Association ConservaTerre
Limiter le travail du sol tout en favorisant l’autonomie fourragère

Des représentants de l’association ConservaTerre (Rhône), labelisée GIEE, témoigneront de leur expérience en matière de limitation du travail du sol lors de la journée technique « Cultivons le potentiel de nos sols » du 15 juin, organisée par la Chambre d’agriculture de la Loire. Découverte de la démarche de ces agriculteurs avec leur président, Denis Bouchut.

Limiter le travail du sol tout en favorisant l’autonomie fourragère
A chaque visite d’essai chez un adhérent, les agriculteurs de l’association ConservaTerre ont pris l’habitude d’étudier le sol de la parcelle.

Les terrains de l’exploitation de Denis Bouchut (1) et ceux de ses collègues de l’association ConservaTerre sont sensibles à l’érosion. « Limiter l’érosion est vraiment la base de notre démarche. Notre volonté est de conserver la couche de matière organique sur nos parcelles pour préserver le capital de nos sols. » Le président de l’association ajoute : « Nous voulons aussi faire travailler les racines des plantes plutôt que la ferraille de nos outils pour favoriser un sol structuré, c’est-à-dire mettre en terre une graine dans un sol ayant une bonne structure et sans avoir fait des heures de travail avec notre matériel. Derrière, il y a aussi l’impact carbone. »

Tout a commencé en 2017 avec une démonstration de semoirs sur l’exploitation de Denis Bouchut. 70 personnes étaient présentes. « A la suite de cette journée, nous étions quatre agriculteurs intéressés par la problématique du sol, raconte l’éleveur des monts du Lyonnais. Chacun d’entre nous avait déjà mené des essais chez lui. Nous nous sommes retrouvés pour entamer des réflexions sur la simplification du travail du sol. Nous avons été encadrés par la Chambre d’agriculture du Rhône. »

De 2017 à 2020, les agriculteurs ont conduit ensemble des essais sur les couverts et sur les semis sous couvert. « Notre objectif était double : l’expérimentation, mais aussi la formation. Travailler en groupe limite la prise de risques, mais permet aussi de bénéficier d’une certaine dynamique et d’échanger. Le groupe nous a permis d’avancer ensemble, que ce soit pour le programme de formations que pour les essais, mais il laisse aussi la possibilité à chacun d’avancer à son propre rythme selon ses objectifs et ses possibilités. »

De l’association au GIEE

Pour formaliser ce groupe, l’association ConservaTerre des monts du Lyonnais avait été créée. Elle a ensuite été labelisée GIEE à l’automne 2020. « Etre reconnu GIEE permet d’accéder à des financements supplémentaires pour nos projets. C’est aussi avoir un groupe identifié qui légitimise notre travail. » L’association regroupe désormais 14 exploitations, principalement des élevages laitiers. Trois d’entre elles sont arrivées après la constitution du GIEE. Elles ne peuvent pas participer au GIEE, mais elles bénéficient malgré tout du travail du groupe.

Deux grands axes de travail ont été définis pour le GIEE, pour un programme sur trois ans : autonomie alimentaire des systèmes fourragers ; limitation du travail du sol avec la volonté d’utiliser le moins possible d’intrants et de limiter l’érosion des sols. «Ces axes de travail sont dans la continuité de ce que nous avions lancé avant. »

« Une fois pas an, nous faisons un point sur les formations que nous aimerions faire dans l’hiver et sur les essais que nous voudrions mettre en place, explique Denis Bouchut. Nous bénéficions de l’accompagnement d’une animatrice, une technicienne de la Chambre d’agriculture. Son travail est financé en partie par des fonds Vivea et par le GIEE. »

L’ensemble du travail conduit par ce groupe d’agriculteurs est partagé avec la Chambre d’agriculture et avec d’autres groupes du département, et inversement. « L’objectif est vraiment que tout le monde puisse avancer ensemble sur la même problématique, sans qu’il y ait de doublons. Nous avons la chance d’avoir plusieurs partenaires qui nous entourent. Notre collaboration apporte des choses concrètes. C’est une chance ! »

Le GIEE ConservaTerre a plusieurs essais en cours :

- « les méteils d’hiver vont être récoltés (ndlr, et le sont sûrement à l’heure de la rédaction de cet article). Des pesées ont été réalisées dans les parcelles. » 

- des essais de semis de maïs sont comparés : semis direct et semis en technique culturale simplifiée.

Journée technique du 15 juin

Des agriculteurs de l’association ConservaTerre présenteront leur démarche et les premiers résultats de leur travail lors de la journée « Cultivons le potentiel de nos sols », organisée par la Chambre d’agriculture jeudi 15 juin à Sury-le-Comtal.

Lors de la journée technique dédiée au sol, quatre ateliers seront programmés :

- repenser son système d’élevage pour limiter le travail du sol et l’usage du glyphosate dans un contexte d’autonomie fourragère fragile et d’érosion fréquente : résultats d’essai du secteur Entre Loire et Rhône ; GIEE ConservaTerre ;

- repenser son système d’élevage pour développer les couverts restitués au sol et améliorer la fertilité du sol : témoignage de Rémi Baudet (la journée se déroule sur son exploitation) ;

- observer son sol pour décider de son itinéraire technique : Nicolas Courtois, spécialiste de l’agriculture de conservation, A. C. Agro ;

- détruire un couvert sans glyphosate : présentation de matériels par la FDCuma de la Loire.

Pour respecter les gestes barrières et limiter le nombre de participants à chaque atelier, les quatre ateliers seront proposés le matin et à nouveau l’après-midi (9h30 à 12h30 et de 13h30 à 16h30). Pour organiser au mieux la venue des visiteurs dans des conditions sanitaires satisfaisantes, la Chambre d’agriculture de la Loire les invite à s’inscrire soit le matin, soit l’après-midi, via son site internet ou via le coupon réponse qui a été diffusé dans le journal de la semaine dernière.

 

Lucie Grolleau Frécon

 

(1) Denis Bouchut est installé en individuel sur une exploitation de Saint-Martin-en-Haut (69) avec 45 vaches laitières et 34 ha, avec irrigation. Il fait partie des agriculteurs à l’origine de l’association ConservaTerre, dont il est président.