méritent d’être actionnés afin d’optimiser au maximum l’herbe au pâturage (à nuancer selon objectifs de chacun, non exhaustifs) :
- privilégier absolument des hauteurs d’entrée sur paddocks/parcelles entre 9 et 11 cm maximum (quelles que soient les filières animales) ;
- généraliser des hauteurs de sortie à 5,5-6 cm (4 cm en ovins) : au-delà, ne pas hésiter à faucher assez ras les refus dès la fin du premier cycle (7-8 cm), voire précocifier le délai de retour sur cette parcelle. Le passage de lots de vaches taries ou génisses derrière les vaches a souvent tendance à accentuer l’hétérogénéité de hauteurs du couvert prairial (sous-pâturage des refus, surpâturage) et donc « fatigue » précoce des prairies.
- réduire la durée totale du cycle de pâturage tournant selon le niveau de consommation en herbe des animaux : de 15 à 28 jours.
- réfléchir aux parcelles à débrayer dès à présent, avec fauche conseillée si possible de mi à fin avril, sur les secteurs à moins de 800 m d’altitude (à nuancer selon les exploitations)
Augustin Gravier, Chambre d’agriculture de la Loire
Stéphane Laurent, Loire conseil élevage
